Le Mausolée Thomas Sankara sera inauguré cet après-midi du 17 mai 2025 à Ouagadougou. La cérémonie est prévue pour être présidée par le chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré, en présence notamment du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko. La date n’a pas été choisie au hasard.
Par cet acte, le régime actuel entend rendre hommage au Capitaine Thomas Sankara et aussi « sauvegarder, préserver et promouvoir l’héritage politique du Père de la Révolution ». C’est la raison pour laquelle la date du 17 mai a été choisie. Et ce n’est pas un fait du hasard, comme l’a relevé le porte-parole du gouvernement, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, à la sortie du Conseil des ministres du 24 avril dernier.
La date du 17 mai renvoie à l’année 1983. Ce jour est celui de l’arrestation de Thomas Sankara alors Premier ministre du Conseil de Salut du peuple (CSP) présidé par le médecin militaire (pédiatre) Jean Baptiste Ouédraogo. Outre Thomas Sankara, qui était Premier ministre depuis cinq mois (il avait été nommé en janvier 1983), il y a aussi Boukary Lingani, secrétaire permanent du CSP qui a été également arrêté (on en parle peu).
Cette arrestation est la conséquence des contradictions au sein du CSP entre l’aile progressiste incarnée par Thomas Sankara et celle jugée conservatrice menée par le Colonel Yorian Gabriel Somé, chef d’Etat-major de l’Armée. Selon les historiens, c’est ce dernier qui a orchestré l’arrestation de Thomas Sankara suite à ce qu’il a considéré comme une humiliation du chef de l’Etat par le Premier ministre au cours d’un meeting tenu le 14 mai 1983 à Bobo-Dioulasso.
Au cours du meeting en question, et conformément au protocole, le chef de gouvernement devait intervenir avant le président. Ce qui fut fait sauf qu’après l’intervention de Thomas Sankara, qui n’a pas fait de cadeau à ses contradicteurs, la place s’est vidée de son monde dont beaucoup a préféré aller rompre son jeûne en cette période de Ramadan plutôt que de rester pour écouter le chef de l’Etat.
De retour à Ouagadougou, Sankara et Lingani ont été mis aux arrêts à l’aube du 17 mai 1983. Il n’en fallait pas plus pour déclencher des manifestations, notamment scolaires et estudiantines, dans la capitale exigeant la libération du Premier ministre. A ces manifestations se sont ajoutées les pressions et les menaces de descente sur Ouagadougou de la garnison de Pô (au sud du pays) dirigée par le Capitaine Blaise Compaoré qui a échappé au coup de filet après le meeting de Bobo-Dioulasso.
Le 30 mai, Thomas Sankara et Boukary Lingani retrouvaient la liberté. Le 4 août 1983, soit trois mois après, avec d’autres compagnons d’armes, ils instaurèrent la Révolution démocratique et populaire (RDP) en ex-Haute Volta qui prendra le nom Burkina Faso (pays des Hommes intègres) à partir de 1984.
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