Les bisbilles, par rapport à la légitimité ou non du Sao Naaba, Bonaventure Ouédraogo à tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ont trouvé un dénouement. Le Président Roch Kaboré a rencontré le Moogho Naaba pour trouver une solution apaisée à la crise au sein de la CENI.Le Sao Naaba ne sera pas candidat. Ainsi donc, le Président du Faso avait la solution face à cette crise ? Que dévient le mandat de la chefferie coutumière ? Commentaire !
Par Frank Pougbila
Une solution semble être trouvée à la crise politique qui secouait la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Le Président du Faso, Roch Kaboré a reçu le chef de file de l’opposition politique (CFOP), Eddie Komboïgo et le président de l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP), Simon Compaoré.
Il leur a été informé qu’une démarche est entreprise auprès de la chefferie coutumière pour trouver des solutions à cette « crise de succession » qui sévissait au sein de cette institution. D’ailleurs, l’une des premières décisions prises est que le Sao Naaba, Bonaventure Ouédraogo, l’homme dont la candidature à la tête de la CENI est contestée, ne sera plus candidat.
Donc le Président du Faso avait la solution ? Pourquoi a-t-il laissé perdurer cette crise jusqu’à jour J-3 de la fin du mandat du Bureau de Newton Ahmed Barry ?
Plusieurs fois convoqués pour prêter serment, les cinq commissaires de l’Opposition ont toujours observé la politique de la chaise vide. L’opposition conteste la légitimité du candidat de la chefferie coutumière, le Sao Naaba, Bonaventure Ouédraogo.
Il lui est reproché d’être un militant affiché du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). L’opposition dit avoir des éléments matériels pour prouver qu’il était engagé derrière le MPP lors du double scrutin de novembre 2020.
Le bras de fer était devenu plus sérieux lorsque le ministre en charge de l’Administration territoriale, Clément Sawadogo disait n’avoir pas d’élément pour juger de l’inégalité du Sao Naaba.
L’opposition semble gagner sa bataille qui est de faire remplacer le Sao Naaba. Ses commissaires ont d’ailleurs annoncé qu’ils sont favorables à prêter serment après la rencontre du 29 juillet.
Mais, ces nombreuses rencontres avortées ne sont pas sans conséquence sur le plan économique mais surtout sur la paix sociale. Si Roch Kaboré étouffait la crise dès ses débuts, cela pourrait épargner cette situation. Problème d’anticipation dans la gouvernance ? Oui diront nombreux. Par contre, des acteurs politiques avertis diront non. Ils rappelleront que la pouvoir se nourrit des crises.
Si tel était l’option choisie par le chef de l’Etat, est-ce que le Burkina a encore besoin d’une crise politique en plus de celle sécuritaire qui frappe le pays déjà plus de six ans ?
Après la prestation de serment, l’étape suivante est le vote du Président de la CENI. Pourvu qu’une solution soit trouvée définitivement à cette crise. Le Sao Naaba reste le représentant de la chefferie traditionnelle .Il va prêter serment aux côtés des 14 autres commissaires.
Si l’on sait que la gestion de la CENI est tournante et que c’était le mandat de la chefferie coutumière, des questions surgissent. La chefferie coutumière va-t-elle laisser son mandat à une autre composante entre la société civile, l’église catholique, l’église protestante ou la communauté musulmane (qui vient de terminer son mandat) ?
Une question qui aura des réponses très prochainement en fonction de l’évolution de la situation.
Lire aussi: Burkina Faso: les Commissaires de la CENI prêtent serment devant le Conseil Constitutionnel