Le scientifique, historien, anthropologue et homme politique sénégalais, Cheikh Anta Diop, s’est éteint le 6 février 1986. 37 ans après son décès, son héritage demeure. Lui, qui a « rendu à l’Afrique ce qui appartient à l’Afrique ». Le 18 février 2023 à Ouagadougou, un hommage lui a été rendu à l’université Joseph Ki-Zerbo à travers une grande conférence publique sur la thématique de la sécurité en Afrique.
Par Daouda Kiekieta
Placée sous le thème : « L’œuvre de Cheikh Anta Diop et la problématique de la sécurité en Afrique », cette conférence-débat visait à rendre hommage à l’historien africain Cheikh Anta Diop, qui disait « qu’il n’y a pas de développement sans sécurité ».
En effet, l’égyptologue a consacré tout un pan de savoir sur la question de la sécurité des populations africaines depuis le début des indépendances.
À l’occasion de commémoration du 37e anniversaire de sa disparition, le mouvement « Génération Cheikh Anta Diop (GCAD)» a voulu convoquer ce savoir dans un contexte où les pays ouest africains sont confrontés à une insécurité grandissante liée au terrorisme.
L’anthropologue et homme politique sénégalais, Cheikh Anta Diop, avait préconisé une solution pour parer l’effondrement éventuel des États africains, selon le Pr Abdoul Karim Saïdou, maître de conférence agrégé de science politique et conférencier du jour.
Pr Saïdou enseigne que l’historien faisait du fédéralisme des armées africaines l’une des solutions sinon la meilleure solution pour garantir la sécurité des populations, notamment dans son ouvrage titré « les fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique Noire ».
« Il estimait qu’on n’avait pas d’avenir en dehors d’un État fédéral, notamment l’Afrique l’Ouest » relate le politologue.
Dans cet ouvrage, le penseur Cheikh Anta Diop était convaincu qu’un pays ne peut se développer « sans une armée moderne dotée d’une forte aviation civiquement éduquée, inapte au putsch d’Amérique latine, capable de faire aux tâches historiques ».
Dans son ouvrage intitulé « Civilisation ou Barbarie, « Cheikh Anta Diop nous montre que les questions de sécurité, de conflit armé et de guerre, ont toujours joué un rôle important dans la formation de l’État », raconte Abdoul Karim Saïdou.
Selon Pr Saïdou, l’historien Cheikh Anta Diop a montré que « la sécurité précède le développement », contrairement à la vision de plusieurs chefs d’Etat dans les années 60 comme Félix Houphouët-Boigny qui disait que « chaque franc dépensé dans l’armée est un franc perdu pour le développement ».
Cette vision des chefs d’Etat les a conduite à confier leur sécurité à l’ancienne colonie. « La suite, on la connaît. 40 ans après les indépendances, on se retrouve avec des armées qui ne sont pas en mesure d’assumer leur fonction régalienne » déplore Pr Saïdou.
Une refondation de l’État nation comme solution à la crise actuelle
Selon le Pr Mahamadé Savadogo, philosophe, les États doivent résister à la remise en cause des frontières actuelles de la sous-région qui s’installe avec l’essor du mouvement terroriste.
Le philosophe propose : « Il faut parvenir à reconquérir l’ensemble des territoires occupés. En liaison avec cette tâche, il faut entreprendre une réunification de l’Etat favorisant une consolidation de la conscience nationale ».
Toujours dans la logique de trouver des solutions aux problématiques de la crise sécuritaire concomitante à la résurgence des putschs, le conférencier indique que la Refondation tant clamée dans notre pays devrait être bien conduite pour ne pas à refaire.
Pour ce faire, il estime qu’il faut une dynamique révolutionnaire. « Je ne parle pas de coup d’État. Je parle d’un événement collectif, populaire qui va entraîner les communautés ensemble dans un combat pour un nouveau monde ».
« Seule une telle dynamique peut amener une transformation radicale de la société et conduire à une réinvention de l’État nation sur des bases complètement nouvelles», foi du Pr Mahamadé Savadogo, président du « Manifeste pour la liberté».
Selon Abdoulaye Diallo, secrétaire général de Génération Cheikh Anta Diop(GCAD), cette conférence publique vise à remettre sur pied la GCAD qui a marqué beaucoup les esprits des Burkinabè dans les années 90.
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