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Burkina : L’agroécologie, une solution à la dégradation des sols

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La désertification et la dégradation des sols sont des maux qui menacent de plus en plus le Burkina. Ces fléaux hantent chaque année les agriculteurs qui se retrouvent avec des récoltes de moins en moins abondantes. L’agroécologie se présente comme une solution à cette menace à l’origine de l’insuffisance alimentaire 

Par Prisca Konkobo 

Le Burkina est un pays sahélien au climat semi-aride, confronté à des conditions météorologiques difficiles. La désertification et la dégradation des sols prennent de plus en plus de l’ampleur au pays des Hommes intègres.

« 34% du territoire national, soit 9 234 500 ha des terres agricoles sont dégradés, avec une progression estimée à environ 105 000 à 250 000 ha par an ces 10 dernières années», selon un article de SOS Sahel publié le 27 octobre 2020.

Cette dégradation des sols cause la diminution des récoltes et des difficultés à cultiver certaines espèces. Heureusement, l’agroécologie permet de restaurer des terres défraîchies. Ousséna Kabré, technicien d’agriculture, consultant en agroécologie et producteur, l’a bien compris. Dans sa ferme mise sur pied avec un associé, située dans la commune de Loumbila à plus d’une vingtaine de kilomètres de la capitale Ouagadougou, ce passionné de la terre ne jure que par les méthodes naturelles.

Il est 9h ce 17 juillet 2024 quand nous arrivons dans la ferme dénommée Protect nature. Nous le retrouvons bottes aux pieds, bonnet sur la tête, assis sur un banc. Après l’eau de bienvenue, Oussena Kabré nous fait visiter sa ferme, nouvellement acquise, dénudée et pleine de cailloux. Il est difficile d’imaginer que des plantes sortiront de « cette terre ». Cependant, Oussena Kabré sait comment le faire.

« Ici, tout est bio et fabriqué avec des partenaires. Nous utilisons les techniques de cordons pierreux, les demis lunes, les techniques de zaï, le compostage. Les fertilisants sont naturels et les répulsifs aussi », nous explique-t-il tout en montrant la partie fraîchement semée la veille.

Une partie de la ferme fraîchement semée la veille
Une partie de la ferme fraîchement semée la veille

Ils fabriquent eux-mêmes leurs fertilisants. « Un paysan qui n’est pas capable de produire ses propres bio intrants est un esclave de l’agriculture. Nous devons être autonomes, produire nos propres intrants et nourrir les plantes et récupérer les terres dégradées », déclare-t-il.

Au nombre des fertilisants utilisés dans la ferme, Ousséna Kabré cite « le bokachi, le compost aérobie, le super magro liquide et solide, engrais liquide bio et les extraits de feuille de moringa ». « Nous varions les engrais car les plantes aussi ont besoin qu’on varie leur alimentation », ajoute-t-il.

Préservation de la biodiversité 

L’agroécologie a pour avantage majeur la préservation de la biodiversité. Les engrais et répulsifs étant naturels, ils ne tuent pas les mico-organismes qui contribuent à la fertilisation du sol.

« Nous préservons les vers de terre, les termites, etc., ici car ce sont eux qui contribuent à perforer le sol pour que l’eau et l’air puissent bien s’infiltrer. En tuant ces animaux, on appauvrit le sol car il n’y a pas de micro-organismes dans le sol ». 

1 mois après notre visite, les plants du champ de maïs de la ferme Protect nature ont bien poussé malgré l’irrégularité des pluies. Pour les producteurs, rien n’est étonnant. « La terre ne ment pas mais il ne faut pas tricher. L’agroécologie est la solution. Elle peut contribuer à lutter contre l’insuffisance alimentaire », explique Ousséna Kabré.

La plants de maïs à la date du 28 août
Les plants de maïs à la date du 28 août 2024

Yelemani, une doyenne dans l’agroécologie 

L’expérience de la ferme Protect nature, la ferme Yelemani l’a vécue il y a plus d’une dizaine d’années. A une vingtaine de kilomètres de la capitale, à Loumbila, Yelemani a pris l’initiative en 2011 de récupérer deux hectares de terre totalement dénudés à l’époque.

«Ce sont les terres d’une famille de Loumbila. A un moment donné, ils ont trouvé qu’elles n’étaient plus productives. Ils voulaient abandonner et aller ailleurs. C’était totalement lessivé. Il y avait plein de latérite. Il n’y avait rien (…). En une année, on a essayé avec le compost, du fumier, de mettre des arbres fertilitaires pour récupérer ces terres », explique Blandine Sankara, coordonnatrice de Yelemani

Blandine Sankara, coordonnatrice de Yelemani 
Blandine Sankara, coordonnatrice de Yelemani

Dix ans après, on peut dire sans crainte que le pari est totalement réussi. La ferme Yelemani produit des céréales et des légumes qu’elle revend. Elle fait même de la transformation avec certains produits. La ferme offre également des formations en agroécologie.

Une vue partielle de la ferme Yelemani
Une vue partielle de la ferme Yelemani

L’agroécologie, un moyen de préserver l’environnement 

Face aux menaces pesantes de la dégradation des sols, l’agroécologie s’impose comme une solution. C’est, du moins, ce que pense Léon Tiendrebeogo, responsable de la production à Yelemani.

« C’est parce qu’on a abandonné l’agroécologie qu’on se retrouve aujourd’hui avec des terres dégradées et dénudées, très difficiles à produire. Avant, on n’utilisait pas les herbicides mais on produisait bien et on mangeait bien. Si les paysans se donnent la main pour adopter l’agroécologie, on va restaurer les sols et on pourra produire des denrées alimentaires de qualité », déclare-t-il.

Léon Tiendrebeogo, responsable de la production à Yelemani.
Léon Tiendrebeogo, responsable de la production à Yelemani

Même son de cloche chez Moussa Ouédraogo, chef de zone de l’agriculture de Loumbila. Il affirme que l’agroécologie est une politique du ministère en charge de l’agriculture qui a initié plusieurs projets dans ce cadre. Ce type d’agriculture a des avantages considérables, dit-il . « Ça favorise la fertilisation des sols, joue sur les rendements, améliore la santé humaine car c’est de la production bio. Ça permet également de maintenir la fertilisation des sols », fait savoir M. Ouédraogo.

Les producteurs ont adhéré à l’agroécologie, dit-il. « Chaque année, on forme à Yelemani ici une trentaine de producteurs».

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