Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a accusé lundi 7 février 2022 à Bamako, la France d’avoir œuvré à la partition de son pays à travers son engagement militaire, dans une nouvelle charge virulente devant des diplomates en poste à Bamako.
Choguel Maïga, chef du gouvernement installé par la junte arrivée au pouvoir à la faveur de deux putschs successifs en août 2020 et juin 2021, s’en est pris à la France durant plus de 45 minutes, devant les diplomates réunis à sa demande à la Primature, sans aller jusqu’à demander explicitement le retrait de la force anti-djihadiste Barkhane conduite par Paris.
Dans ce premier volet de l’entretien, le Premier ministre malien a accusé la France de jouer un rôle néfaste dans l’évolution de la situation sécuritaire et économique du Mali, imputant également une responsabilité à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CEDEAO. Choguel Maïga a également évoqué les développements ayant mené à une collaboration renforcée du Mali avec la Russie.
Il a estimé qu’après un temps d’allégresse en 2013 quand les soldats français ont libéré le nord du Mali tombé sous la coupe de groupes djihadistes, l’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali qui a consisté dans la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser pour revenir en force à partir de 2014.
Le premier ministre malien a ajouté que depuis la CEDEAO a imposé au Mali le 9 janvier des sanctions soutenues par la France et différents partenaires du pays, la junte s’arc-boute sur la souveraineté du territoire. Les autorités maliennes accusent la France, ex-puissance coloniale, d’avoir instrumentalisé la CEDEAO.
Le but de les présenter comme un paria, avec l’objectif inavoué et inavouable à court terme d’asphyxier l’économie afin d’aboutir pour le compte de qui l’on sait et par procuration à la déstabilisation et au renversement des institutions de la transition. Les dirigeants français n’ont jamais dit à leur opinion publique, quand ils intervenaient en 2013, qu’ils allaient diviser le Mali.
En plus de retarder le retour des civils au pouvoir, la France et ses partenaires européens ou américains reprochent à la junte d’avoir fait appel au sulfureux groupe russe de Wagner, ce qu’elle conteste. Devant les diplomates, au premier rang desquels l’ambassadeur russe Igor Gromyko, Choguel Kokalla Maïga a assimilé les soldats de la Légion étrangère, corps de l’armée française, à des mercenaires.
Il a évoqué le rappel en février 2020 – avant la prise du pouvoir par les colonels maliens – de l’ambassadeur malien à Paris Toumani Djimé Diallo. Celui-ci avait provoqué la colère des autorités françaises en accusant des soldats français de « débordements » dans les quartiers chauds de Bamako.