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Burkina Faso : Après des conflits d’égo entre « intellectuels », la chloroquine autorisée contre la COVID19

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Une polémique était née suite aux essais cliniques « Chloraz » et « API-COVID-19 » menés par des chercheurs Burkinabè et Béninois. Le Conseil national de l’ordre des médecins du Burkina Faso avait porté plainte contre les personnes impliquées dans l’essai clinique pour n’avoir pas reçu une autorisation conformément au code de la santé publique. Mais des mois plus tard, la chloroquine semble être acceptée par des plaignants. 

Par Frank Pougbila

Depuis l’avènement de la pandémie de la COVID19, les pays font une course contre la montre pour savoir qui trouvera le remède à cette maladie. Dans les pays du Nord comme du Sud, les recherches se multiplient. Les essais cliniques s’intensifient. Dans la ruée, plusieurs pays ont été des candidats médicaments pour le traitement contre la pandémie.

Au Burkina, les autorités ont décidé de recourir à la chloroquine pour le traitement des patients. Deux essais cliniques avaient été menés.  « Chloraz », le premier essai, est dirigé par le directeur de recherche à l’Unité de recherche clinique de Nanoro (Centre-Ouest), le Pr Halidou Tinto.

Il était question de tester sur un groupe de malades (cas simples) avec la chloroquine et un autre avec la chloroquine associée à l’azithromycine. L’objectif était d’évaluer l’efficacité et la sécurité de l’utilisation de la chloroquine et de la combinaison chloroquine et azithromycine dans le traitement de la COVID-19 au Burkina Faso.

Le deuxième essai clinique, appelé API-COVID-19, consistait à évaluer l’efficacité clinique et virologique chez les patients atteints de la COVID-19 d’un médicament à base de plante dénommé Apivirine. Le chercheur en pharmacologie, Sylvin Ouédraogo coordonnait l’équipe de recherche.

Des essais cliniques que le gouvernement burkinabè a approuvés. Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Alkassoum Maïga, a noté, le 29 mars 2020 chez nos confrères de Jeune Afrique, des « traitements qui se révèlent efficaces et bien tolérés ».

Il a même informé que « certains malades confirmés de la COVID-19 ont déjà eu recours avec succès à Apivirine durant leur maladie. Ils ont tout de suite obtenu l’amélioration de leur état de santé allant de l’amendement rapide des symptômes à la négativation du test de dépistage du coronavirus après traitement ».

Opposition de l’Ordre des médecins

Le ministre rassure que si les résultats de ces tests sont concluants, le Burkina Faso pourra produire 200 000 comprimés de chloroquine par jour en réhabilitant l’unité de production U-Pharma de l’IRSS/Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST).

Le coordonnateur national de la réponse à l’épidémie de la COVID-19, à l’époque, le Pr Martial Ouédraogo renchérissait que chez les malades à qui l’on a donné de la chloroquine, l’on remarque une baisse sensible de la virémie au bout de quelques jours.

Mais à la grande surprise de l’opinion, le président du Conseil national de l’ordre des médecins au Burkina Faso, le Pr Charlemagne Ouédraogo, actuel ministre de la Santé, avait invité les médecins à s’abstenir de toute prescription de l’Apivirine dans l’objectif de traiter des cas suspects de Covid-19.

Il a même porté plainte, le 28 décembre 2020, contre « toutes les personnes physiques et morales impliquées dans l’essai clinique illégal utilisant la substance APIVIRINE sur des personnes humaines au Burkina Faso ».

Tout comme lui, le secrétaire général du syndicat des médecins du Burkina, Alfred Ouédraogo, sur RFI, le 22 mars 2020, attirait l’attention du personnel soignant à ne pas utiliser ce médicament pour la prévention, parce que « nous avons à faire à un virus à ARN ».

Ces « opposants » soulignent que le produit est non autorisé et ne fait pas parti du protocole de prise en charge de la COVID19 au Burkina tel que prévu par l’arrêté n◦2020-119/MS/CAB. Ils mettent en cause l’essai clinique qui n’a pas reçu une autorisation du ministère de la Santé.

Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) demandait la contribution de la médecine traditionnelle dans la recherche de traitements contre la COVID-19.

Une unanimité autour de l’usage de la Chloroquine ?

« Ces produits reçus de l’Institut de recherche en science de la santé vont améliorer l’offre de soins dans les établissements de santé dans la prise en charge des malades atteints de COVID19 ».

C’est le message du ministre de la Santé Charlemagne Ouédraogo lors de la réception, le mercredi 5 mai 2021, d’un million de comprimés chloroquines et 500 mille comprimés de paracétamols made in Burkina pour combattre la pandémie. Le plaignant d’alors contre les essais cliniques en est bénéficiaire des médicaments issus de ces essais.

Aucune note officielle du patron du département en charge de la santé n’est sortie pour « abroger » son invitation faite aux médecins de ne pas prescrire les médicaments issus des essais cliniques.

« L’ennemi » de l’Ordre national des médecins du Burkina Faso et de l’Agence nationale de régulation pharmaceutique était « l’essai clinique illégal » ou l’APIVIRINE ?

En tout état de cause, la réception de la chloroquine par le ministre de la Santé et même sa fabrication au Burkina pour lutter contre la COVID19 sont des preuves que l’unanimité semble être trouvée sur la chloroquine.

Un essai clinique, autre que celui du Pr Martial et sieurs, a-t-il été mené au Burkina pour prouver l’efficacité de la chloroquine sur les patients malades de la COVID19 ? La position des autorités Burkinabè sur l’Apivirine du Béninois, Valentin Agon, était qu’aucune étude scientifique n’a encore prouvé l’efficacité de ce produit contre la COVID19.

En rappel, le spécialiste des maladies infectieuses, le Pr Didier Raoult (France) en est le précurseur de l’essai clinique du traitement du coronavirus par l’Hydroxychloroquine.

www.libreinfo.net

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