Le président de la Transition au Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré a initié des échanges tous azimuts avec « les composantes » de la nation. Lors de ces rencontres, le chef de l’Etat a pointé du doigt la responsabilité des forces vives dans la situation actuelle du pays. Insouciance des uns, méchanceté manifeste des autres, chaque composante a été interpellée par le président de la Transition. Maintenant qu’on est tous coupables, que faire pour nous extirper de cette crise dans laquelle le Burkina est englué depuis plusieurs années ?
Par la Rédaction
« Quand tout le monde a tort, tout le monde a raison » écrivait l’auteur français Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée. Contrairement à ce que certains attendaient, à savoir que le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’Etat, invite les uns et autres à soutenir la Transition, il s’est voulu « franc » concernant la crise sécuritaire que vit le pays depuis près d’une décennie. C’est vêtu de sa tenue militaire qu’il s’est présenté aux forces vives, comme un apôtre de la sincérité.
Après avoir peint en rouge la situation de la menace terroriste, le président n’est pas passé par quatre chemins pour charger les hommes politiques, les patrons de presse et les organisations de la société civile. Environ dix ans après le déclenchement de la crise sécuritaire, force est de reconnaître que la situation s’est davantage dégradée pour de multiples raisons, dont la plus importante, aux yeux du président de la Transition, est l’insouciance des Burkinabè. « Beaucoup de gens ignorent » la situation du pays, a-t-il martelé, insistant que « la responsabilité incombe à tous et à toutes ».
A juste titre, on pourrait donner raison au président quand on sait que dans cette situation de péril imminent, des hommes politiques ne voient pas autre chose que le terme de la Transition en cours pour leur permettre de (re)venir aux affaires; que des officiers supérieurs sont à couteaux tirés, non pas pour reconquérir les territoires occupés par l’ennemi commun, mais pour conquérir la magistrature suprême ou encore pour des intérêts égoïstes; que des organisations de la société civile, des citoyens lambda ne jurent que pour leurs intérêts mesquins en attendant l’effondrement de l’Etat, si ce n’est déjà le cas dans plusieurs zones du pays.
Dans cette situation où tout le monde est coupable, il sied d’engager très vite des actions pour stopper de toute urgence l’inexorable descente aux enfers du pays. Aux militaires de cesser leur aventure politique et de jouer pleinement leur rôle de sécurisation du territoire. Il n’est plus question de continuer de désigner des boucs émissaires, puisque la responsabilité est partagée.
Depuis longtemps, des politiques ont accusé des militaires de n’être pas républicains et ces derniers ont, à leur tour, pris les armes pour déchoir des présidents élus qu’ils estiment incompétents. Maintenant que l’échec de ces deux catégories d’acteurs majeurs de l’histoire du pays est manifeste, il est question d’œuvrer pour sauver ce qui peut l’être et de donner une chance aux générations futures.
Si, dans cette guerre, des gens doivent être sanctionnés lorsqu’ils contribuent à saper l’effort de nos combattants contre l’ennemi, que ces gens répondent effectivement devant les autorités compétentes.
En pleine guerre contre la Russie, le président ukrainien n’a pas hésité à limoger la procureure générale et le chef des services de sécurité de son pays, en raison de soupçons de trahison de certains de leurs subordonnés au profit de l’ennemi russe.
Ainsi, la “ sincérité ” dont fait preuve le capitaine Traoré du Burkina devant les forces vives, au-delà de susciter tant d’émotions et de compassion à l’endroit des Burkinabè meurtris, doit se traduire en actes concrets.
Qu’il soit journaliste, homme politique, soldat, citoyen lambda, chaque Burkinabè doit être patriote et engagé en prenant des mesures concrètes afin de mettre fin à toute complicité directe ou indirecte avec les terroristes. Il faut, dans cette guerre, assécher les sources de propagation du terrorisme. Le pays a grandement besoin, en cette période difficile, de résistance populaire et encadrée, de patriotisme.