Dans une interview accordée la Télévision nationale du Burkina, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s’est prononcé sur un certain nombre de sujets dont le F CFA, la lutte contre le terrorisme, la sortie de l’AES de la CEDEAO, etc. Il était à Ouagadougou dans le cadre de l’inauguration du Mausolée Thomas Sankara, le 17 mai 2025.
« L’Afrique est attaquée », a déclaré le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko qui estime qu’il faudra une réponse commune à cette attaque. Dans une interview accordée à la télévision d’Etat burkinabè, le chef du gouvernement sénégalais s’est même posé la question de savoir d’où proviennent les armes que les terroristes utilisent dans le Sahel. « Ce sont des gens qui leur livrent ces armes », s’est-il convaincu.
Pour lui, en livrant des armes aux terroristes, ceux qui le font n’attaquent pas seulement le Burkina mais toute l’Afrique. « C’est pourquoi il faut une réponse commune face à ce phénomène », insiste-t-il, ajoutant qu’il faut donc une mobilisation de la jeunesse. Dans le même temps, il invite les élites politiques africaines à « sortir des conflits qui ne servent à rien » et être à la « hauteur ».
A l’endroit des jeunes, Ousmane Sonko, qui semble avoir l’impression que « l’Afrique est plus divisée que jamais », appelle à « l’unité ». « Cette jeunesse doit être à la pointe du combat panafricain », dit-il, indiquant que le 21e siècle doit être africain. « C’est notre siècle », fait-il savoir, proposant ceci : « Il nous faut beaucoup parler à notre jeunesse. Lui dire qu’il ne faut pas se tromper d’ennemi. Elle doit être le fer de lance de notre unité. »
Pour lui, « il peut y avoir des problèmes entre les dirigeants politiques mais pas entre les peuples africains. Nous avons un destin commun, il faut qu’on le comprenne et ne pas jeter de l’huile sur le feu ».
Le Premier ministre Ousmane Sonko dit vivre le retrait des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec « beaucoup de regrets ». Cependant, il fait remarquer qu’il y a d’abord eu le rassemblement des peuples avant celui des dirigeants et qu’au niveau des frontières des pays, ce sont les mêmes ethnies qui y vivent.
De son point de vue, ce n’est pas parce que l’AES a quitté la CEDEAO qui faut couper tout lien avec elle. « Dans notre zone, nos pays sont condamnés à vivre ensemble. Nous sommes liés par l’histoire, la géographie. Nous n’avons pas le choix », soutient M. Sonko, poursuivant que des erreurs commisses ont précédé le retrait des trois pays à savoir le Mali, le Burkina et le Niger. « Qu’on le veuille ou non, ce sont des États souverains », a martelé Ousmane Sonko.
Sur la question du F CFA, le chef du gouvernement sénégalais est pour l’appropriation totale d’une monnaie commune. « Nous voulons une zone la plus intégrée possible en Afrique de l’Ouest », dit-il , estimant que cela peut aller au-delà même de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). « Nous sommes dans un monde où les gens se regroupent dans des ensembles pour être plus forts. C’est notre souhait. La monnaie est un instrument de politique extrêmement important pour un Etat », a fait comprendre Ousmane Sonko.