L’ancien gouverneur de la BECEAO aura réussi à entretenir le suspense au sein des Ivoiriens et même au-delà des berges de la lagune Ebrié. L’homme s’est naturellement donné le temps de manœuvrer pour s’affranchir de la tutelle de Henri Konan Bédié à qui il doit en partie ses deux mandats, le sphinx de Daoukro, c’est à dire Bédié, surnommé le PCA de la Côte d’Ivoire par les ivoiriens. Se débarrasser habillement d’un partenaire devenu entre-temps encombrant a effectivement été l’une des tâches ardues d’Alassane Ouattara pour pouvoir être le seul à bord dans le navire battant pavillon RHDP. L’autre équation à résoudre a été sans conteste le cas Guillaume Soro, dont l’appui militaire a été aussi conséquent pour porter Alasane au pouvoir après la crise post-électorale de 2010, Guillaume Soro, qui fut d’abord son Premier ministre puis son premier président d’Assemblée nationale. Ce dernier qui affirmait il y a sous peu contrôler les fameuses Com zones (les anciens seigneurs de guerre) de la rébellion ivoirienne avait refusé d’intégrer le RHDP. La suite on la connaît.
ADO ne lui laissa pas le choix que de réclamer le siège de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Soro longtemps resté en exile, « empêché de rentrer » et faisant l’objet actuellement d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre n’a le choix pour le moment que d’observer les choses à distance. Mais ne nous voilons pas la face, au RHDP, les appétits s’aiguisent : qui des anciens compagnons de ADO depuis le RDR pourra porter les couleurs du RHDP à la présidentielle d’octobre prochain ? Ou bien ce dernier viendra de ceux qui ont quitté le PDCI/RDA pour rejoindre la famille RHDP ?
Pour le moment, nul ne le sait, même si de plus en plus, les regards se tournent vers Amadou Gon Coulibaly. En opérant un tel choix, Alassane Ouattara prouve encore qu’il est, et reste maître du jeu. Sinon ils sont nombreux ceux qui étaient convaincus que l’homme négocierait un troisième mandat. L’ancien premier ministre de Houphouët Boigny à travers son annonce contribue à mettre aussi et de façon indirecte la pression sur Bédié et Gbagbo, et surtout Bédié qui caresse le rêve discret de revenir au pouvoir à 85 ans (son jour anniversaire coïncidant avec l’annonce de ADO, Bédié étant né un 05 mars en 1934), quand on sait que déjà en 2015, le bouillant Kouadio Konan Bedié (KKB) s’était désolidarisé de la décision de Bédié en se présentant contre Alassane Ouattara.
C’est aussi un signal fort adressé à son voisin guinéen Alpha Condé, dont il est proche, même si Ouattara est de l’international libéral et l’autre de l’international socialiste. Alpha Condé qui envers et contre tout, tient ferme à son troisième mandat. L’histoire en tout cas retiendra qu’Alassane Ouattara qui a engagé de grands travaux en Côte d’ Ivoire n’aura pas demandé un « lenga » pour les terminer.