Le coup d’Etat perpétré par les militaires dans la nuit du 23 au 24 janvier 2022, suscite des réactions dans l’environnement estudiantin. A l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, la position des étudiants sur la question est mitigée.
Par Rama Diallo
A la cité universitaire de la Patte d’oie, située non loin de la résidence privée du Président Roch Kaboré, les débats sont houleux. Dans tous les coins de la cité, seule la question du coup d’Etat est sur les lèvres des “futurs dirigeants”. Certains étudiants soutiennent les putschistes et d’autres perçoivent ce coup d’Etat comme un recul démocratique au Burkina Faso.
Après toutes les épreuves que le pays a traversées avec les coups d’État antérieurs, en passant par l’insurrection populaire de 2014 et le putsch manqué de 2015, le Burkina Faso n’a plus besoin de coup d’Etat. Le pays a suffisamment perdu ses enfants à cause de ces putschs, a rappelé Ibrahim Sessouma, délégué de la cité universitaire de la patte d’oie .
« Je pense que seules les urnes devraient être la voie pour l’accession au pouvoir. Mais malheureusement, nous venons d’assister à un recul des valeurs démocratiques», a martelé le responsable des étudiants de la cité universitaire
Pour lui, un coup d’Etat n’est jamais une solution aux aspirations du peuple. Par conséquent, il se réserve sur la capacité des militaires à résoudre les problèmes.
L’étudiant souhaite seulement que ces militaires soient des hommes de service. Et qu’ils s’entourent de bonnes ressources humaines pour travailler.
Dans le contexte actuel, Ibrahim Sessouma préfère un gouvernement d’union nationale. Et un appel sans hypocrisie de toutes les filles et fils du pays où qu’ils soient pour contribuer à résoudre les préoccupations du moment.
Avec la dégradation de la situation sécuritaire, bon nombre de Burkinabè voyaient le coup d’Etat venir.
C’est du moins, ce que déclare le secrétaire général national de la fédération estudiantine et scolaire pour l’intégrité au Burkina Faso (FESCIBF), Augustin Pallo, qui indique que la prise du pouvoir par les militaires était visible. Car les conditions étaient réunies pour arriver à un putsch.
Ajoute-t-il, les maux que vivent les Burkinabè sont au-delà d’un coup de force militaire. Maintenant, le pays a de nouvelles autorités. Il ose croire qu’elles vont y arriver. Car dans leur communiqué, ils ont fait comprendre qu’ils ont fait le coup pour sauver les populations meurtries.
« Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore de discours du Président. Nous restons sur notre soif, en espérant que les populations retrouveront leurs terres et que nos camarades élèves et étudiants pourront retrouver le chemin de l’école», espère le secrétaire général de la FESCIBF.
Il espère que dans les jours à venir, les consultations avec les forces vives seront une réalité, sans oublier les autres couches sociales.
Augustin Pallo appelle les nouvelles autorités à inviter les élèves et étudiants lors des consultations. Parce qu’ils font partie des forces vives de la population et leurs points de vue doivent compter.
Le changement de Président au Burkina Faso s’opère par des élections libres et transparentes, estime l’étudiant en droit, Soumaila Nabaloum.
« La normalisation ou le fondement juridique, c’est mon idée, est consacrée par la loi fondamentale burkinabè notamment à l’article l’article 37.
Donc nous pensons que c’est illégal et illégitime cette prise de pouvoir par l’armée dans la mesure où elle a violé la constitution qui dit qu’il faut venir au pouvoir par des élections et nous n’avons pas besoin de faire une faculté de droit pour le savoir», a précisé l’étudiant.
A la question de savoir si le coup d’Etat est la solution aux maux que traversent le Burkina Faso, Soumaila Nabaloum dit se réserver. parce que cette question relève de l’appréciation souveraine de l’avenir.
Il suppose que si les militaires arrivent à répondre aux attentes du peuple, ce coup d’État serait la solution aux maux de la nation.
Si les putschistes ont la volonté ils seront à la hauteur des aspirations des populations, pense Soumaila Nabaloum. Cependant, l’étudiant se pose la question suivante : le Burkina Faso peut-il vivre en autarcie ?
«Si la communauté internationale à travers l’UA, l’UEMOA, la CEDEAO n’accompagne pas cette transition, rassurez-vous qu’on ne pourra plus payer les fonctionnaires d’ici 2023», a-t-il conclu