Les attaques terroristes qui endeuillent le pays des hommes intègres sapent les fondations de la société burkinabè : elles tuent les FDS et les VDP, jettent dans l’errance des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ne savent plus à quel saint se vouer, sont à l’origine de la fermeture d’écoles par milliers et causent une kyrielle d’autres maux.
Mais insidieusement, elles font poindre inexorablement un autre mal pernicieux qui, si on n’y prend garde, risque d’ensevelir dans des fosses abyssales les valeurs de dialogue, de bon sens et de fraternité qui ont toujours caractérisé les habitants de ce pays et dont nous sommes légitimement fiers.
Face au fléau qui frappe, chacun tente d’apporter son explication et surtout, tente de proposer une solution. Mais alors c’est là que le bât blesse. Car il s’est érigé comme une nouvelle génération de Burkinabè qui se sont arrogé le droit d’être plus patriotes que les autres, se sont approprié le monopole de dire l’unique vérité et poussent l’outrecuidance jusqu’à refuser à qui ne pense pas comme eux de pouvoir exprimer le moindre point de vue.
Et les réseaux sociaux sont leur nouvelle aire de jeux : ces nouveaux communicants experts en rumeurs et en accusations fallacieuses y déversent à longueur de journée des messages de haine, injuriant, appelant volontiers, par le biais d’audios signés et portant une identité téléphonique, à des meurtres lorsqu’ils estiment que tel ou tel citoyen qui a exprimé une idée qui ne leur plait pas -ô comble de l’ignominie- mérite tout simplement qu’on lui ôte la vie.
Ces citoyens d’un nouveau genre qui se réclament de l’idéal sankariste, exigent que l’on mettre la France dehors, le pied au c… , idolâtrent la Russie, le disent tout net : ils travaillent pour IB le chef de la transition !
Et, comble de l’étonnement, l’autorité ne dit rien ! elle semble s’être emmurée dans un silence assourdissant qui décontenance plus d’un ! pire, elle semble impuissante à régir et à sévir dans certains cas ! le cas d’un certain Sinon Mohamed est forcément emblématique du fait : l’homme a appelé au meurtre de citoyens et incitait à la destruction d’un média.
Personne dans ce pays n’a été en mesure de mettre le grappin sur lui ! Sidérant ! Pour d’autre cas d’infraction constatés de par le passé, on se le rappelle, on a eu droit à des réactions plus foudroyantes de la part de l’autorité. Ou est passé l’appareil judiciaire ? Il semble lui aussi, être rentré -à tort ou à raison- dans ses petits souliers.
Plus à raison qu’à tort d’ailleurs : lorsque de super citoyens s’arrogent le droit de vie et de mort sur leurs compatriotes et que l’Etat lui-même semble l’accepter, la recherche de la justice peut vous exposer à des autodafés perpétrés par les nouveaux serviteurs zélés du pouvoir en place.
Le problème généré qui n’est rien d’autre que le corollaire logique de ce qu’on sait, en est que l’Etat de droit disparait peu à peu, lentement mais sûrement ; le récent massacre qui s’est opéré à Nouna n’en est que l’une des manifestations : sous le prétexte de défendre la nation en péril, on s’arroge le droit de massacrer 28 burkinabè sans aucune forme de procès.
On peut tout dire pour argumenter le débat, mais on retiendra ceci : ceux que l’on a trucidés étaient désarmés et sans défense ; on aurait pu les arrêter pour ensuite les faire comparaitre pour un jugement ; à présent qu’ils sont passés de vie à trépas, on peut tout leur coller sur le dos : ils ne peuvent plus se défendre !
L’année nouvelle est l’occasion de vœux ; pour le Faso, on pourrait en plus de ceux déjà exprimés, formuler celui-ci : que la Transition songe à recadrer sérieusement ses zélateurs qui en plus de chercher à détruire leurs ennemis, minent l’appareil politique de l’intérieur, puisqu’ils le badigeonnent de la boue que constituent leurs écarts de conduite, leur rigorisme et leurs intransigeances malsaines ! A défaut de le faire, il faudra bientôt se préparer pour une nouvelle sépulture : celle de l’Etat de droit !
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