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CENI : Et si la chefferie coutumière faisait comme la communauté musulmane ?

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La situation tendue pour le vote du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est une affaire qui fait la Une des médias. Mais, au-delà de ce tapage médiatique, c’est une situation qui peut causer le chao, si l’on n’y prend garde. Pour la préservation de la paix, et si la chefferie coutumière faisait comme la communauté musulmane ?

Par Frank Pougbila

Deux rendez-vous (15 et 19 juillet 2021) déjà manqués pour le renouvellement du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Alors que le mandat de l’équipe actuelle arrive à échéance, le 31 juillet 2021, la bataille continue sur la question de la « légitimité » de certains candidats pour la présidence de la CENI.

La communauté musulmane a «coupé court» en remplaçant son commissaire Ahmed Newton Barry par Adama Kafando. D’ailleurs, le Conseil des ministres du jeudi 22 juillet 2021 a procédé à la confirmation du remplacement du représentant de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB).

Cependant, le représentant des autorités coutumières, Bonaventure Ouédraogo qui est le Sao Naaba a été nommé malgré la polémique autour de sa légitimité. Accusé de n’être pas politiquement neutre, l’opposition politique a demandé son remplacement.

La chefferie coutumière persiste à garder le Sao Naaba comme son candidat pour la présidence de la CENI. Cela a poussé les cinq commissaires de l’opposition à observer la politique de la chaise vide lors des deux convocations du ministère en charge de l’Administration pour les élections.

L’urgence est là. Une solution doit être trouvée de peur de tomber dans un vide juridique. Si d’ici le 31 juillet rien n’est fait, la CENI sera sans bureau.

L’on se rappelle que le Conseil constitutionnel a reporté à une date inconnue la cérémonie de prestation de serment des 15 commissaires pour dossier incomplet, le 19 juillet 2021.

Alors qu’en mai 2022, le Burkina Faso organise les municipalités, l’on se demande les conséquences de cette crise sur ces futures élections.

Même si le Sao Naaba venait à être porté à la tête de la CENI pourra-t-il organiser des élections non contestées ? Lui qui est vu comme militant affiché lors des élections présidentielle et législatives de novembre 2020 au profit du MPP sera-t-il crédible aux yeux de l’opposition ?

Ne serait-il pas mieux pour les autorités coutumières de remplacer leur représentant comme l’a fait la communauté musulmane ? Si l’on sait que les chefs traditionnels sont des garants de la paix, à quoi bon qu’ils soient à l’origine d’une crise ?

Même si la loi le lui autorise, n’est-il pas plus intéressant de préserver la paix sociale en renonçant à ce poste ?

Une crise politique ajoutée à celle sécuritaire n’est pas le souhait des Burkinabè.

L’article 5 du code électoral stipule que « la CENI est composée ainsi qu’il suit : cinq personnalités désignées par les partis et formations politiques de la majorité, cinq personnalités désignées par les partis et formations politiques de l’opposition, cinq personnalités représentant les organisations de la société civile à raison de trois représentants des communautés religieuses, un représentant des autorités coutumières et un représentant des associations de défense des droits humains ».

Les exceptions sont dans l’article 7 qui indique que « ne peuvent être membres de la CENI ni de ses démembrements, les personnes condamnées pour crime, les personnes condamnées pour délit, exception faite des délits d’imprudence, les personnes qui sont en état de contumace, les personnes condamnées pour fraude électorale».

Ces dispositions n’excluent pas sieur Bonaventure Ouédraogo. Toutefois, sa légitimité cause problème, car des images ont circulé lui présentant lors d’une activité du MPP.

Lire aussi: Burkina Faso: élection à la présidence de la CENI, qui est le Sao Naaba dont l’opposition récuse?

www.libreinfo.net

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