De nombreux Ouagavillois approuvent la décision du gouvernement qui a demandé le départ de l’armée française du Burkina Faso. Pour eux, cette décision vise à se libérer « du paternalisme français ».
C’est un ouf de soulagement pour de nombreux citoyens. Confirmée par le porte-parole du gouvernement, M. Jean-Emmanuel Ouédraogo, l’annonce du départ des troupes françaises du territoire burkinabè a été bien accueillie par une grande majorité de Burkinabè.
Ayant réclamé, à maintes reprises, ce retrait, certaines personnes estiment qu’une fois ce départ bouclé, le Burkina pourra mieux construire son avenir.
Dans son kiosque de vente et de réparation de téléphones portables et autres appareils de télécommunication, M. Madi Tiemtoré est en train de réparer un téléphone. Il dit que son émotion a été grande lorsqu’il a appris cette décision des autorités.
D’accord, pour ce départ des forces françaises du Burkina, le jeune homme explique que « lorsqu’un soutien est sans effet ou sans importance », il vaudrait mieux y mettre fin pour qu’il ne nuise pas.
M. Tiemtoré poursuit : « On n’a jamais entendu que l’armée française a fait ci, a fait ça. Chaque jour, ce sont nos soldats qui sont sur le terrain et qui font le travail. Si quelqu’un se décide à t’aider alors que son soutien n’est pas clair, c’est mieux qu’il laisse. ».
Sur le délai d’un mois octroyé par le gouvernement, pour lui, c’est un délai raisonnable pour libérer les lieux.
Montrant que la liberté s’acquiert douloureusement, M. Tiemtoré dit que les Burkinabè doivent désormais se tenir prêts pour aller jusqu’au bout : « Un combat noble est toujours dur. Même dans le commerce, on le sait. Nous allons supporter le choc seulement ; ce n’est pas grave. »
Venu pour récupérer un appareil en dépannage, M. Hamado Yamba, un enseignant qui patientait sur un banc s’invite dans les échanges. Pour lui, la question du départ des forces françaises ne devrait pas poser de débat vu que ces forces n’ont pas eu de résultats probants.
« Si elles partent, c’est vraiment salutaire. Dès leur arrivée, les forces étaient censées nous soutenir. Mais, malheureusement, nous constatons que rien n’a été fait » a-t-il soutenu.
Ce départ, selon lui, permettrait au Burkina de s’auto-guérir et d’amorcer les premiers pas de son développement. Rappelant que cette force avait été installée en catimini, son souhait est que plus aucune chance ne soit donnée à cette force d’outrepasser le délai imparti.
« Si nous ne veillons pas à ce qu’elles partent afin qu’on puisse se construire à notre tour, nous allons toujours souffrir. Si ces soldats bougent nous laisser, peut-être qu’on va souffrir, mais nous allons aussi nous construire » a-t-il indiqué.
En plus de réclamer le départ de ces forces pour la souveraineté du Burkina, pour cet enseignant, cela permettrait également de lever les suspicions de trahison.
Assise à côté du kiosque pour éplucher des papayes pour ses clients, Mme Abzèta Ilboudo, commerçante, a été ravie de pouvoir enfin échanger sur les sujets du pays. Elle trouve déjà que le délai donné est assez long.
Selon elle, cette décision devrait être immédiate : « On ne souhaite même plus les revoir d’ici à la semaine prochaine parce qu’ils nous ont ralenti.»
Un peu plus loin, aux abords de la voie bitumée, M. Marc Sama, un jeune Ouagalais profitait de l’ombre d’un immeuble en construction. Intervenant dans la conversation, il estime que les autorités ont pris la bonne décision.
« C’est notre pays et c’est nous qui devons prendre les décisions. Ce n’est pas une armée étrangère qui peut venir nous aider. Ils (soldats étrangers) ne peuvent pas défendre notre pays mieux que nous-mêmes » a-t-il fait savoir.
Prônant l’indépendance totale du Burkina Faso, M. Sama souhaiterait que tous « les ponts de l’impérialisme soient coupés ; nous voulons maintenant être indépendants. Si on doit toujours tendre la main à des pays étrangers pour des appuis à nos activités ou à notre sécurité, cela montre que nous ne sommes pas encore indépendant » a-t-il dénoncé.
Pour M. Adama Tiendrebéogo, mécanicien, bien que ce départ soit salutaire, le problème majeur reste la quête de partenaires fiables pour que le Burkina Faso puisse recouvrer la paix.
« Actuellement, pour le départ de la France, je suis absolument d’accord. Mais maintenant, je ne sais pas quel pays pourrons-nous rejoindre pour que le Burkina soit un havre de paix » s’est-il inquiété.
Interrogé alors qu’il était en plein travail, le boucher Rahim Nana dit être également d’accord avec la décision gouvernementale.
« Pour cette décision, il n’y a vraiment pas de débat. Ils n’ont plus d’utilité. Il ne faut même pas qu’ils atteignent un mois » dit le boucher.
Pour lui, si les autorités décident ainsi, c’est parce qu’elles savent ce qu’il se passe à l’intérieur. Par ailleurs, il a appelé à faire confiance aux autorités de la transition actuelle.
En plein repas dans un restaurant de la place, M. Abdoul Fataf Séno, à l’énoncé du nom de la France, marque un arrêt afin de réagir. Pour lui, ce départ était normal parce que les forces françaises n’ont pas eu de résultats sur le terrain.
« C’est normal. L’armée française doit quitter notre territoire. Les hommes de cette force n’ont pas fait leur travail comme il se doit au Burkina Faso » a-t-il déclaré.
À son tour, il a aussi émis des doutes quant au but de cette force stationnée à Kamboinsin. « Nous doutons même d’eux », a-t-il dit tout en insistant que le délai d’un mois donné par le gouvernement était juste.
Lire aussi: Burkina Faso : l’armée française a un mois pour quitter le territoire