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Burkina: négociation avec le GSIM, plus de 20 présumés terroristes libérés

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Plus de vingt présumés terroristes en détention à la Prison de haute sécurité ont été libérés en 2020 en échange de la paix dans le cadre d’une négociation avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans du Malien Iyad Ag Ghaly, selon le journal d’investigation L’Evènement.

Par la Rédaction

Des libérations de présumés terroristes contre la paix, la sécurité et la préservation de la vie des Burkinabè. Tel est le marché conclu entre le Burkina et le chef terroriste malien Iyad Ag Ghaly du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). « Des solutions endogènes sont mises en œuvre dans le cadre de la défense de l’intégrité territoriale, de la laïcité, de la paix et de la sécurité des Burkinabè », a confié à L’Evénement une source au sein du renseignement burkinabè.

La négociation a été gérée par l’Agence nationale de renseignement (ANR). Selon nos informations, les premiers contacts ont été établis au début du deuxième semestre de 2019. Un émissaire du chef du GSIM, Iyad Ag Ghaly, dont le nom ne nous a pas été révélé est venu à Ouagadougou prendre langue avec le service de renseignement. Objectif, créer les conditions pour que le GSIM n’attaque plus le Burkina et ne fasse plus couler le sang sur le sol burkinabè. La négociation n’a concerné que le GSIM du chef terroriste Iyad Ag Ghaly.

Des libérations par vagues

Selon nos sources, la première vague de libérations d’un groupe de cinq personnes a été opérée au premier trimestre de 2020 pour mesurer la fiabilité et la crédibilité de l’interlocuteur de Iyad Ag Ghaly. D’autres libérations ont suivi. Au total, 29 présumés terroristes ont été élargis dans le cadre de cette négociation. Les présumés terroristes ont été extraits de la Prison de haute sécurité puis confiés à la gendarmerie avant d’être remis aux agents de l’ANR.

Ce ne sont pas de grandes figures du terrorisme qui ont été libérées à en croire des sources au parfum du dossier. « Ce sont des personnes âgées, généralement des parents de combattants terroristes et des malades qui ont été libérés » affirment-elles. Des sources sécuritaires ont confirmé la libération de présumés terroristes qui étaient en détention à la Prison de haute sécurité. Une grande partie des personnes libérées étaient poursuivies pour des activités terroristes et liées au groupe Ansarul Islam.

Ce groupe terroriste créé par le Burkinabè Malam Dicko a été fondu dans le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans de Iyad Ag Ghaly affilié à Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). Selon nos informations, Diawari Moussa Tamboura, Adama Zakaria Dicko dit Maldé, Hamadou Boureima, Hassane Dicko, Hamadou Djibrilou Dicko, Oumarou Boureima Dicko, Amadou Dicko sont quelques bénéficiaires de cette négociation.

 Deux têtes d’affiche libérées

Deux poids lourds des groupes armés terroristes actifs au nom du GSIM figurent sur la liste des 29 présumés terroristes libérés en échange de non agression du Burkina. Il s’agit de Abdoulaye Sékou Diallo dit Zoubairou et Oumarou Diallo dit Ruga ou Wassiou. Selon des informations concordantes, ces deux présumés terroristes occupaient des positions de choix dans l’organisation du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Ils avaient dans le cadre de leurs activités terroristes des liens directes avec le chef terroriste Hamadou Kouffa lié à Iyad Ag Ghaly.

De nationalité malienne, Abdoulaye Sékou Diallo dit Zoubairou avait fait la Une des journaux après son évasion dans la nuit du 18 au 19 juillet 2019 du camp Paspanga de gendarmerie de Ouagadougou. Il avait été retrouvé 24 heures après sa cavale après l’avis de recherche lancé par la gendarmerie. Amputé du pied droit suite à des combats lors de son arrestation dans la province de l’Oudalan, Zoubairou est un élément influent dans le dispositif du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Agé de 23 ans, il a participé directement à des actions terroristes contre des services de sécurité (police nationale, gendarmerie) et des écoles. Abdoulaye Sékou Diallo a aussi été un émissaire auprès du chef terroriste Hamadou Kouffa pour chercher des financements pour entretenir les cellules terroristes basées au Burkina.

Oumarou Diallo dit Ruga ou Wassiou, lui, est un Burkinabè originaire de la commune de Matiacoli dans la province du Gourma région de l’Est. Il est un pion important des groupes armés actifs à l’Est. Ruga a aidé à l’installation de groupes terroristes et de recrutement de combattants et de complices des groupes armés dans la région de l’Est. Le quadragénaire a aussi aidé dans le transport et l’approvisionnement en munitions, armement et artifices de différentes bases terroristes. En plus, il s’est occupé de l’achat de plusieurs matériels entrant dans le cadre de la fabrication d’engins explosifs improvisés. En plus de ces libérations, de l’argent aurait été injecté par le Burkina en contrepartie de l’inactivité du GSIM sur le sol burkinabè.

