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Burkina/Procès de terroristes : Un informateur présumé mis hors de cause

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En 2022, alors qu’il était de retour de Bobo-Dioulasso, K.Y, soudeur de profession, a été interpellé par des agents de sécurité à Kampti dans la région du Sud-Ouest du Burkina. Les agents le soupçonnent d’être un informateur des terroristes. Après audition, il est déféré au parquet du Tribunal de grande instance de Gaoua qui l’a mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes. Un mandat de dépôt lui est décerné le 7 février 2022. Libreinfo.net assisté à son procès le 27 août 2024 où il a été relaxé au bénéfice du doute.

Par Nicolas Bazié

Le prévenu est un homme marié et père de 13 enfants. À peine arrivé à Kampti chez lui, de retour d’un voyage à Bobo- Dioulasso, K.Y est immédiatement interpellé par des agents de sécurité qui, visiblement, l’attendaient.

Dès les premiers instants, il a cru que c’était suite à un excès de vitesse qu’il a été interpellé. C’est au poste qu’il sera informé qu’il est de connivence avec des terroristes.

Deux agents de sécurité reçoivent des instructions pour mener une enquête qui révèle quelques jours après que le mis en cause est, en réalité, un informateur des terroristes et qu’il était en contact avec les extrémistes qui sévissent à Djigouè, une zone reprise par les Forces de défense et de sécurité (FDS) en 2024.

C’est ainsi qu’il est déféré au parquet du Tribunal de grande instance de Gaoua avant d’être mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes.

Appelé à la barre pour donner sa version des faits, le 27 août 2024, le prévenu plaide d’abord non coupable. Et déclare devant le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme ce qui suit : « Je suis domicilié à 15 km de Djigouè. J’ai appris que les terroristes viennent faire des prêches là-bas».

Le Tribunal cherche à savoir si K.Y connaît un certain D.D, reconnu comme étant un terroriste. Le prévenu répond par l’affirmative. « Je connais D.D mais lors de l’enquête, quand on a donné son nom complet, j’étais perdu parce que nous l’appelions Dri. Je l’ai effectivement connu dans un maquis. J’avais même pris son numéro de téléphone. Je l’ai supprimé après, bien avant mon arrestation», informe-t-il.

Une déclaration attire l’attention du Tribunal. Pourquoi supprimez-vous certains contacts du fait du terrorisme ? Est-ce parce que vous les soupçonnez ? « Comme je ne connaissais pas leurs domiciles, c’est pourquoi j’ai supprimé leurs contacts parce que je n’avais plus confiance à quelqu’un», a dit K.Y en réponse aux questions d’un juge.

Pourtant, il n’a pas dénoncé ces personnes qu’il soupçonnait. « Sur ce point, j’ai tort et je demande pardon», reconnaît-il.

Sauf que lorsque le prévenu a été arrêté, sur son téléphone, les enquêteurs ont composé le numéro de D.D qui, curieusement, est apparu. Il soutient que peut-être la suppression n’a pas été effective.

« En enquête préliminaire, vous avez dit que vous collaboriez avec les terroristes en leur donnant des infos», rappelle le juge. « Non, je n’ai jamais dit cela. Je ne suis pas impliqué dans une affaire de terrorisme. Je n’ai même pas envie d’en faire partie. Franchement, je ne sais pas pourquoi j’ai été arrêté », a fait savoir le prévenu.

Le procureur demande à K.Y s’il connaissait B.D. « Oui, son enfant et l’un de mes enfants ont fréquenté ensemble. Je ne sais pas si elle fréquentait D.D ; je n’ai aucune idée. Je sais que D.D part vendre des bœufs dans un pays voisin. Lorsqu’il revient, souvent, il m’appelle au maquis pour que nous prenions un verre ensemble», affirme le prévenu à qui le procureur informe que B.D était la copine de D.D.

Toujours en enquête préliminaire, il y a un terroriste du nom de M.D qui a reconnu être terroriste, révélant que dans leur groupe, deux autres personnes, dont l’une était de forte corpulence et circulait avec une moto de couleur blanche.

Une description qui correspond à K.Y puisqu’il a déclaré à la barre qu’il roulait effectivement sur une telle moto. Il soutient même que dans la localité, c’est lui seul qui circulait avec cette moto.

Le réquisitoire…

Avant de faire ses réquisitions, le procureur fait remarquer que le prévenu est resté évasif dans ses déclarations. En plus, des témoins, par commission rogatoire, ont été auditionnés et ils déclarent qu’une liste des terroristes avait été dressée et le nom de K.Y y figurait.

« C’est Dieu qui vous a laissé», martèle le procureur qui note que les faits reprochés au prévenu sont amplement caractérisés, rappelant qu’il avait reconnu, de toute façon, ces faits en enquête préliminaire.

Il semble convaincu que K.Y est bel et bien un membre du groupe armé terroriste qui sévit dans les Hauts-Bassins et le Sud-Ouest du pays. « Il savait bien ce qu’il faisait. L’intention coupable est constituée», indique le procureur qui demande de le retenir dans les liens de la prévention et de l’en déclarer coupable.

En répression, le ministère public (le procureur ou le parquet, ndlr) a requis la peine d’emprisonnement de 21 ans fermes, assortis d’une période de sûreté de 15 ans et une amende ferme de 2 millions de francs CFA.

Finalement, le Tribunal a relaxé K.Y au bénéfice du doute et a ordonné sa libération s’il n’est poursuivi pour une autre infraction.

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