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Burkina Faso : Docteur Elliott libre, Djibo en joie

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La libération du Docteur Elliott par les groupes armés terroristes, après 7 ans de captivité, a été accueillie avec joie à Djibo, chef-lieu de la province du Soum, région du Sahel du Burkina. C’est dans cette ville que le médecin australien et son épouse Jocelyn soignaient les malades avant d’être enlevés en janvier 2016. Les habitants de Djibo ont confié au Correspondant de Libreinfo.net qu’ils ont toujours prié pour que le docteur Elliott soit libéré.

Par Inoussa Sankara, Correspondant dans le Soum

Lorsque plusieurs personnes à Djibo, dans la province du Soum, au Burkina, ont reçu l’information de la libération du Dr Elliott, chacun se disait attendre avant de croire car beaucoup de gens avaient commencé à perdre espoir. Bien que certaines radios internationales aient partagé l’information, le doute persistait toujours.

Finalement, c’est l’un de ses proches collaborateurs, M. Moussa Tamboura, qui a confirmé sa libération. Il dit être entré en contact avec la famille du médecin qui le lui a confirmé.
Nous sommes allés à la rencontre de quelques habitants de Djibo pour recueillir leurs impressions et sentiments à l’annonce de la libération du Dr Elliott.

Docteur Elliott Djibo
Docteur Kennet Elliott et son épouse Jocelyn

Adama, un retraité qui déclare avoir bien connu le médecin, dit ceci : « C’est un ouf de soulagement. Elliott, au-delà d’être chirurgien, était comme un des nôtres. Il a vu naître et grandir nos enfants. Il participait à toutes les activités sociales de la ville. Les malades venaient du Mali, de la Côte d’ivoire, du Togo, du Niger, bref, de partout, pour solliciter ses services tant sa renommée allait au-delà des frontières. Il a 88 ans de nos jours ; difficile pour lui de continuer le travail qu’il faisait, mais nous sommes contents pour lui et pour sa famille.»

Et Adama de poursuivre : « Nos prières ont été exaucées. Il mérite une bonne retraite. Néanmoins, nous prions tout de même pour la réouverture de la clinique, sans doute avec quelqu’un de plus jeune sous son encadrement ».

Une bonne nouvelle pour M. Seydou , un des voisins de la clinique : « Nous nous sommes réjouis de la bonne nouvelle. J’ai appelé un de ses anciens collaborateurs qui s’est déplacé pour me montrer la photo du Docteur après sa libération. Il était assis à côté de sa femme avec une longue barbe. Je l’ai reconnu tout de suite. Nous n’avions que nos prières pour lui après tout ce qu’il a fait pour nos populations. Nous espérons voir un jour la clinique rouvrir ses portes ».

Pour Amadou , agent à la mairie de Djibo « c’est vraiment une bonne nouvelle. Vous savez, le jour de son enlèvement, sa femme et lui sont passés à la mairie pour des démarches afin de se faire naturaliser Burkinabè. Dieu en a décidé autrement. Vivement que son pays permette à ce qu’il revienne pour remettre sa clinique en état. Cela va être difficile au regard du contexte, mais permettre la fermeture d’une telle clinique de renom n’est pas bien ».

Enfin, pour Amadou, un des membres du collectif des OSC « C’est un combat qui vient de s’achever. Nous avions toujours espéré qu’un jour il serait libre. C’est un soulagement pour tout habitant de Djibo. L’Australie est loin, si non, on allait organiser une délégation avec les autorités pour lui rendre visite ».

Ce que Elliot a été pour Djibo

Le docteur Elliot fait partie de la mémoire de la ville de Djibo. Depuis son enlèvement, sa clinique est restée fermée et certains de ses employés sont allés en retraite. Son plus ancien employé qui est resté à ses côtés durant 35 ans, espère un jour voir de nouveau ce centre fréquenté par les patients avec une équipe plus jeune.

En attendant, Eliot est auprès des siens pour un repos bien mérité, sans doute que dans les prochains mois à venir il va commencer à parler des conditions de son enlèvement, de sa détention et de sa libération.

Le Dr Kenneth Elliot est un chirurgien australien installé dans la ville de Djibo depuis 1972. Ce chirurgien de renom qui avait ouvert sa clinique au centre de la ville et accueillait des milliers de patients de toute la sous-région.

Docteur Elliott Djibo
Le Dr Kenneth Elliot examinant un nouveau-né

Apprécié surtout pour sa simplicité, son professionnalisme et les modiques sommes qu’il prenait chez ses patients, il soignait pratiquement gratuitement.

Par un soir du 15 janvier 2016, il a été enlevé dans sa clinique avec sa femme par des inconnus qui, aux dires de certains témoins sont passés en trombe dans un véhicule 4×4 filant vers le nord de la ville.

Quelques jours après leurs enlèvements, sa femme fut libérée par leurs ravisseurs du côté du Niger.

Il a fallu attendre plus de sept (07) longues années pour voir enfin Elliot regagné les siens en Australie, son pays natal.

Consternation et désolation

Le matin du 16 janvier 2016, c’était la consternation et la désolation. La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Le Dr Elliot a été enlevé dans la nuit avec sa femme.

Chacun se précipitait vers la clinique pour s’assurer de la véracité de l’information. Déjà, les services de sécurité avaient barricadé la zone pour les constats d’usage afin de recueillir des indices.

Plusieurs malades en attente d’opération ou de soins ne savaient plus à quel saint se vouer. Leurs proches, désespérés, se demandaient bien que faire avec leurs malades.

Le gouvernement du Burkina Faso qui venait à peine de s’installer avec le Président KABORE à la tête du pays avait dépêché le Ministre Simon COMPAORE à Djibo pour s’enquérir de la situation et proposer des solutions palliatives pour les malades hospitalisés tout en promettant de tout mettre en œuvre pour la libération du Dr.

Les populations de Djibo, moins d’une semaine après son rapt, se sont massivement mobilisés pour dénoncer son enlèvement et demander sa libération immédiate.

Des prières de toutes les confessions religieuses ont été faites pour implorer le retour sain et sauf du Dr. Quelques semaines plus tard, la clinique n’a pu continuer ses activités et a fermé ses portes.

A plusieurs reprises, il y a eu des informations faisant cas de sa libération. Il est même arrivé qu’une partie de la clinique soit repeinte dans l’attente de son retour tant l’information avait été donnée de sources bien introduites. Mais le Dr est resté introuvable.

Malgré cela, le Collectif des Organisations de la Société Civile du Soum a décidé d’organiser à chaque anniversaire de son enlèvement soit une conférence de presse ou un regroupement au sein de la clinique pour que le Dr Elliot reste toujours dans l’esprit de la population d’une part et d’autre part de rappeler à l’état de continuer les investigations pour son retour.

www.libreinfo.net

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