D.O est prévenu d’association de malfaiteurs terroristes. Il a comparu le 20 septembre 2024 devant le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes. D.O est accusé de ravitailler les groupes terroristes et de les informer des positions des forces de défense et de sécurité (FDS). A la barre, il plaide non coupable. Libre.info.net a suivi le procès au terme duquel il a été relaxé au bénéfice du doute.
Par Prisca Konkobo
Un soir, D.O reçoit un appel téléphonique, cause de ses malheurs. A la barre, il raconte : « J’ai reçu un appel téléphonique. Je ne connaissais pas la personne au bout du fil. J’ai raccroché et la personne m’a rappelé. Il a dit qu’il est terroriste. Je l’ai écouté jusqu’à la fin. Il m’a dit de travailler avec lui ; j’ai dit que je ne peux pas. Il m’a dit qu’ils sont en brousse et qu’ils ont faim et soif. Il a demandé que je leur apporte de la nourriture. J’ai dit que je ne veux pas travailler avec eux. Il m’a demandé s’il y avait des FDS dans la zone. J’ai dit oui dans le but de les dissuader de venir ».
Pris de peur il en parle à son cousin qui lui conseille de détruire son téléphone. Le téléphone portable ayant servi à l’appel est donc jeté dans des toilettes. «Quelqu’un vous appelle, vous dit clairement qu’il est terroriste. Pourquoi vous ne le dénoncez pas ?», demande le Tribunal. «J’ai eu peur», répond le prévenu.
Pour le procureur, le prévenu, dans l’appel téléphonique, a aidé les actions des groupes armés terroristes, en parlant de la position des FDS. «Il n’est pas établi qu’il soit membre de l’association mais Il a posé des actes. Il a aidé, participé et facilité en donnant des informations sur les FDS », martèle-t-il.
Il a demandé de requalifier les faits en complicité d’association de malfaiteurs terroristes. Il a requis 21 ans de prison dont 15 ans fermes assortis d’une période de sûreté de 10 ans et une amende de 2 millions de F CFA ferme.
L’avocat du prévenu a demandé la relaxe de son client au bénéfice du doute. «Je vous demande de voir sa personnalité. Il a évolué en zone rurale. Il n’a pas la même approche que nous avons avec les forces de l’ordre. C’est pour ça qu’il n’est pas allé signaler l’appel. C’est parce qu’il cherchait une solution à son problème qu’il en a parlé à son cousin», dit l’avocat.
«C’est vrai qu’il a dit que les FDS sont présentes dans le village. Mais son but était de les dissuader. Il ne ressort pas du dossier qu’il a donné une position exacte des FDS, ni livrer des vivres», ajoute-t-il.
Le Tribunal a décidé de renvoyer le prévenu D.O des fins de la poursuite au bénéfice du doute.