N.M, âgé de 46 ans, était à la barre du Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes le 24 septembre 2024. S’il est convaincu d’être arrivé là à cause «d’une affaire de femme », le juge d’instruction lui a pourtant collé une infraction d’association de malfaiteurs terroristes. Libreinfo.net a suivi de bout en bout le procès. A l’arrivée, il a été reconnu coupable et condamné à une peine d’emprisonnement de 21 ans, dont 15 fermes et 10 ans de sûreté. Il doit payer aussi une amende de 1 million de FCFA assortie de sursis.
Par Prisca Konkobo
N.M, se sentant traqué par les kolgweogo de son village, fuit et rejoint Ouagadougou, dans le but de se rendre aux forces de l’ordre et expliquer son problème. Pourquoi ? Pour un litige foncier et une affaire de femme, selon lui. «Je ne sais pas pourquoi les kolgweogo me cherchaient. C’est pourquoi, j’ai fui pour Ouagadougou. Mais je crois que c’est à cause d’une femme qui était ma copine. Ils m’accusent d’avoir pris la femme de quelqu’un et à cause d’un litige foncier que j’ai avec mes frères qui sont membres des kolgweogo. C’est de la calomnie».
Selon les enquêtes, N.M était soupçonné d’être un relai des terroristes dans le village. Plusieurs témoins ont affirmé qu’il collabore avec les terroristes.
«Pourquoi vous fuyez ? Ils étaient en train de faire une enquête. Pourquoi pensez- vous qu’on va vous tuer ?» demande le tribunal. «Les kolgweogo, même s’ils ne te tuent pas, ils peuvent te blesser», répond le prévenu.
«Mais personne dans le village ne peut témoigner en votre faveur. Tout le monde vous accuse», continue le tribunal. «On m’en veut pour rien», soutient le prévenu.
Selon le procureur, les enquêtes ont révélé autre chose. «Il était soupçonné d’avoir des fréquentations douteuses. Au moment où il allait être appréhendé, il a fui pour Ouagadougou. Il a fait trois jours sans se rendre dans une unité. L’expertise sur son téléphone a révélé qu’il était en contact avec des personnes enregistrées dans la base de données comme terroristes. C’est sur la base des accusations qu’il s’est retrouvé à Ouagadougou. Des armes ont été déterrées dans sa cour. Il cherche à se défendre. Mais pour nous, il y a des éléments qui ne trompent pas. Il est bel et bien un membre du groupe, même s’il ne nous dit pas de quel groupe il s’agit», a déclaré le procureur.
Il a requis de le maintenir dans les liens de la prévention et de le condamner à une peine d’emprisonnement de 21 ans fermes, dont 15 ans sûreté, et à 2 millions de FCFA d’amende ferme.
Au terme du procès, il a été reconnu coupable des faits d’association de malfaiteurs terroristes et condamné à une peine d’emprisonnement de 21 ans, dont 15 fermes et 10 ans de sûreté. Il doit payer aussi une amende de 1 million de FCFA assortie de sursis.