La police municipale du Burkina Faso est première sur la liste des services perçus par les populations comme les plus corrompus du pays. C’est ce qui ressort du rapport 2021 du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC). Ce rapport a été publié le 6 décembre 2022, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou. Zoom sur ce service qui est plusieurs fois cité par le REN-LAC.
Par Nicolas Bazié
Le corps de la Police municipale a été créé par décret le 20 juillet 1995. Il appartient aux forces de sécurité intérieure et est une force paramilitaire.
Ses tâches relèvent des missions de police administrative visant à assurer la sécurité, la salubrité et la tranquillité publique, les bonnes mœurs, etc.
La réglementation de cette police administrative est du ressort du maire de la ville qui assume la charge des salaires et dotations des policiers.
La police municipale n’est compétente que pour les infractions au code de la route et aux arrêtés du maire. Elle est également un acteur central du développement du concept de police de proximité/police citoyenne, à travers ses missions de sensibilisation, d’orientation, d’assistance et de renseignement.
Elle contrôle aussi les débits de boissons et autres lieux de loisirs comme les salles de cinémas, les clubs-vidéos, etc.
Ses équipements sont définis dans un décret qui privilégie le recours aux moyens de contrainte à létalité réduite (taser, bâton, …), réservant le recours aux armes que pour certaines missions spécifiques.
La police municipale s’appuie sur une Direction chargée de la coordination des polices municipales au sein de la Direction Générale de la Fonction Publique Territoriale du ministère de la sécurité.
Enfin, ce corps est présent dans environ 32 communes (sur un total de 359) du pays et dispose d’un effectif de plus de 1000 policiers.
Le service public le plus corrompu du Burkina
Voilà 27 ans maintenant que cette force est au service des populations urbaines. Mais, depuis plusieurs années, elle occupe la première place sur la liste des services publics les plus corrompus du Burkina.
Cette liste est établie dans un rapport annuel du Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC). Ainsi, dans celui de 2021, le réseau révèle que la Police municipale est perçue par les populations enquêtées, comme le service le plus corrompu dans le pays.
Le classement du REN-LAC de 2021 indique que la Police municipale vient en première position, avec un taux de perception de la corruption de 51,3%, suivie de la Douane (37,3%) et de la Police nationale (31,8%). La Gendarmerie, quant à elle, occupait la 7e place avec un taux de perception par la population enquêtée de la corruption chez les gendarmes de 12,1%.
Ce n’est pas la première fois que la Police municipale est perçue et citée comme étant le service le plus corrompu au Burkina Faso.
Dans les précédents rapports de 2019 et de 2020 du REN-LAC, la Police avait surclassé tous les autres services. C’est donc de façon successive que la Police municipale détient ce record.
La perception de la corruption par les populations « n’a fait qu’augmenter depuis l’année 2017 », indique le rapport 2021 du REN-LAC qui précise qu’en effet, « la Police municipale a toujours occupé le premier rang durant ces cinq dernières années à l’exception de l’année 2018. »
La corruption est un phénomène qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes ces dernières années au Burkina Faso.
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