La Radio Résistance a scellé le sort du Conseil National pour la Démocratie (CND) du général Gilbert Diendéré. Elle a permis de mobiliser une frange de la population contre le coup d’État du RSP au régime de la Transition. La première initiative a été démasquée mais une seconde avec la même fréquence la 108 FM a fonctionné jusqu’ à la reprise en main des institutions par la Transition dirigée par Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida.
Le 16 septembre 2015 en début d’après-midi, la rumeur s’amplifie à Ouagadougou sur la prise en otage du Conseil des Ministres par les éléments du régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Ce qui tenait lieu de rumeur va devenir une réalité. Aux environs de 17 heures, on voyait les militaires en faction aux alentours de Kosyam et les organisations de la société civile, soutiens de la Transition, mobilisées à la Place de la Nation pour converger vers la Présidence située à l’époque à Ouaga 2000.
La grande mobilisation sera dispersée sous une pluie battante par les putschistes et ce n’est que le lendemain que les têtes de proue du complot vont être connues.
Les jours qui ont suivi, une Radio, la 108FM va contribuer largement à l’échec de la déstabilisation du pouvoir de la Transition.
L’idée de la création d’une Radio va faire son chemin. Ramata Soré, une ancienne journaliste au journal l’Evénement et actuellement installée en Allemagne en crée une sur internet.
L’autre paire de manches était comment faire pour la diffusion de cette Radio pirate sur les ondes. Abdoulaye Diallo dit Ménès s’ouvre à Abissy Charlemagne alors directeur de Savane FM qui le tient au courant d’une fréquence libre la 108 FM.
L’épouse du président du Conseil national de Transition (CNT) Agathe Sy mise au courant propose un local pour abriter le matériel de la Radio mais l’idée est vite abandonnée parce que le risque était grand qu’on découvre l’endroit.
L’émetteur de Savane FM est utilisé pour la diffusion des messages des anti-putschs. On s’attache les services d’un technicien pour que la Radio qui émet sur le net puisse passer en modulation de fréquence (FM).
La garde prétorienne de Blaise Compaoré, les éléments du RSP disposant du matériel pour repérer l’émetteur, se pointent à la station de Savane FM mais le technicien a eu le temps de couper le signal.
Ils reviennent le 19 septembre 2015 pour cette fois mettre à sac la Radio. Mais les messages sur les ondes de cette Radio en quelques jours avait déjà fait son effet.
Elle a permis de donner des consignes aux manifestants à rester dans la mobilisation. Et Chériff Sy alors président du CNT qui s’était autoproclamé Président du Faso en remplacement de Michel Kafando kidnappé avait eu toute la latitude de s’exprimer et à inviter les « résistants » à tenir la dragée haute au RSP jusqu’à la victoire finale.
Deuxième radio, même fréquence
Un autre groupe de 3 hommes de médias et un acteur de showbiz ont eu l’initiative d’installer une autre Radio après qu’on s’en est pris à la première. Ils n’ont pas pris contact avec les premiers initiateurs.
L’idée du deuxième groupe est de donner la parole aux activistes de la société civile. Les porteurs de la création de la Radio se réunissent au maquis la Crémière. Le matériel est réuni dans une voiture. Un expert en informatique les rejoint.
Ils circulent dans une voiture à partir de 15H pour ensuite s’installer aux environs de 23 H dans un petit local à l’abri de tout regard dans un quartier proche du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).
Personne de l’entourage du propriétaire du local n’est au courant. Un expatrié met en contribution les aides à distance pour paramétrer la Radio.
Il leur offre un émetteur en forme de U, plus difficile à repérer. Cette seconde Radio émet une première fois le 20 septembre à 1H du matin sur la même fréquence que la première initiative pilotée par Ramata Soré, Abissy Charlemagne et Abdoulaye Diallo Ménès, la 108FM.
Elle diffuse les reportages et les interviews des leaders de la société civile sur la résistance. La trame des messages, la désobéissance civile. Ils sont renseignés par les éléments du RSP qui sont au courant de leur initiative souvent de l’imminence d’une surprise.
Ils suspendent les émissions disparaissent pour ne revenir que quand ils sont hors de portée du danger. Quelques fois, les militaires sont venus frapper prêt de la porte du local mais la Radio a continué d’émettre jusqu’au retour au pouvoir des autorités de la Transition.
En début d’après-midi du 16 septembre 2015, les éléments du RSP incendient les motos des journalistes de Radio Oméga. Quelques reporters tel que le reporter photo de Sidwaya sont passé à tabac, et les responsables de la Radio Savane FM notamment Boubacar Zida Sidnaaba, Abissy Charlemagne et Soumaïla Rabo disparaissent de la circulation.
Ils ne réapparaîtront qu’après l’échec du coup d’État du CND. Omega qui avait cessé d’émettre à Ouagadougou continuait de diffuser ses émissions à Bobo-Dioulasso. Son rédacteur en chef de l’époque, Albert Nagreogo, avait même rejoint l’équipe Omega de Bobo-Dioulasso.
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