La survenance des coups d’État au Mali, Burkina et au Niger annonce une révolution tournée vers le progrès qui prépare le Sahel du futur, avec entre autres, la création de l’Alliance des États du Sahel, le 16 septembre 2023. C’est du moins, ce que les transitions militaires de ces pays tentent de distiller dans l’opinion à travers des actes qu’elles posent.
Par Fred Ido
Les pays du Sahel s’organisent mieux pour affronter le terrorisme et se prémunir contre toute agression dans leur nouvelle marche vers l’indépendance économique et politique. Dans cette perspective, en plus des liens diplomatiques mis à rude épreuve avec l’ancien et emblématique partenaire, la France, ils viennent de créer l’Alliance des États du Sahel.
C’est un regroupement des pays qui ont en partage les mêmes difficultés, notamment le terrorisme et dans cette perspective, ils développent un panafricanisme qui veut qu’ils unissent leurs forces pour faire face à l’ennemi commun qui est les groupes armés mais aussi la France.
L’Alliance des États du Sahel serait donc la réponse endogène à la crise sécuritaire hormis toute intervention de l’extérieur. La zone des trois frontières donne pompeusement son nom à ce document intitulé « La Charte du Liptako-Gourma » qui a institué l’Alliance des États du Sahel. Elle est longue de 1000 kilomètres et est marquée par une concentration de menaces sécuritaires diversifiées.
Ce qui rend amorphe les organisations sous régionales et africaines, ce sont les cotisations. La mémoire collective se rappelle encore du G5 Sahel qui, du fait de la mauvaise volonté des pays membres, a été récupéré par la France qui doit aider à mobiliser des milliards pour son opérationnalisation.
Les « petits » présidents dont les pays sont membres de l’organisation ont fait profil bas et la conclusion est que le G5 Sahel est mort de sa plus belle mort. Dans l’article 10 de la Charte du Liptako-Gourma, il est donné de lire : « le financement de l’Alliance est assuré par les contributions des États Parties ». S’il est ainsi compris, il est permis de rêver de voir l’Alliance pérenne.
Au cas où ses géniteurs attendraient un quelconque soutien financier de la Russie ou d’un des nouveaux partenaires, il ne serait pas surprenant que cette alliance connaisse le même sort que toutes les précédentes initiatives dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Certes, la création de l’Alliance est noble mais elle amène à se poser des questions qui fâchent. Qu’en sera-t-il des élections ? Le capitaine Ibrahim Traoré devrait organiser les élections en juillet 2024. Au Mali, Assimi Goita doit céder son fauteuil à un civil en février 2024. Rien ne garantira la survie de l’Alliance des États du Sahel avec l’arrivée au pouvoir de ces nouveaux présidents « démocratiquement » élus.
Ou alors la démocratie est mise entre parenthèse pour toujours. Ou donc, comme certains analystes le disent déjà, il est temps que l’Afrique crée sa voie de développement avec une démocratie endogène.
Tout compte fait et au regard de la détermination de ces militaires au pouvoir, c’est parti pour ne pas s’arrêter de si tôt. Et si seulement le peuple soutient et en phase avec ses dirigeants, le boulevard est tout ouvert pour les transitions militaires.
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