C’est sous le thème « Les médiateurs traditionnels et les mécanismes culturels de réconciliation, de paix et du pardon » que le Comité de l’Appel de Manéga commémorera le deuxième anniversaire du lancement de son initiative. L’objectif de cette initiative vise à apporter des éléments endogènes à la stratégie de réconciliation qui doit être élaborée par le gouvernement. Pour la commémoration de l’an 2, plusieurs activités seront au menu. L’annonce a été faite au cours d’une conférence de presse, le mardi 15 juin 2021. A l’occasion, les membres du comité ont donné leur point de vue sur la décision de justice dans l’affaire dite « Mosquée de Panzani ».
Le Gouvernement a définitivement tranché le conflit né de la destruction de la mosquée de Panzani, le 7 septembre 2020. Dans un communiqué en date du 6 mai 2021, l’exécutif avait décidé d’attribuer le terrain litigieux à la Fédération des Associations Islamiques du Burkina Faso (FAIB).
Il s’agit selon le gouvernement de permettre la réalisation de toute infrastructure ou toute activité en faveur de la communauté islamique. Quant à Jacques Ouédraogo, attributaire légal du terrain litigieux, le gouvernement a décidé de lui céder un autre terrain « en guise de compensation ». Cette décision des autorités a soulevé des polémiques.
Le comité de l’appel de Manéga apprécie les actes qui ont été posés dans l’affaire « Mosquée de Panzani ». Le secrétaire général de l’Appel de Manéga, Lookman Sawadogo, trouve que c’est au nom de la paix que cette affaire a été tranchée de cette manière.
Selon M.Sawadogo, il y a des actes qui contribuent aux solutions et il y a ceux qui contribuent aux problèmes. « Lorsque vous posez un acte, regardez, est ce que cet acte contribue à la solution ou cet acte contribue à créer d’autres problèmes à la matière », argumente le secrétaire.
Pour lui, si M. Ouédraogo avait fait comme les autres protagonistes, l’on serait allé aux conflits. « Il aurait pu faire des déclarations incendiaires. Cette affaire était beaucoup plus sensible qu’on le veut ou non avait commencé à opposer deux communautés religieuses. Son attitude a facilité les négociations, Jacques a eu un comportement assez digne » précise-t-il.
Lookman fait savoir que M. Ouédraogo avait assez de moyens pour démontrer qu’il avait été contraint d’accepter cette décision. Mais, s’il ne l’a pas fait, Lookmann Sawadogo estime que l’action de Jacques Ouédraogo est un acte exemplaire pour les burkinabè.
« Aujourd’hui le burkinabè, pour la plupart du temps, est intolérant surtout quand son intérêt matériel est en jeu. Il ne veut plus comprendre ce qu’on appelle l’intérêt communautaire, donc il est prêt à brûler tout un quartier pour son propre intérêt.
Donc ce que Jacques a fait ici est bien et nous devons enseigner cela comme valeur. Face à son intérêt particulier c’est privilégier l’intérêt communautaire », affirme-t-il.
A cours de la conférence, le comité a indiqué que plusieurs activités seront au programme pour la commémoration de l’anniversaire de « l’Appel de Manéga ». Il s’agit entre autre d’un panel, une marche dénommée « un pas vers la réconciliation » qui se tiendra à Ziniaré et une cérémonie de distinction et de mérite aux personnalités désignées artisans de paix et de réconciliation. Il est prévu de décerner des prix à des personnalités qui ont contribué à la promotion de la paix et de la réconciliation.
A cet effet, il y a deux catégories de prix : « Le grand prix Manéga de la paix et les prix spéciaux Manéga de la paix ». Le président du Faso, Roch Kaboré est sacré lauréat du grand prix Manéga de la paix. Jacques Ouédraogo, dans l’affaire dite de « Panzanni », a reçu un prix spécial.
Le comité justifie son choix par le « lancement d’un processus de la réconciliation nationale et la création d’un ministère en charge de la réconciliation nationale initiés par le président du Faso ».
Il y a, aussi, des « prix spéciaux Manéga de la paix » qui sont décernés à 10 autres personnes.