Le doute existe à Djibo ville située à plus de 200 kilomètres au Nord de Ouagadougou d’où est né le groupe terroriste Ansarul islam fondu dans le GSIM. Des combattants connus se livreraient à de grandes dépenses dans le chef-lieu de la province du Soum. Si pour certaines sources, ce serait la rançon versée pour la libération des occidentaux et de l’opposant malien Soumaila Cissé, pour d’autres ce serait l’argent remis dans le cadre de la négociation burkinabè pour un retour à la paix et à la sécurité. Une source bien imprégnée de ces questions de négociations, affirme que l’argent a été aussi nécessairement injecté dans les négociations. Le mystère sur le montant de l’enveloppe reste entier.

Par Atiana Serge OULON (atioul7@yahoo.fr)

Source : L’Evénement n°440 du 25 février 2021

Encadré

Ba Ag Moussa, l’homme qui gérait le dossier de la négociation tué par les Français

C’est un de ses lieutenants dans l’ombre qui traitait le dossier de la négociation. Ce négociateur dont le nom ne nous a pas été dévoilé était en lien direct avec Ba Ag Moussa ou Bamoussa Diarra, tué lors d’une frappe des militaires français dans la zone de Ménaka au Mali. Sa mort avait été annoncée par la ministre française des Armées, Florence Parly le 13 novembre 2020. Ancien officier de l’armée malienne, Ag Moussa avait rejoint la rébellion touarègue en 2012 puis l’aventure terroriste avec Iyad Ag Ghaly.

Il était considéré comme un des chefs militaires du GSIM. Sa mort dans certains milieux est perçue comme une volonté des Français d’empêcher toute initiative locale de résoudre le problème terroriste. Aussi, une source au cœur de la lutte antiterroriste fait remarquer qu’au sortir du sommet de Pau en France en janvier 2020, l’Etat islamique a été considéré comme la cible prioritaire dans la zone du G5 Sahel. Mais contre toute attente, poursuit notre source, la France a organisé et intensifié des frappes contre le GSIM au cours du deuxième semestre de 2020.

C’est donc sans surprise qu’au sortir du sommet de N’Djamena de février 2021, la France annonce faire du GSIM affilié à AQMI sa cible privilégiée. Ce changement de cible alors que le Mali et le Burkina affichent leur volonté de prendre langue avec Iyad Ag Ghaly est analysé selon toujours cet interlocuteur comme une volonté d’entrave. A quelle fin interrogeons-nous ?

La situation sécuritaire actuelle permet de justifier la présence militaire française, répond-il. La lecture est autre à l’ambassade de France au Burkina. Sollicité pour un entretien, la représentation diplomatique française nous a fait parvenir une réponse écrite à nos questions. L’ambassadeur de France au Burkina Luc Hallade lui explique que le choix de faire de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS) une priorité et un principal « n’a pas empêché de continuer à lutter contre différentes factions du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ». Le diplomate français ajoute que tous ces groupes sont des ennemis communs qui ont pour « agenda, l’internationalisation du terrorisme islamiste ».

Luc Hallade relève à propos des négociations « cette question des négociations, au travers d’un dialogue politique en transparence entre les partenaires sahéliens et la France est appelée par le président Emmanuel Macron, le « dialogue de Djibo », puisque c’est là que ça s’est caractérisé. C’est-à-dire la volonté d’engager un dialogue avec des éléments burkinabè qui avaient pris les armes, qui étaient embrigadés dans les groupes terroristes, en distinguant deux choses : oui pour discuter avec des forces politiques et civiles, sur le terrain et les réengager par un processus d’inclusion, qui suppose qu’elles déposent les armes et qu’elles se désolidarisent des mouvements terroristes.

En revanche, s’il y a la moindre ambiguïté sur cet engagement, pas de dialogue politique. Et de l’autre côté, volonté conjointe et affirmée de lutter contre les chefs terroristes ». A propos de la frappe mortelle française contre le chef militaire du GSIM, Bah Ag Moussa, le 10 novembre 2020, le représentant du président français au Burkina estime que cela « correspond à cette volonté de poursuivre notre lutte contre tous les responsables terroristes dans le Sahel et non uniquement l’EIGS, même si nous avons très largement concentré notre effort sur ce groupe ». Il a souligné que les chefs terroristes sont des ennemis et en aucun cas des interlocuteurs. L’ambassadeur Hallade d’affirmer qu’ « il s’agit de poursuivre et achever la désorganisation d’une chaîne de commandement. »

ASO

L’Evènement

 

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