Les cités universitaires de Ouagadougou sont placées sous confinement depuis le 1er avril ; et ce, jusqu’à nouvel ordre. C’est du moins, ce qu’a décidé le directeur du Centre régional des œuvres universitaires de Ouagadougou (CROU-O), Issa Ouédraogo qui a tenu à préciser que durant cette période de confinement, les « cités universitaires ne reçoivent aucune visite et aucun résident n’est autorisé à sortir de l’espace desdites cités ». Mais, a-t-il promis, « les repas du restaurant universitaire seront disponibles pour les résidents uniquement et les plats devront être emportés ». Pour en savoir sur l’effectivité de cette mesure, Libreinfo.net s’est rendu à la cité universitaire de la Patte-d’Oie.
Propos recueillis par André Bado (stagiaire)
Il était 10h ce 1er avril lors que nous arrivions dans l’enceinte de cette cité universitaire. Des étudiants étaient toujours dehors avec des amis et connaissances venus pour certainement leurs derniers échanges avant l’effectivité du confinement. La plupart des étudiants, selon ceux qui se sont prêtés à nos questions, sont déjà dans leurs chambres ou dans la cours. La porte d’entrée était rabattue. Nous vous proposons les appréciations diverses faites par des étudiants sur cette mesure de confinement.
« Moi, j’ai décidé de quitter la cité universitaire parce que cette décision ne m’arrangera pas », Alassane Ouédraogo, étudiant en Lettres Modernes
« Je pense que la décision a été bien étudiée avant sa prise, j’ose croire. Pour ma part, la décision n’a pas été prise à temps pour permettre à chacun de rentre chez lui. Et voilà que maintenant, les frontières sont fermées. Ceux qui pouvaient retourner auprès de leurs parents en Côte d’Ivoire, ne peuvent plus, parce que Ouagadougou est en quarantaine. Ceux qui pouvaient retourner aussi au village sont bloqués.
La plupart des étudiants font de petits boulots pour pouvoir subvenir à leurs besoins donc pour dire que jusqu’à la fin de cette pandémie, c’est la faim qui va nous tuer. Je me dis aussi, avant de prendre cette décision, le gouvernement devait songer à faire des tests médicaux pour détecter les éventuels cas positifs.
Moi, j’ai décidé de quitter la cité universitaire parce que cette décision ne m’arrangera pas. Je fais des boulots en dehors du campus. Si je reste en confinement, je vais perdre mon petit boulot et je ne pourrai plus subvenir à mes besoins. Raison pour laquelle, je suis dehors. Je vais chercher un lieu pour y rester pendant deux jours. »
« Je ne sais pas si le gouvernement aura des mesures d’accompagnement pour l’étudiant que je suis, sinon, ce sera très compliqué », Ismaël Yerongo, étudiant à l’UFR /SJP (Unité de formation et de recherche en Sciences juridique et politique)
« Pour moi, cette décision prise par les autorités, se butera à des difficultés. Vu que la plupart des étudiants n’ont pas quelqu’un sur qui compter, certains font de petits boulots pour pouvoir se payer les tickets de restauration. Avec ce confinement, comment pour survivre ?
Et même si on rendait le RU (restaurant universitaire, Ndlr) gratuit, je pense que ça ne serait pas simple puisque ce ne sont pas seulement les étudiants de la cité qui mangent au restaurant. D’autres comme moi, qui résident ailleurs, viennent manger. Donc, si on ferme, ça va causer des soucis du moment où nous ne savons plus où aller. Ce n’est pas simple du moment où tout le monde n’a pas les moyens de faire la cuisine et c’est au restaurant que nous venons nous nourrir constamment.
Donc, il y aura des complications. Je ne sais pas si le gouvernement aura des mesures d’accompagnement pour l’étudiant que je suis, sinon, ce sera très compliqué. Je vous dis, si même on ne fermait pas les cités, je pense que nous étudiants, nous sommes conscients de la maladie vue qu’on a toujours respecté les consignes pour ne pas propager la maladie dans les différentes cités. »
« Si un étudiant est touché par la maladie, imaginez le nombre de personnes qui sera contaminé », Victor Sawadogo, dit Elder, étudiant en fin de cycle à l’UFR /LAC (Unité de formation et de recherche en Langue, Art et Communication)
« Pour moi, le confinement en-soi n’est pas mauvais. Mais ce sont les conditions dans lesquelles cela est intervenu qui déplaisent aux uns et aux autres. Prenons un exemple : actuellement, si un est touché par la maladie, imaginez le nombre de personnes qui sera contaminé. Il fallait faire un test afin de s’assurer que tout le monde est saint.
En plus, certains étudiants avaient de petites activités qui permettaient de recharger leurs cartes. Comment feront-ils maintenant pour suivre avec cette décision ? Nous savons que le confinement n’est pas mauvais, mais il fallait des mesures d’accompagnement. Nous qui ne sommes pas des résidents de la cité il faut le dire, cette décision nous touche également vu qu’ici, c’est notre fief, c’est notre maison. C’est ici que certains viennent se restaurer. Maintenant qu’il y a le confinement, c’est difficile.
Vous voyez que tout est bloqué, vu que les marchés sont fermés, il n’y a plus d’activés. Les gens n’ont plus d’argent. Il faut vraiment une mesure d’accompagnement comme, donner aux étudiants des sacs de riz, du savon etc. ; leur venir en aide. Pour ceux qui sont malades, il faut que les autorités matérialisent les décisions et laissent les discours politiciens. Je tiens aussi à saluer le courage des autorités, bien que ce ne soit pas simple. C’est un sacrifice pour sauver tout le monde.