A l’instar des autres pays, le Burkina Faso fait face à une nouvelle vague de contamination du Coronavirus ces derniers temps. Malheureusement, les mesures barrières sont de moins en moins respectées dans les lieux publics. C’est le constat fait par Libreinfo.net dans la période du samedi 16 au 18 janvier 2021 dans plusieurs gares de transport en commun de la ville de Ouagadougou.
Par Georges Youl, Stagiaire
Les gares sont des lieux de grands rassemblements, un facteur qui favorise la propagation du Coronavirus. Cependant, elles font partie des lieux où les mesures barrières sont négligées.
Négligence de la Covid-19 au niveau des compagnies de transport
Il est 11 heures à la gare STAF de l’est, au quartier Dassasgho. Un haut parleur annonce le début de l’embarquement. Aussitôt, une grande foule accourt devant l’entrée du car. Tandis que certains discutent avec les bagagistes pour que leurs bagages soient biens rangés, d’autres veulent être les premiers à avoir accès au car. Sous un ton menaçant, on entend le convoyeur demander aux passagers : «votre ticket! Votre ticket d’abord ! Vous partez où ? Devant les guichets d’achat de tickets, les gens se bousculent, car certains ne veulent pas s’aligner.
Entre les bousculades et les disputes, la maladie à coronavirus est le dernier des problèmes. A l’entrée de la gare, une vieille affiche invite au respect des mesures barrières. Au fond de la gare, à côté des toilettes, un dispositif de lavage de main est installé. Mais ceux qui entrent dans la gare ne l’utilisent pas. Ce dispositif sert plus aux usagers des toilettes. Le port du masque n’est pas exigé par les responsables ou les convoyeurs. Ces derniers ne portent pas aussi des masques. Seul le ticket est exigé pour accéder au car.
A la gare de la compagnie STAF au quartier Gounghin, c’est le même constat. Le respect des mesures barrières n’est plus à l’ordre du jour. Un dispositif de lavage de main est positionné à l’entrée principale. Mais ce dispositif ne contient ni eau ni savon. Juste un dispositif de formalité. Il n’y a rien qui invite les usagers de la gare au respect des mesures barrières. De plus, le port du masque et la distanciation sociale ne sont pas respectés. Dans l’espace d’attente ou dans le car, le souci des clients est d’avoir une place plutôt que de se protéger.
Lassana Ouédraogo, le chef de gare de Gounghin, reconnait un relâchement dans la lutte contre la maladie, mais se défend : «Nous les responsables de gare, nous ne sommes pas bien placés pour sensibiliser les clients car ils ne nous écoutent pas. Si ce sont des agents de la santé, ils les écoutent plus».
Il ajoute aussi que le non-respect des mesures est aussi la faute du gouvernement qui ne prend pas la maladie au sérieux comme au début. «Avant il y avait le gouvernement qui a pris cela au sérieux. Il y avait des agents de santé qui venaient sensibiliser les gens dans les gares mais maintenant, ce n’est plus le cas», explique-t-il.
Pour lui, le gouvernement doit montrer l’exemple pour amener la population à prendre la maladie sérieux. «Au début, nous avons collé une affiche pour demander aux gens de ne pas entrer sans masque. Mais si tu dis aux gens de ne pas entrer sans masque, ils ressortent et repartent dans une autre gare», conclut-il.
A la gare TSR de Wemtenga, la Covid-19 est déjà oubliée. Il n’y a pas d’affiche ni de dispositif de lavage de mains. Le port du masque n’est pas une obligation. Quant à la distanciation sociale, c’est le dernier problème des responsables. «C’est difficile de sensibiliser ou de contraindre les clients à respecter les mesures barrières. Les gens n’ont plus confiance aux autorités et ne croient même plus à l’existence de la maladie» explique Roland Yaogo, Chef de gare. Ce dernier précise qu’il y avait un dispositif de lavage des mains mais qu’il est en panne. Il assure qu’il a donné l’ordre de le réparer.
Okana Yaro est un passager qui vient de prendre son ticket. Ce dernier explique pourquoi il ne porte pas de masque : «je l’ai (le masque NDLR) oublié à la maison. C’est arrivé à la gare que je me suis rendu compte que j’ai oublié mon cache-nez. Je n’ai pas acheté un autre car je vais rater mon car.»
La situation préoccupante dans les gares de taxis et de mini cars
Le constat est plus amer au niveau des gares de mini car (communément appelés ‘‘Dina’’) et de taxi. C’est le cas des gares de l’Est et de la gare de taxi de Gounghin. Dans ces lieux, la première préoccupation des chauffeurs est d’avoir le maximum de clients dans le taxi ou le mini car.
La conséquence de cette politique est que très souvent, deux personnes se retrouvent à partager une même chaise. Ces lieux sont donc des cadres propices à la propagation du Coronavirus. Conscients du laisser-aller, les chauffeurs de taxi et de mini car refusent de s’exprimer sur la question. «Vous énervez les gens avec votre Corona-là, tous les jours c’est Corona, Corona, on n’a pas le temps» laissent entendre un chauffeur de Dina quand nous avons cherché à comprendre les raisons de cette négligence de la maladie.
Lassina Zabda est un passagers qui vient juste de descendre d’un mina car. Il porte un masque de couleur noire. Il avoue porter le masque à cause de la Covid-19 et surtout parce qu’il avait l’habitude de porter un masque avant l’arrivée de la maladie.
Certaines compagnies font des efforts
Le secteur du transport est l’un des domaines où la pandémie de la Covid-19 se répand facilement. A Ouagadougou, les responsables des compagnies de transport sont moins rigoureux par rapport au respect des mesures barrières par les passagers. Cependant, certaines sociétés de transport font des efforts. C’est le cas de Elitis Express et Saramaya Transport où le port du masque est obligation pour accéder au car.
A la gare de la compagnie Elitis Express par exemple, tout est mis en œuvre pour amener les clients à respecter les mesures barrières. Un dispositif de lavage des mains est placé à l’entrée et l’accès à la gare est conditionné par le port du masque.
Dans la salle d’attente, des hôtesses se promènent avec du gel hydroalcoolique pour inviter les clients à se nettoyer les mains. Tout le personnel (vigiles, bagagistes, hôtesses et chauffeurs) porte le masque. Le seul problème qu’on peut noter, c’est la distanciation sociale qui n’est toujours pas respectée dans la salle d’attente. « Les gens s’asseyent par affinité (entre membres de famille, entre amis), il est donc difficile de les séparer. Vous allez constater que si les gens n’ont aucun de lien, la distanciation est respectée», constate Isaac Sia, le Chef de gare
C’est aussi le même constat à la gare Saramaya Transport au quartier Gounghin. Personne ne peut entrer dans le car sans son cache-nez. Les gels hydroalcooliques sont mis à la disposition de toute personne désirant avoir accès à la gare. Il y a aussi un dispositif de lavage de mains. Pour ce qui est de la distanciation sociale, Ahmed Maïga (Chef de gare) explique que sa compagnie respecte les instructions des autorités qui ont autorisé les cars de 12 mètres à embarquer 50 personnes maximum. Il rassure que la distanciation est respectée car dit-il, «nos cars ont une capacité de 48 places car ce sont des cars VIP et il y a de l’espace entre les chaises».