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Burkina Faso: le « Koumlakré » ou la fête des caïmans sacrés du village de Bazoulé (région du centre)

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Le village de Bazoulé, situé à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, côté ouest de la capitale, vibre au rythme de la traditionnelle fête des caïmans sacrés. Sacrifices, offrandes et festivités, les populations se mobilisent les 16, 17 et 18 décembre pour perpétuer le Koumlakré, célébré chaque année pour rendre hommage aux caïmans sacrés du village devenu depuis des années un lieu touristique important du pays.

Par Daouda Kiekieta , de retour de Bazoulé

L’ambiance est tout autre en cette journée du 16 décembre au village de Bazoulé, commune de Tanghin-Dassouri. Des tentes qui se dressent partout, transport de matériels de sonorisation et des boutiques et restaurants mobiles, chacun met les petits plats dans les grands plats pour tirer le maximum de profit durant ces trois jours de fête pour rendre hommage aux caïmans sacrés du village.

Pour ce premier jour de fête, place aux offrandes et sacrifices, en attendant le festival dédié au Koumlakré le lendemain.

Dans un lieu retranché, non loin de la mare aux caïmans sacrés, le chef de Gogo conduit les sacrifices au nom du chef de canton de Bazoulé, « Naaba Kiiba ».

«Un âne, un mouton et des poulets sont sacrifiés en mon nom personnel pour demander santé, paix, prospérité. Après cela, les autres commencent leurs sacrifices », explique Naaba Kiiba, chef de canton de Bazoulé.

Une pioche sur ses épaules et devant des poulets égorgés qui se débattent, le chef de Gogo chargé de conduire les opérations de sacrifice nous explique : « chaque année, les sacrifices commencent vendredi et se poursuivent le lendemain. C’est notre coutume, nous l’avons hérité de nos ancêtres et nous allons le perpétuer ». Il précise que chaque année des centaines de poulets y sont sacrifiés.

Le chef de Gogo, chargé de conduire les sacrifices

Dans un rang interminable, chacun tenait son poulet ou son animal de sacrifice et les vœux diffèrent d’une personne à une autre. Justin Kaboré, habitant du village, me confie qu’à l’occasion de la fête des caïmans, il est venu avec son coq pour demander santé et prospérité dans ses affaires.

À côté de M. Kaboré un homme accroupi, genou à terre murmure en ces termes : «Ils [les ennemis] veulent me faire tomber. Aidez-moi ».

Sambo Kalmogo est, lui aussi, venu avec un coq. Il a déjà participé plusieurs fois à ces rituels. Jusque-là, précise-t-il, « les résultats sont toujours satisfaisants ».

Des sacrifices pour la sécurité au Burkina Faso

Contrairement aux années précédentes, le Koumlakré de cette année se veut sobre, compte tenu du contexte sécuritaire difficile du pays.

Du haut de son fauteuil, les pieds sur des statuettes de caïmans, Naaba Kiiba de Bazoulé lance en ces termes : « J’ai instruit aux gens d’être sobre en ces jours, parce que notre pays va mal et nous devons tous compatir. Pour ce faire, nous sacrifions pour le retour de la paix et la sécurité au Burkina Faso ».

Une vue des lieux de sacrifices faits avec des poulets

Loin du lieu de sacrifice, l’impact de cette crise sécuritaire fait parler plus d’un. Selon Alphonse Kaboré, président de l’Association tourisme et développement de Bazoulé (A.T.D.B), l’insécurité a mis à genou l’activité touristique dans ce village situé à quelques kilomètres de la capitale.

Le site touristique qu’est la mare aux caïmans sacrés reçoit de moins en moins de visiteurs. Toute chose qui ralentit les activités connexes comme l’artisanat, la restauration, le commerce etc.

Lire aussi: Burkina/Tradition : Le « Zilikr maongo »ou les sacrifices d’après saison opérés à Ouagadougou

www.libreinfo.net

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