La communauté internationale célèbre le 4 février, la journée mondiale de lutte contre le cancer du col de l’utérus. Chaque année, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) incite, à travers cette journée, les Etats à redoubler d’efforts pour que cette maladie soit éradiquée de notre société. Ce mal prend de l’ampleur dans le monde en général et au Burkina Faso en particulier. Selon l’OMS, 310.000 femmes meurent du cancer du col de l’utérus, chaque année. Cette maladie est responsable d’un décès sur six dans le monde. A l’occasion de cette journée, Libre info a échangé avec une jeune femme âgée de 39 ans atteinte du cancer du col de l’utérus. Elle vit dans un quartier périphérique de Ouagadougou.
Propos recueillis par Rama Diallo, stagiaire
Libreinfo.net : A quel moment vous êtes-vous rendue compte que vous avez le cancer du col de l’utérus ?
Fanta Ouédraogo (F.O): A un moment donné, je me suis rendue compte que lors de mes menstrues, le sang coulait abondamment et duraient anormalement plusieurs jours. Il y avait aussi la présence de caillots de sang. Je saignais également lors des rapports sexuels. Je suis donc allée à l’hôpital, j’ai fais des examens et on m’a dit d’aller montrer les examens à un gynécologue qui m’a prescrit des médicaments.
Malgré le fait que je prenais les produits, je saignais toujours et il m’a demandé d’aller faire le dépistage. C’est suite au dépistage qu’il m’a dit que j’avais le cancer du col de l’utérus. Je suis allée ensuite voir un cancérologue au Centre médical protestant Schiphra et après des examens, j’ai commencé rapidement le traitement, à savoir la chimiothérapie. Je n’avais pas d’argent pour cela et c’est grâce au soutien de Médecins du monde qui a tout pris en charge que j’ai pu suivre le traitement.
Li : Comment avez-vous réagi quand vous avez appris le diagnostic de votre cancer du col de l’utérus ?
F.O : Je me disais que c’était fini pour moi car je n’avais pas d’argent pour me soigner. Il y avait aussi le regard des gens qu’il fallait supporter. Quand j’ai dit à mon conjoint que j’avais le cancer du col de l’utérus, il m’a abandonné avec mes deux filles. Je n’avais plus de ses nouvelles. En plus, mes deux filles vont à l’école. Si je suis toujours en vie, c’est grâce au soutien de ma sœur et Médecins du monde.
Li : Parlez-nous de vos des traitements que vous suivez ?
F.O: Mon traitement à commencer par la chimiothérapie et les anti- inflammatoires pour calmer la douleur. Chaque 21 jours, je me rends à chiffra où je reçois une poche de sang et six poches d’un liquide qui ressemble à du sérum.
Li : Combien de temps dure chaque séance de chimiothérapie ?
F.O: Chaque séance de chimiothérapie dure de 6 à 7 heures et c’est très douloureux. Chaque séance coute 68 000 F. J’ai fait six séances de août à novembre. A ma dernière séance de chimiothérapie, j’ai vomi et j’ai souffert toute la journée. En rentrant à moto, je me suis évanouie sur la route et ce sont les passants qui m’ont sauvée. C’est après les six séances que j’ai été programmée pour subir une opération.
Li : Comment vous vous sentez après l’opération ?
F.O: Je ne peux pas dire que ça va, parce que j’ai toujours très mal. Mon bas ventre me fait très mal. Je ne peux plus rien faire.
Li : Êtes-vous repartie voir le cancérologue ?
F.O : Oui, je suis repartie, et il dit de refaire trois autres séances de chimiothérapie. Je suis allée voir Médecins du monde et j’attends la réponse.
Li : Qu’est-ce que vous faites pour calmer les douleurs en attendant cette réponse ?
F.O: Je prends juste des anti-inflammatoires le matin à 7h, dans l’après-midi à 14h, la nuit à 19h et à 22 heures.
Li : Quelles les conséquences de la maladie sur vous ?
F.O: Les conséquences sont énormes. J’étais à Ouaga où j’avais mon maquis resto. A cause de la maladie j’étais obligé de fermer et de déménager dans ma localité parce que je n’arrivais plus à payer le loyer. Mon conjoint m’a quitté également. Je dépends des gens maintenant et ce n’est pas facile de vivre avec des enfants qui vont à l’école. A cause de la chimiothérapie, je n’ai plus de cheveux et j’ai mal au pied. En fait, je ne peux rien faire pour le moment à cause de la maladie.
Li : Votre famille vous apporte son soutien ?
F.O : Oui. J’ai des frères et des sœurs qui m’aident un peu avec la scolarité des enfants mais ce n’est pas facile.
Li : Comment les gens vous regardent aujourd’hui ?
F.O: J’ai quitté Ouagadougou à cause des soucis financiers et aussi pour éviter que les gens me posent trop de questions. C’est ma famille seule qui sait que j’ai le cancer du col de l’utérus, donc à ce niveau, ça va.
Li : Qu’est-ce que vous attendez des autorités ?
F.O: Je voudrais que le gouvernement aide les femmes à se soigner car le traitement est cher et toutes les femmes n’ont pas les moyens de se soigner.