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Déclaration de politique générale: Christophe Dabiré fond en larmes à l’hémicycle

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C’est inédit pour ne pas retenir l’attention de l’opinion et de la presse. Le Premier ministre pris d’une émotion forte et subite à l’occasion de sa déclaration de politique générale. Alors qu’il finissait sa déclaration (il restait à peine cinq minutes pour conclure son discours), le Premier ministre a perdu la voix. La tête baissée et un bref silence, il a tenté à plusieurs reprises de reprendre son discours sans y parvenir. D’abord la gorge nouée, on pouvait imaginer qu’il pleurait intérieurement…Finalement il a dû écraser une larme, encore et encore, grâce à un mouchoir de lotus que lui a tendu le protocole qui se tenait juste à côté de lui comme pour parer à toute éventualité. Finalement, c’était devenu évident, le Premier ministre a dû lutter fort pour contenir un gros sanglot.

Pour l’aider à passer ce « quart d’heure » difficile, des applaudissements nourris ont fusé de l’Assemblée. Malgré tout et malgré quelques gorgées répétées d’eau, l’émotion était de plus en plus forte, entrainant un standing ovation de tout l’hémicycle (députés, membres du gouvernement, présidents d’institutions, corps diplomatique, etc.).

Fait rarissime (on ne connait pas de précédent dans l’histoire de la 4e République), les larmes du Premier ministre devant les représentants du Peuple ce 18 février 2019, loin d’être une faiblesse, pourraient être l’expression d’un patriotisme sincère face au constat d’une Patrie malade.

Sur cet incident, le Président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé a insisté et fini par « ordonné » au Premier ministre de suspendre son discours en lui assurant que les députés disposent du document et qu’ils peuvent prendre connaissance du petit bout de texte restant. La suspension de 45 minutes en attendant la reprise pour la phase des questions-réponses a donné lieu à des supputations et interprétations sur le sens des larmes de l’illustre hôte du Parlement.

C’est à la reprise que l’intéressé lui-même expliquera ses sentiments. Christophe Dabiré a déclaré que son émotion vient d’un constat fait sur les Burkinabè. « Nous sommes les premiers à mal parler de notre pays, nous burkinabè » s’est-il expliqué. Le Chef du gouvernement arrive après une longue période de critiques de tout genre et acerbes contre l’impuissance des gouvernants face au terrorisme.

Le pays ayant enregistré de multiples attaques qui ont endeuillé de nombreuses familles chez les civils comme chez les militaires et paramilitaires. C’est exactement lorsque le Premier ministre abordait la question de l’unité nationale des fils et filles de la nation que ses émotions ont pris le dessus.

Voici le passage qui a bouleversé le Premier ministre : « C’est ensemble, unis et réconciliés avec nous-mêmes, dans un devoir de vérité et de patriotisme, que nous contribuerons comme un seul homme, à changer la réalité dans le sens profond de nos rêves de paix et de prospérité. Et c’est en cela que j’invite les institutions de l’Etat : l’Assemblée nationale, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale, le Haut conseil pour le dialogue social, le Médiateur du Faso, le Conseil supérieur de la communication, le Conseil économique et social, la Commission électorale nationale indépendante, etc. à œuvrer avec le gouvernement, à la réalisation de l’idéal commun de la cohésion nationale. Il est du devoir de notre génération de léguer aux générations futures, un Burkina Faso meilleur. Plus que de l’union, nous avons besoin, en ces temps difficiles, de communion et de fusion en pensée et en action pour une véritable rupture en vue d’assurer la paix et le progrès social ». Tel est le paragraphe lourd de sens et de conviction dont la lecture a été entrecoupée par les larmes du Premier ministre. C’est une preuve que la cohésion sociale tient à cœur le Premier ministre Dabiré. Il l’a déjà exprimée à travers la formation de son gouvernement par la nouvelle dénomination du Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation devenue Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale.

En élevant le ministre en charge de la cohésion sociale au grade de ministre d’Etat (ce qui fait de lui la troisième personnalité du gouvernement après le Premier ministre et le ministre de la défense), c’est une preuve de plus de l’importance qu’occupe cette question dans la vision du nouveau Premier ministre. Son attachement à la cohésion sociale se justifie davantage quand on sait que Christophe Dabiré constitue une sorte de pont entre le nouveau pouvoir incarné par le MPP et ses alliées, et l’ancien régime constitué du CDP et alliés. On se souvient qu’au moment de sa nomination comme Premier ministre, on s’interrogeait sur les rapports qu’entretiendrait toujours Christophe Dabiré avec l’ancien parti présidentiel.

Pour lui qui a fait le CDP à un moment où le CDP d’aujourd’hui et le MPP faisaient qu’UN, il a de quoi pleurer en voyant les profondes divergences qui sont nées entre les deux camps au point que toute la nation en pâtisse.

En définitive, ces larmes de Christophe Dabiré se justifient même si elles sont difficilement admissibles. Toutefois, dans l’ensemble le Premier ministre a réussi son exercice constitutionnel dans un ton sage, avec une maitrise de la situation socio sécuritaire. Dans un rythme bien calibré, il a dressé le tableau difficile sur le plan sécuritaire, politique et social. Le Premier ministre a invité les travailleurs a observé la trêve sociale demandée par le Président du Faso Roch Kaboré, le 31 décembre 2018.

Ce faisant, il a pris l’engagement de relancer le dialogue gouvernement et syndicat. Par ailleurs il a invité ces derniers à éviter des surenchères dans leur revendication pour se donner les chances d’avoir de satisfactions et permettre au gouvernement de respecter ses engagements face aux partenaires sociaux.

Pour la sécurité, Christophe Dabiré promet d’œuvrer au respect de loi de la programmation militaire et au renforcement des moyens des forces de sécurité intérieure. Le nouveau chef du gouvernement dit avoir donné les instructions au ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation afin que les représentants de l’Etat puissent jouer le rôle de prévention contre les conflits et résoudre les crises existantes. Il a aussi déclaré que tous les procureurs sont instruits pour travailler à vider les dossiers judiciaires en instance.

Albert Nagreogo

Libreinfo.net

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