En ce début de la Campagne agricole, les agriculteurs de Tougan, dans la province du Sourou, peinent à démarrer les activités champêtres en raison de la crise sécuritaire. Entre inquiétude et psychose, les travailleurs de la terre que Libreinfo.net a rencontrés le dimanche 9 juillet 2023 déplorent cette situation.
Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
Plus d’un mois après le démarrage de la campagne agricole au Burkina Faso, la majorité des agriculteurs de Tougan n’ont pas accès à leurs champs du fait de la crise sécuritaire.
M. Z, paysan au secteur 6 de la ville, dit redouter le crépitement des armes. « C’est vraiment très difficile ici. Nous n’avons pas pu démarrer les travaux des champs à cause de la peur. Souvent, nous tentons d’aller travailler, mais quand nous entendons le bruit des armes, nous rebroussons chemin et nous avons peur de repartir ».
A entendre O. Z, agriculteur dans le même secteur que A.Z. à Tougan, l’inquiétude règne. Sans une intervention des forces combattantes dans la localité, la suite sera incertaine : « Chaque année, à cette période, nous passons toute la journée dans les champs. Mais cette année, ce n’est pas le cas avec la situation sécuritaire. »
Il poursuit en ces termes : « On se demande d’ici le mois d’août, si rien n’est fait pour la commune de Tougan, que deviendrons-nous ? C’est grâce aux revenus tiré des champs que nous envoyons beaucoup de choses à la maison, que nous vendons un peu en attendant la récolte ».
De l’avis de D. Z, paysan au secteur 2 de Tougan, il est dangereux de s’éloigner à une certaine distance de la ville : « On ne peut pas aller au-delà de deux kilomètres. À l’heure où nous sommes, je n’ai pas pu défricher mon champ situé à 4 kilomètres de la ville, à cause de la situation. On ne peut plus conduire non plus nos animaux en brousse pour les faire paître. »
C’est d’autant plus inquiétant que Mme A Z, paysanne de son état lance : « L’hivernage a commencé ; mais on ne peut pas travailler ; On ne peut pas aller en brousse ; on ne peut se rendre nulle part. Chacun est à la maison. On ne peut aller travailler au champ dans la peur ».
A côté d’elle, Mme A. S., une autre paysanne au secteur 6 de Tougan intervient : « Nous remercions Dieu pour les pluies. Mais on ne peut pas exploiter nos champs. Ce qu’on gagnait auparavant en brousse pour préparer en famille, on ne peut plus avoir cela. Vraiment, nous ne savons pas de quoi seront fait les prochains jours ».
Les propositions de la population
M. Z, agriculteur au secteur 6 de Tougan déclare : « Que nos autorités, de concert avec les forces de défense et de sécurité, fassent quelque chose pour nous. La crise a beaucoup d’impacts sur la population sur tous les plans. »
Au secteur 2 de Tougan, T S, cultivateur explique : « On sait que les forces de défense et de sécurité travaillent ; mais qu’elles le fassent encore plus. Qu’on sécurise au moins Tougan, surtout les environs de la ville où les paysans peuvent travailler dans la quiétude. »
Quant à S Z, cultivateur au secteur 7 de Tougan, il s’exprime en ces termes : « Que les ressortissants du Sourou et du Nayala qui sont à l’extérieur fassent de leur mieux pour nous aider. Qu’ils plaident auprès des autorités pour que la zone soit enfin libérée ».