Lundi 2 octobre 2023, c’est la rentrée des classes dans les écoles publiques du Burkina Faso. Pendant que tout se passe bien dans les autres villes, à Djibo, chef-lieu de la province du Soum, c’est toujours l’incertitude. Constat.
Par Inoussa Sankara, Correspondant dans le Soum
Ce lundi 2 Octobre 2023, rien ne montre à Djibo dans le Sahel que la rentrée scolaire pour le secondaire sera différente des trois dernières années. L’état des lieux en est le signe annonciateur.
Au lycée municipal, il n’ y a pas signe de vie. L’établissement scolaire n’a plus fonctionné depuis des années. Fenêtres et toits partiellement arrachés ou décoiffés, tables-bancs cassés et aucune perspective de réouverture des classes cette année.
Au lycée provincial de la ville, seul établissement qui a accueilli les élèves l’année dernière, le proviseur Hamadou Maiga se bat comme un beau diable pour assurer la réouverture des classes.
En ce jour de la rentrée, il est vrai que rien n’est presque sûr, mais il nous rassure qu’avec quelques collègues sur place qu’ils s’attellent pour que la rentrée puisse être effective le plus tôt possible. Ce qui nous rappelle le scénario de l’année dernière, c’est quasiment en janvier que les cours ont débuté au secondaire.
Hamadou Maiga explique, en effet, que les difficultés et les défis auxquels il est confronté sont énormes. « Pour le moment, le vrai problème, ce sont les professeurs. Il faut dire que présentement en plus de moi-même, ils ne sont que deux titulaires qui sont présents à Djibo. On ne peut rien faire avec ça ! » se désole-t-il.
« Il faut que les autorités nous aident pour que nous ne connaissions plus les difficultés comme l’année passée, difficultés liées surtout à l’absence d’enseignants » ajoute-t-il.
Et le proviseur Maiga de poursuivre « on attend de voir si les titulaires vont se manifester d’ici quelques jours. Si c’est le contraire, nous aviserons les autorités et les parents d’élèves pour nous aider à mobiliser des volontaires pour dispenser les cours. »
Il soutient que « cela ne doit pas continuer, ça ne règle vraiment pas le problème. Je profite de l’occasion pour dire qu’il est vrai que ce sont des communautaires qui ont décidé d’accompagner gratuitement l’école mais certains sont des étudiants et des gens du privé, il faut penser à les motiver si non, ce ne sera pas évident. »
Il précise : « Pour l’année passée, ils n’ont pratiquement rien eu, mais nous sommes reconnaissants de la Délégation Spéciale qui leur a décerné des attestations de reconnaissance ».
Moussa Tamboura est membre actif du bureau des parents d’élèves. Selon lui, « il faut que nos enseignants reviennent pour donner les cours. C’est simple, celui qui ne veut plus revenir qu’il demande à être muté et quelqu’un d’autre qui veut, va prendre sa place. »
«C’est ainsi qu’il nous a indiqué qu’il y a des professeurs qui ont quitté plus de deux ans ! Qu’est- ce qu’on en fait ! Et puis, en ville, les fournitures sont introuvables, il n’y a rien dans les boutiques ».
Quant à Ibrahim Maiga , de la délégation spéciale de Djibo, il pense qu’on ne doit pas se laisser aller au désespoir. « Il y a de l’espoir pour cette année, les perspectives sont bonnes et les acteurs semblent être disposés pour faire avancer positivement les choses», se console M. Maiga.
Il fait cette affirmation du fait, a-t-il dit, que déjà, ce matin on voit l’engouement des enfants et la présence des enseignants dans les écoles primaires. « L’avantage pour le primaire, poursuit-il, est que les principaux responsables sont sur place. Normalement, ce sera mieux que l’année passée ».
La rentrée dans le primaire
Pour le Primaire, il y a moins de problème car, déjà, des programmes d’éducation en situation d’urgence sont dispensés au cours des vacances et courant l’année scolaire, il y a une prise en charge des communautaires.
Mais le seul problème dont se plaignent les acteurs de l’éducation, c’est la mobilité des enseignants. « Ils sont environ 140 enseignants qui attendent à Ouagadougou et qui souhaitent être héliportés vers Djibo qui, il faut le rappeler vit sous blocus depuis trois ans », apprend-on dans le milieu scolaire.
Selon Hamidou Cissé, DPEPPNF du Soum « nos défis cette année scolaire, c’est la mobilité des personnels de l’éducation avec leur famille par un héliportage au moins pour la rentrée. ».
« Il ne faut pas oublier la disponibilité du carburant dans la ville pour assurer correctement et efficacement le service, puis la disponibilité des denrées alimentaires et autres produits et enfin le renforcement des capacités des enseignants en curricula ESU et autres informations pour renforcer la résilience des acteurs » sont des aspects importants évoqués par Hamidou Cissé.
Il faut rappeler que la situation sécuritaire a été la raison fondamentale qui a occasionné la fermeture des écoles de la ville et le départ des enseignants.
Avec l’accalmie, il serait intéressant de travailler à faciliter les allers et retours des enseignants afin que l’éducation scolaire à Djibo puisse continuer pour le bonheur des élèves et de leurs parents.
Il y a quelques années, la ville comptait au moins quatre (04) établissements secondaires privés et trois lycées et collèges. Aujourd’hui, seul le lycée provincial reçoit des élèves pour le post primaire et le secondaire.
La ville de Djibo est celle qui accueilli le plus grand nombre de Déplacés internes du pays. Ils sont nombreux ces élèves qui sont là et qu’il va falloir accompagner pour l’avenir de la nation.