Au deuxième jour du Forum sur le financement du contenu local dans les mines au Burkina, organisé par la Chambre des mines, les acteurs du domaine ont échangé autour de plusieurs thématiques dont l’assurance pour accompagner le secteur minier.
Par Nicolas Bazié
Le secteur des assurances est très dynamique au Burkina et dans l’espace UEMOA, a d’emblée fait remarquer Dr Mohamed Compaoré, Directeur général de Sunu Assurance, par ailleurs Président de l’APSAB, l’Association Professionnelle des Sociétés d’Assurances du Burkina et panéliste.
Selon lui, cela est dû à la combativité et à l’esprit d’adaptation des acteurs des assurances. Il intervenait dans un panel sur le thème «Sécurité des financements : Quelles assurances pour accompagner le secteur minier ? »
Indiquant que ce sont 17 sociétés d’assurance qui existent au Burkina, Dr Compaoré s’est beaucoup attardé sur les liens qui existent entre ces sociétés et les sociétés minières.
Dans sa communication, il a estimé que les sociétés minières doivent travailler à couvrir les risques à travers l’expertise des sociétés d’assurance.
Et les risques assurables, en l’espèce, peuvent être liés à « l’insolvabilité des acheteurs ou partenaires ou encore clients des sociétés minières ; au déplacement c’est-à-dire le transport des biens ou des marchandises des sociétés minières».
À cela s’ajoutent l’assurance des lingots d’or et de minerais, l’assurance automobile, les risques liés à l’exploitation des sites miniers, des bureaux, aux produits livrés par les sociétés minières.
Pour lui, il y a d’autres risques qui permettent de mener des activités comme l’utilisation des moyens roulants que sont les véhicules terrestres à moteur, les aéronefs, les machines.
Sans oublier les risques liés aux accidents de travail, à la maladie, aux décès, aux invalidités ou à la fermeture anticipée des entreprises minières.
Les PVT…
Pour ce qui est de l’insolvabilité, le Directeur général de Sunu Assurance a proposé aux sociétés minières « le produit d’assurance crédit et caution » qui consiste à couvrir l’assuré contre les défauts de paiement de son client et permet aux entreprises de disposer d’une protection sur les engagements auxquels elles ont souscrit.
Concernant le déplacement des marchandises et produits finis, il a également proposé « l’assurance transport sur la faculté ». Il explique que « lorsqu’on importe des biens de l’étranger et que la valeur de ces biens dépasse 500 mille francs CFA, vous êtes obligés de prendre une assurance faculté au Burkina Faso».
Il a révélé que les autorités du pays veulent créer une société nationale de réassurance. Avec cette création probablement en 2025, les sociétés d’assurance auront plus de possibilités à répondre au mieux aux besoins des sociétés minières, a-t-il fait savoir.
À l’en croire, l’Etat burkinabè a même initié ce qu’il a appelé « PVT». C’est la couverture des risques Politiques de vandalisme et du terrorisme. C’est un produit qui existe et est commercialisé, a poursuivi Dr Mohamed Compaoré qui a fait comprendre que « c’est grâce à ce produit que les transporteurs acceptent de nos jours d’approvisionner les mines». Les assurances y jouent un rôle essentiel, a-t-il dit.
Le courtier d’assurance…
Les courtiers sont des intermédiaires indépendants qui assistent et conseillent les assurés. Ils prospectent et négocient auprès des sociétés d’assurance pour proposer à leurs clients comme les sociétés minières par exemple, les contrats les plus avantageux aux meilleurs tarifs possibles. Ils sont au nombre de 62 au Burkina.
Gaston Yaméogo est l’un d’entre eux. De son point de vue, la sécurité minière peut se faire localement. Malheureusement, regrette-t-il, « les grandes sociétés qui arrivent au Burkina imposent une manière de faire et c’est ce qui fait que l’assurance de beaucoup de sociétés minières se faisait chez les sociétés d’assurance étrangères. Sur le plan local, le mécanisme est pourtant simple ».
Armel Kaboré est également un courtier d’assurance. À ses dires , « il n’y a pas de produits d’assurance dont les sociétés minières ont besoin qui ne soient pas disponibles sur le marché local ».
« Puisque nous parlons de contenu local, en matière de capacités, il faut rassurer les partenaires-clients que les entreprises locales ont les capacités nécessaires pour répondre à leurs besoins », a-t-il affirmé, ajoutant que ce sont ces mêmes compétences qui sont mises en œuvre dans les compagnies d’assurance étrangères.
« Les courtiers au Burkina Faso ne sont pas toujours approchés dans le processus de couverture des risques. Il est toujours mieux de se faire accompagner par un conseil professionnel en matière d’assurance », a fait savoir le courtier.
Et de marteler en ces termes : « Nous avons un devoir de conseil. Lorsqu’un courtier vous accompagne et qu’en cas de sinistre il est avéré que le contrat a été mal monté du fait du courtier, le client peut l’attaquer en justice pour défaut de conseil. Il y a des courtiers à même de vous accompagner dans la couverture ou dans le placement de vos risques».
Cependant, le président de l’Association des courtiers d’assurances, Hassane Lagnono Lamizana, l’un des panélistes, a relevé la « mauvaise foi de certains assurés».
Il fait observer ceci : «Vous avez un client qui va vous payer des camions à 40 ou 50 millions. Lorsqu’il vient pour assurer, il dit que la valeur des biens est de 25 millions. Mais en cas de sinistre, il ne dit jamais que c’est lui-même qui a sous-évalué son contrat et c’est pourquoi l’assurance pose problème. En plus, lorsque vous demandez ce qu’il fait comme travail, il se réserve de dire exactement ce qu’il fait ou ce qu’il va faire avec le matériel. Or, c’est dans le but de mieux le conseiller ou lui établir un bon contrat ». Hassane Lagnono Lamizana a conclu en invitant les uns et les autres à travailler de manière honnête.