Le 22 janvier 2023, le président français Emmanuel Macron avait dit attendre des «clarifications» de la part de son homologue burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, quant au départ annoncé de soldats français du territoire burkinabè. La réponse de Ouagadougou n’a pas tardé. Lors d’un entretien à la télévision nationale (RTB) le 23 janvier, le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo a clairement indiqué que « le Burkina n’a pas davantage de clarification à faire». Pour Marine Le Pen, la « France n’a pas le choix ».
Par Nicolas Bazié
Le président Macron avait pourtant parlé d’une « grande confusion» dans les informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux concernant le départ de l’armée française du territoire burkinabè.
L’affaire semblait surprendre le président français qui avait même demandé des « clarifications » aux autorités burkinabè, avant d’inviter les gens à « garder beaucoup de prudence».
Depuis que l’Agence d’information du Burkina (AIB) a levé le lièvre sur cette affaire, les autorités burkinabè n’avaient pas encore réagi. Mais, le 23 janvier, l’information est confirmée à la télévision d’Etat (RTB) par le porte-parole du gouvernement Jean Emmanuel Ouédraogo.
Comme s’il tentait de répondre au président Macron, le porte-parole du gouvernement burkinabè s’est voulu très direct: «Il n’y a pas d’autres clarifications à faire. Au stade actuel, nous ne voyons pas comment faire plus clair».
Il ne fallait pas plus, pour «donner du travail» à de nombreux internautes, qui, sur leurs claviers, saluaient cet acte «hautement historique et courageux» comme l’avait écrit l’ancien premier ministre burkinabè Yacouba Issac Zida.
En France, au sein de l’opinion, certaines personnalités trouvent que l’Etat français ne doit pas contester la décision de l’État burkinabè. C’est notamment le cas de Marine Le Pen.
Cette femme politique française du parti le Front national dans un entretien à la télévision BFM TV a reconnu que le départ est déjà acté.
« La France n’a pas le choix, elle ne peut pas se maintenir au Burkina contre l’avis du gouvernement burkinabè », a-t-elle indiqué.
L’armée française doit quitter le territoire burkinabè alors qu’il y a à peine quelques mois, les forces françaises qui étaient au Mali ont quitté définitivement le territoire sous la demande des autorités maliennes.
Pour Marine Le Pen, cela est un deuxième échec de la France. « C’est un échec total après celui du Mali» affirme-t-elle.
La députée française va même donner la cause de ces échecs: « Tout cela, c’est la conséquence à la faute originelle qui est l’intervention en Libye. Je l’ai dit à l’époque et je n’ai aucun problème à vous le dire aujourd’hui. Nous avons été le seul (parti) à le dire, vous êtes en train de commettre une erreur gravissime qui va déstabiliser l’intégralité de la région (Afrique) » a-t-elle justifié.
En octobre 2009, sous l’ancien président Blaise Compaoré, cette force connue sous le nom «Opération Sabre» s’est installée en catimini à Kamboinsin, à la sortie nord de la ville de Ouagadougou la capitale du pays.
Ce n’est qu’en 2015, soit 6 ans après que sa présence a été révélée au grand jour à travers la signature d’un accord.
C’est cet accord renouvelé en 2018 qui est décrié par les autorités actuelles du pays qui ont donné un mois à ces militaires étrangers de quitter le territoire.
Les forces spéciales françaises auront passé 14 ans en terre burkinabè, sans même le quitus du parlement français, conformément à ce que prévoit la constitution de ce pays à son article 35.
En effet, la loi déclare en substance que le gouvernement français doit d’abord prévenir le parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger.
Et selon toujours la loi, cela peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. Ce qui n’a jamais été fait depuis 14 ans.
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