S.S a comparu, le 20 septembre 2024, à la barre du Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes. Il est poursuivi pour des faits d’association de malfaiteurs territoristes, assassinat terroriste et formation terroriste. A la barre, la santé mentale du prévenu laisse à désirer. Il tient des propos contradictoires. Libre info.net était à son procès qui a débouché sur sa relaxe au bénéfice du doute.
Par Prisca Konkobo
S.S est interpellé en 2021 à Namoudougou à la suite d’un contrôle des agents de sécurité. Il n’avait pas de documents d’identité sur lui. Devant les enquêteurs, S.S affirme être originaire du Mali. Il raconte qu’il est venu au Burkina, plus précisément à Bobo-Dioulasso, pour s’adonner à la mendicité. Sur place, il rencontre D.S qui lui propose de venir à Ouagadougou car la mendicité est plus rentable dans la capitale.
Il déclare avoir finalement été convoyé avec d’autres personnes à Thiou, dans la province du Yatenga, pour être formé au maniement des armes. Intégré dans un groupe terroriste, il a dit, entre autres, lors des enquêtes, qu’il avait tué 4 personnes, participé à la pose de mines, aux pillages de vivres et devait localiser et surveiller les forces de défense et de sécurité.
Cependant, devant le juge d’instruction, il est revenu sur ses affirmations. Il déclare ne connaître personne au Burkina, que ce qu’il avait dit était un mensonge. Il a affirmé également que «sa tête était troublée».
A la barre le 20 septembre, le prévenu ne reconnaît pas les faits. Son comportement laisse même à désirer. Et ses déclarations sont contradictoires
«Je vais dire la vérité. J’ai quitté le Mali pour Diapaga. J’ai croisé un groupe de terroristes qui m’ont dit qu’ils vont me tuer. J’ai demandé pardon. Ils m’ont frappé, m’ont donné de l’argent pour que je parte. Je n’ai jamais tué quelqu’un. J’avais perdu la tête lors des enquêtes.Tout est faux », déclare-t-il à la barre. «Ma famille me cherche», répète sans cesse le prévenu qui s’exprime passablement en français.
A chacune de ses déclarations antérieures, le prévenu s’inscrit en faux. «Est-ce que ça va ?», demande le procureur. «Ça ne va pas. Je suis fatigué parce que les terroristes m’ont frappé», répond S.S.
«Mais ça fait quatre ans maintenant que les terroristes vous ont frappé. Est-ce que dans votre tête ça va ?», demande encore le procureur. «Ça ne va pas. Je suis fou. Il y a longtemps que je suis fou», affirme le prévenu.
Dans ses réquisitions, le procureur a requis la relaxe du prévenu au bénéfice du doute. «Ce qu’il a dit en enquête est différent de ce qu’il a dit devant le juge d’instruction et ce qu’il a dit ce matin. Nous ne sommes pas sûrs de sa santé mentale. Nous ne savons pas quelle valeur donner à ses déclarations. Nous ne pouvons pas dire si les faits sont établis».
Le procureur a également demandé au tribunal de ne pas laisser le prévenu dans la nature. Il a demandé que des mesures de prises en charge soient adoptées en attendant de retrouver sa famille.
Le tribunal, dans sa décision, a renvoyé le prévenu S.S des fins de la poursuite au bénéfice du doute et ordonner sa mise en liberté. Autrement dit, il a été relaxé.