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Yirgou : ce qui se passe dans le Centre-Nord,est « une insurrection armée locale en réponse au silence, à l’injustice »(Mamadou Sawadogo)

Le collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) commémore l’an 3 du drame de Yirgou. Pour l’occasion, le CISC a organisé le samedi 08 janvier 2022 au Centre National de Presse-Norbert Zongo (CNP-NZ) un panel sous le thème « violations de droits humains et la dégradation de la situation sécuritaire actuelle au Burkina Faso.» Le panel a été animé par d’éminentes personnalités du Burkina Faso.

Par Nicole Sawadogo, stagiaire

Pour commencer le panel, l’expert en sécurité Mahamadou Sawadogo a d’abord dépeint l’évolution de la situation sécuritaire au Burkina Faso de 2015 à nos jours avec la survenue du drame de Yirgou. Pour M. Sawadogo, le massacre de Yirgou a favorisé le développement de la violence extrémiste dans la zone. 

Il soutient que « Après le drame de Yirgou, le Centre-Nord est passé de 0 incident à 150 incidents. » La principale raison est que « la réponse donnée à ce drame a été le silence et c’est ça qui a valu le fait que en quelques mois, nous avons perdu une grande partie du centre-nord. » La conséquence de ce qui se passe dans le centre-nord est « une insurrection armée bien sûr locale en réponse au silence, à l’injustice. », dit-il.

Me Ambroise Farama, avocat constitué dans le dossier de Yirgou, soutient cet argumentaire. Pour l’avocat, « Il faut que les pouvoirs publics se rendent à l’évidence que l’injustice alimente la radicalisation.» 

«  Nous avons estimé à l’époque avec le collectif que ce qui s’est passé à Yirgou s’apparentait à un crime de génocide. Si dès le départ les pouvoirs publics avaient admis qu’il aurait pu s’agir de génocide, ils auraient pris des mesures adéquates pour permettre un traitement diligent de ce dossier. C’est le déni de l’admettre qui nous a conduit dans cette situation», soutient-il.

 Le Procureur du Faso près le tribunal de grande Instance de Kaya, Simon Gnanou a pris fonction le 15 octobre 2021 après le drame de Yirgou. Il précise qu’il n’a pas encore finit de prendre connaissance du dossier mais que le procès-verbal fait ressortir  que « 50 personnes ont perdu la vie et 66 personnes sont portées disparues. »

En ce qui concerne l’état d’avancement du Dossier Yirgou, il affirme que le contexte sécuritaire du pays entrainant le déplacement des témoins est la principale difficulté qui entrave l’avancement du dossier. Ce qui fait que « sur 180 mandats d’amenés, seulement 16 ont pu être exécutés. Donc seulement 16 personnes ont pu être interpellées et amenées à la justice. » 

Christophe Bado, secrétaire général du Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) pour sa part démontre que « le respect des droits de l’homme permet de lutter contre le terrorisme et l’insécurité. » Il cite en guise d’exemple le respect de la non-discrimination qui permettrait de « prévenir les germes de la criminalité » car les terroristes ont pu s’infiltrer dans certaines zones à cause de « l’absence de l’Etat notamment en matière d’infrastructures éducatives, administratives, sanitaires, etc.

Moumini Niaoné, médecin de santé public spécialisé en santé sociale, communautaire et comportementale propose une approche communautaire comme réponse à la situation sécuritaire au Burkina Faso et pour éviter les conflits intercommunautaires. « Dans aucun pays au monde, la solution uniquement militaire n’a donné. Il faut l’implication des communautés, il faut prendre en compte leurs perspectives.», a-t-il déclaré.

Le drame de Yirgou s’est produit entre le 1er, 2 et 3 janvier 2019 entrainant l’assassinat de « 210 personnes » de la communauté peule selon le CISC. 

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