Après la suspension du Burkina Faso au MCA et à l’AGOA par les États-Unis, c’est au tour de la France de suspendre son aide de l’AFD et son appui budgétaire avec le pays.
Le 31 janvier 2022, le Millennium Challenge Corporation annonçait la suspension de ses activités liées au second Compact d’un montant de 450 millions de dollars (plus de 270 milliards de francs CFA) avec le Burkina Faso.
Cette décision a été motivée par le coup d’État du 24 janvier 2022 mené par le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba. La décision a été actée par un vote du conseil d’administration du MCC qui estime que le coup de force va à l’encontre de ses principes notamment la bonne gouvernance, la démocratie et le respect des engagements dans les relations avec le Burkina Faso.
Ce deuxième compact du MCC visait à réduire le coût de l’énergie, améliorer la qualité de l’électricité fournie et faciliter son accès par les populations.
Outre cette décision, le 2 octobre 2022, après le second coup d’Etat perpétré par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre , les Etats-Unis annonçaient qu’ils excluraient le Burkina-Faso de l’accord commercial, AGOA liant les deux pays, en raison de l’absence de progrès vers un retour à la démocratie.
L’African Growth Opportunities Act (AGOA) est une loi commerciale qui vise à aider les pays d’Afrique subsaharienne à accroître leur accès au marché américain. L’AGOA permet aux producteurs du continent africain d’exporter en franchise de douane aux Etats-Unis.
Et la France décide de la suspension de son aide au Burkina
«La France suspend, jusqu’à nouvel ordre, toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Burkina Faso », a indiqué le dimanche 5 août le Quai d’Orsay dans un communiqué
Ainsi, l’Agence française de développement (AFD) qui est le bras financier dans les aides au développement va suspendre ses activités dans le pays durement éprouvé par le terrorisme.
Le financement de cette aide en 2022 est estimé à 482 millions d’euros soit plus de 316 milliards de FCFA et un appui budgétaire de 13 millions d’euros (plus de 8 milliards et demi de FCFA).
Face aux mesures de suspension de la France et des Etats-Unis, plusieurs questions taraudent les esprits. Cette aide était-elle vraiment de l’aide au développement ou bien elle est un moyen de soft power? Pourquoi c’est en période de fragilité que ces aides sont-elles suspendues ?
Depuis des décennies, les pays industrialisés ont toujours apporté de l’aide et de l’appui budgétaire aux pays en voie de développement. La norme voudrait que les pays bénéficiaires puissent s’émanciper un jour de cette aide et appui budgétaire.
Malheureusement, ils ont toujours considéré ces soutiens des occidentaux comme une opportunité à ne pas perdre, au point ou ces aides viennent se substituer aux financements des Etats pauvres aux projets des infrastructures de base. Les pays bénéficiaires ne s’assument plus suffisamment dans le financement des infrastructures de développement communautaire.
L’eau potable, les centres de formations, les centres de santé, les routes, la recherche scientifique etc., sont financés en grande partie par cette aide. Ce qui a crée une sorte de dépendance entre les pays bénéficiaires et les donateurs.
En conséquence, ce qui devrait être un simple appui au développement de base est devenu au fil des ans, un moyen de domination pour les pays du Nord. Les aides sont soumises au respect de certaines exigences (démocratie, bonne gouvernance, élections, soutien diplomatique dans les grandes instances du monde, respect de certains principes de droits humains même quand ils sont aux antipodes de la culture africaine etc.).
Comment expliquer qu’au moment où les pays partenaires ont plus besoin de l’occident, c’est en ce moment que ceux-ci décident de suspendre leur fameuse aide, si elle en était vraiment.
Ces mesures de suspension visent à ramener les pays bénéficiaires de force sur le chemin qu’ils ont tracé de façon unilatérale. Cependant, il faudra comprendre que rien n’est éternel, tout à une fin. C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît les vrais amis, dit l’adage.