La crise des 46 soldats ivoiriens embastillés au Mali semble avoir pris un tournant décisif cette semaine ; une délégation ministérielle ivoirienne s’est rendue mercredi 21 décembre 2022 à Bamako et en l’espace d’une journée, on doit le noter, beaucoup de progrès semble avoir été fait dans cette crise qui, il y a peu, cristallisait les passions au point que même les plus optimistes parmi les observateurs prédisaient un bras de fer lourd de conséquences pour les deux pays.
On se rappelle les faits : le 10 juillet, 49 soldats atterrissent à Bamako et aussitôt leur présence en terre malienne suscite des débats passionnés ; les versions maliennes et ivoiriennes divergent.
Pour le Mali, il s’agit d’une cohorte de mercenaires ayant pour objectif de perpétrer un coup d’Etat.
La Côte d’Ivoire assure qu’on a affaire à des soldats nationaux venant en soutien logistique à la Minusma. Dans la foulée, les soldats ivoiriens sont emprisonnés à Bamako.
Mais la crise a des relents de « bagarre » souterraine. Abidjan ne voit pas d’un bon œil l’arrivée de la junte de Goïta à ses frontières et Bamako trouve en Alassane Ouattara le principal instigateur qui pilote et télécommande les sanctions de la CEDEAO contre le Mali.
Dans ce contexte, les surenchères verbales prennent le pas sur le consensus et la raison. La libération des 3 militaires qui laissait espérer un assouplissement de la position malienne eut l’effet d’un feu de paille.
Le médiateur togolais multipliait des déplacements et les rencontres, mais visiblement, les positions restaient figées.
Presqu’en désespoir de cause, Abidjan s’en remit à l’arbitrage de la CEDEAO qui, à son tour, intima l’ordre au Mali, de libérer les soldats ivoiriens avant le 1er janvier 23 sous peine de lourdes sanctions.
La visite ministérielle de mercredi laisse présager qu’on est peut-être sur le point de trouver une solution qui arrange tout le monde ; toutes les parties prenantes étaient rassemblées, le médiateur togolais présent ; de nombreux signes de bonne volonté s’y déployèrent : la signature d’un document par les deux parties ; la délégation ivoirienne reçue par le président de la transition Goita.
La partie malienne allant même jusqu’à autoriser une visite de la délégation ivoirienne aux militaires emprisonnés.
Le temps aura fait son œuvre, et de toute évidence, de part et d’autre, on aura tiré les enseignements d’une crise dont aucun des deux pays n’avait vraiment besoin.
Et c’est sans doute les soldats ivoiriens qui, en ce moment, croisent les doigts que la bonne volonté affichée de part et d’autre continue dans la même direction : des familles les attendent pour les fêtes de fin d’année.