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Burkina : A un pas de la retraite…entre amertume et sérénité 

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Nouveau départ pour commencer d’autres projets ou période d’oisiveté et d’ennui, c’est selon. Bien préparée ou pas, la retraite ne laisse aucun travailleur indifférent. Pour certains, il faut y penser dès le premier salaire et s’organiser pour mieux la vivre. D’autres par contre regrettent la ‘’maigreur’’ des salaires dans un contexte de cherté de la vie, ce qui ne permet pas d’épargner pour assurer les vieux jours. Immersion dans le monde de ceux qui sont à un pas d’être ‘’remis à leurs parents’’ ou qui y sont déjà. 

Par Natabzanga Jules Nikièma

Les lunettes bien ajustées, Moussa Diallo consulte sur son ordinateur la liste des agents du ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN) qui seront admis à la retraite à la fin de cette année 2023.

Presqu’un rituel annuel pour cet enseignant qui dans deux ans également, fera valoir ses droits à la retraite.

Pour le moment, par curiosité, celui qui travaille à Ziniaré, région du plateau central, passe la liste en revue pour voir les personnes qu’il connait personnellement et qui entameront une seconde vie dans quelques semaines.

Le visage impassible, il avoue ne pas beaucoup penser à cette nouvelle vie qui l’attend. « On ne prépare pas la retraite. On vit la retraite, car on peut même mourir avant », dit-il, avec un sourire.

Sibraogo Yaméogo infirmier d’État lui appréhende la retraite autrement. Pour celui qui totalise 36 ans de service et qui  »se reposera’’ en fin 2024, la retraite se prépare dès le premier salaire.

Au quartier Bonheurville de la capitale, nous le retrouvons dans sa clinique qu’il a créée en 2010, justement dans la perspective de bien s’occuper dans ses vieux jours. Pour le moment, c’est surtout sa fille, également infirmière d’État à qui il a payé la formation, qui gère l’institution. 

En attendant sa retraite, M. Yaméogo partage son temps entre son service au public, sa clinique et sa ferme agro-pastorale située dans la commune de Komsilga, à un jet de pierre de la capitale. Un programme de vie, fruits de sacrifices, dont il dit être fier.

« Au début de ma carrière dans la fonction publique, j’ai été affecté en campagne.  Je cultivais et j’élevais beaucoup. Cela m’a permis de faire beaucoup d’économies pour assurer mes vieux jours », explique-t-il, tout en ajoutant qu’il prépare donc sa retraite sereinement. Pour lui, cette partie de sa vie sera une nouvelle opportunité. 

« En dehors d’un problème de santé, moi, particulièrement, je ne crains pas la retraite qui est normale. Au contraire, je trouve que c’est une opportunité pour moi, de retourner au terroir, pour essayer de faire ce que mes parents m’ont appris depuis l’enfance, c’est-à-dire l’agriculture et l’élevage » poursuit-il.  

Pour éviter l’oisiveté et l’ennui 

Retour à Ziniaré. Sous un arbre, un groupe d’hommes débattent des sujets d’actualité, pendant que d’autres sont occupés à des jeux de société.

La petite assemblée a la particularité d’être constituée uniquement de retraités. Comme, ils le disent eux-mêmes avec un brin d’humeur, depuis qu’ils ont été « décrochés de la fonction publique et remis à leurs parents », les journées se suivent et se ressemblent. Oisiveté et ennui. 

Quand nous leur demandons s’ils n’ont pas préparé cette période de leur vie, en épargnant quand ils étaient en activité, le débat s’anime.

Ceux qui faisaient des parties de jeux de société marquent un arrêt, visiblement intéressés par le sujet. Celui qui semble être le doyen du groupe se lance.

« C’est le coût de la vie. Bien vrai qu’on avait un salaire, mais le coût de la vie. On ne pouvait pas économiser. En tout cas, pas pour un fonctionnaire honnête, vivant uniquement de son salaire, on ne peut rien faire si ce n’est géré le quotidien, vivre presque au jour le jour », déplore-t-il, la mine grave. Son intervention semble convaincre ses camarades qui acquiescent de la tête. 

Céline Sandwidi, n’aurait certainement pas été d’accord avec eux, si elle participait à la discussion. Agent de santé, catégorie au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Ziniaré, elle est à 16 mois de la retraite.

Mère de 4 enfants, elle s’est lancée depuis quelques années dans l’élevage de poulets locaux et de petits ruminants, pour le moment à domicile.

Il y a une année, elle a acquis grâce à ses économies et à un prêt bancaire, un hectare de terrain.  « Dans cet espace, je compte faire l’élevage à grande échelle de poulets, des porcs, des moutons et la pisciculture. Avec la fumure organique que cela produirait, je compte faire l’agriculture Bio », projette-t-elle, le regard serein, comme tourné vers l’avenir.

Le jeudi 25 mai 2023, un groupe de 6 retraités a dédicacé un ouvrage collectif, Comment préparer sa retraite ? Dans ce document de 150 pages, ils y ont consigné leurs conseils pour les futurs retraités.

Boureima Ouédraogo, co-auteur et président de l’association des retraités précisaient que « cette œuvre est un moyen de conscientisation pour les futurs retraités ainsi que pour la génération à venir », conscient que beaucoup de travailleurs passent à côté de cette partie de leur vie.

Par impréparation ou manque d’information, des retraités qui ont pourtant passé une bonne carrière n’ont pas de plan de retraite. Conséquence, certains meurent juste après avoir cessé fonction. 

S’informer pour saisir les opportunités 

Depuis 2008, le Burkina dispose d’un Fonds national d’appui aux travailleurs déflatés et retraités (FONA-DR) au niveau de la fonction publique. Son rôle est de permettre aux personnes ayant quitté la vie active publique, de continuer à être des acteurs de production au moyen d’actions de formation et de financement de leurs projets d’auto-emploi. 

Mais pour accompagner tous les travailleurs à assurer leurs vieux jours, deux régimes de gestion des retraites existent.

La Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) pour les agents de la fonction publique et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour les salariés du secteur privé.

Selon Nazer Ouattara, directeur régional de la CARFO, région du Centre, puisqu’une une fois admis à la retraite, le salaire est immédiatement coupé.

Nazer Ouattara, directeur régional de la caisse autonome de retraite des fonctionnaires, région du Centre.
Nazer Ouattara, directeur régional de la caisse autonome de retraite des fonctionnaires, région du Centre.

Le fonctionnaire doit selon lui, « chercher à constituer son dossier car souvent il traine jusqu’au soir de sa retraite et pour constituer le dossier ce n’est pas facile. Et s’il doit attendre des mois après sans salaire pour avoir son dossier, cela n’est pas intéressant. On conseille également pour ceux qui ne sont pas légalement mariés, de le faire car on le souhaite pas, après la retraite, la pension ne peut etre payée à la veuve ».

En attendant des fonctionnaires comme Sibraogo Yaméogo et Céline Sandwidi plaident pour un meilleur accompagnement des fonctionnaires porteurs de projets et à quelques années de la retraite.

Selon eux, cela permettra aux ancien.nes de toujours participer à la construction de leur pays, autrement, de ne pas être une charge pour la société et mieux, d’être des créateurs d’emplois, après avoir été employés. 

www.libreinfo.net  

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