S.I et D.S ont comparu le 17 septembre 2024 devant le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes. S.I est poursuivi pour des faits d’associations de malfaiteurs terroristes, financement du terrorisme, détention illégale d’armes à feu, recrutement à des fins terroristes et apologie du terrorisme. D.S, lui, est à la barre pour répondre des faits d’association de malfaiteurs terroristes et financement du terrorisme. Libreinfo.net a assisté à leur procès au terme duquel ils ont été condamnés à des peines de prison et à des amendes fermes.
Par Prisca Konkobo
S.I et D.S sont des marchands de bétail dans la région de l’Est. S.I est soupçonné d’acheter des moutons volés aux populations avec des terroristes et de les revendre avec la complicité de D.S.
Le village de S.I et D.S est envahi par les terroristes. Ces derniers ont donné la possibilité à ceux qui voulaient partir de le faire. Mais, ceux qui sont restés devaient se conformer à leurs règles. S.I et D.S n’ont pas quitté le village.
Lors des enquêtes préliminaires, S.I reconnait les faits. Il indique avoir intégré le groupe terroriste sous la menace. Ce matin du 17 septembre 2024, il nie les faits. «Ce que j’ai dit en enquête préliminaire est faux en grande partie. J’ai dit ça sous la torture», déclare-t-il à la barre.
Devant les pandores, S.I a pourtant bien détaillé le mode de fonctionnement du groupe terroriste, les armes utilisées, les noms de certains leaders. A la barre, il déclare pourtant avoir entendu ces informations au marché.
D.S, lui également, ne reconnait pas les faits à lui reprochés. «Vous avez avoué devant le juge d’instruction que vous saviez que vous achetiez des moutons chez T, reconnu comme terroriste», lui rappelle le tribunal. «Moi, je n’ai pas dit ça», se défend le prévenu.
Pour le procureur, les moyens de défense des deux co-prévenus à la barre ne tiennent pas. « Ils ont été interpellés parce que des éléments concordaient. Ils ont aussi été dénoncés. Ils vendaient au marché de Fada le bétail volé aux populations.
Depuis les enquêtes, ils reconnaissaient les faits. Il faut être dedans pour savoir comment ils sont organisés car c’est un groupe hermétiquement fermé. Les informations données sur les leaders ne peuvent pas être de pure coïncidence.
Aujourd’hui, ils disent que c’est sous le coup de la torture mais ce n’est pas possible. S.I a affirmé, lors des enquêtes, que leur mission était d’islamiser la région de l’Est et qu’ils avaient implanté de petites cellules autour de la région dans le but de l’envahir», martèle le procureur .
Pour lui, les faits sont suffisamment caractérisés. Il a requis à l’encontre de chacun d’eux une peine de 21 ans d’emprisonnement ferme assortie d’une période de sûreté de 17 ans et d’une amende ferme de 10 millions de F CFA.
Verdict….
Le Tribunal, dans sa décision, a renvoyé S.I des fins de la poursuite de recrutement et de détention d’arme à feu. Par contre, il l’a reconnu coupable des faits d’association de malfaiteurs terroristes, de financement du terrorisme et d’apologie du terrorisme. Il a été condamné à une peine d’emprisonnement de 21 ans ferme assortie d’une période de sûreté de 17 ans et d’une amende ferme de 2 millions de F CFA.
D.S a été renvoyé des fins d’association de malfaiteurs terroristes mais reconnu coupable de financement du terrorisme. Il a été condamné à 10 ans d’emprisonnement assortis d’une période de sûreté de 8 ans et d’une amende ferme de 2 millions de F CFA.
Au moment de l’arrestation de S.I il disposait d’une somme de 508 000 F CFA qui a été mise sous scellé. Le scellé a été confisqué au profit du Trésor public.