Trois jeunes femmes, passionnées de soudure métallique, sont en stage de perfectionnement dans divers ateliers de la ville de Ziniaré, province de l’Oubritenga au Burkina. Mais chacune se retrouve unique femme au milieu de jeunes hommes dont certains sont également en apprentissage. Découverte.
3 femmes dans un métier réservé aux hommes : la soudure métallique. Malgré certaines difficultés, Honorine, Pélagie et Ruth ne baissent pas les bras.
Déterminées, elles rêvent de parachever leurs apprentissages et de créer, à l’avenir, leurs propres entreprises. Mais qui sont-elles ?
Honorine Sawadogo, âgée de 24 ans, est mariée et mère d’un garçonnet. Sa scolarité s’est limitée à la classe de cours moyen première année de l’école primaire.
Quant à Pélagie Sawadogo, elle a 20 ans. Elle est fiancée et ses études se sont limitées à la classe de 6e du collège.
Et Ruth Zongo, 21 ans, titulaire d’un Brevet de qualification professionnelle (BQP), a échoué à deux reprises à l’examen du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) du secondaire.
Formation et motivation
Honorine et Pélagie sont issues d’un centre d’apprentissage. Ruth, quant à elle est formé au Centre de formation professionnelle de référence de Ziniaré (CFPRZ).
Pour la plus âgée, Honorine Sawadogo, le coût de sa formation s’élève à 150 000 F.CFA à raison de 75 000 F. l’an durant deux ans. « Je l’ai assuré moi-même » dit-elle en hochant la tête.
Chez la plus jeune, Pélagie Sawadogo, les frais ont été versés par une association de bienfaisance.
De son côté, Ruth Zongo indique que « c’est son oncle qui les a payés.» Dans leurs différents lieux de formation, elles révèlent, chacune, avoir été l’unique fille dans cette filière.
Les choix de ces filles sont personnels et elles disent les assumer. Honorine fait son stage au secteur 4 de Ziniaré, quartier Guiloungou, situé à 5 km de Koassanga son village.
Elle rallie quotidiennement son lieu de stage à vélo, avec son garçonnet de deux ans et demi qu’elle emmène.
« Il y avait d’autres métiers mais j’ai retenu celui-là. » explique-t-elle. Elle poursuit confiante : « J’ai trouvé le métier plaisant et passionnant. J’ai estimé que je réussirai dans ce domaine plus tard ».
A la fin de sa formation en 2018, elle avait bénéficié de matériels, don d’une association. « Mais, du fait de manque de frais d’installation, elle n’avait pas pu ouvrir d’atelier.» déplore-t-elle.
Quant à Pélagie Sawadogo, résidente du secteur 1 de Ziniaré, elle affirme maîtriser déjà le métier. Le manque de commandes la décourage, estime-t-elle. « Au début, mes parents étaient inquiets sur mon choix» dit-elle.
Des garçons qui apprenaient avec elles ont déjà abandonné ajoute-t-elle avant d’affirmer: « Je voulais exercer un métier d’homme, voilà pourquoi, j’ai opté pour la soudure. »
Selon Ruth Zongo, son choix a été simple : « En voyant les soudeurs travailler, cela me donnait l’envie et le plaisir de découvrir leur métier.»
Des témoignages…
Wendingoudi Zoungrana est l’oncle de Ruth Zongo. C’est lui qui a assuré les frais de formation de sa nièce. Il l’encourage à persévérer. « C’est son choix. On a confiance qu’elle réussira. C’est pourquoi je l’ai accompagnée », explique-il.
Pour Pascal Sawadogo, chef d’atelier, l’apprentissage de Pélagie Sawadogo se déroule depuis deux ans. « Elle est curieuse et apprend bien. Elle arrive déjà à fabriquer quelques objets », apprécie-t-il.
Au début, les jeunes femmes subissaient les moqueries des hommes.
Leurs décisions ont connu des critiques et des oppositions. « 70% des gens qui apprenaient mon choix de la soudure s’y opposaient » raconte Ruth Zongo.
Selon Pélagie Sawadogo, certains élèves curieux qui les voient travailler se moquent d’elles tandis que d’autres les encouragent.
Mais aujourd’hui, elles disent que ces mêmes personnes les admirent et les regardent comme des curiosités.