Depuis le 30 septembre 2022, date à laquelle le MPSR I du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba subit une rectification qui accoucha du MPSR II, le Burkina Faso vit à l’heure d’une autre transition-bis , menée, cette fois-ci par un jeune militaire de 34 ans, le capitaine Ibrahim Traoré.
Beaucoup d’interrogations se posèrent au début , qui se fondent et se résument en une : qu’apportera ce nouveau régime d’exception ? Comment compte-t-il résoudre (cette insécurité pour de bon, après l’échec cuisant du régime de Damiba) la grosse équation que pose l’épineuse question du terrorisme à un pays qui subit depuis 7 longues années, les affres des attaques des Hommes armés non identifiés, des Groupes armés terroristes et consort, qui n’en peut plus mais qui ne perçoit pas encore de lueur de sortie définitive de son martyre?
Depuis quelques temps, à l’analyse de quelques discours (peu de discours, il est vrai ; l’homme ne parle pas beaucoup), mais surtout au regard d’actes posés, il se dégage plutôt clairement une dynamique vraiment nouvelle qu’a choisie le capitaine, pour le Burkina : le choix de nouveaux partenaires et amis
La première et seule visite pour l’instant en territoire étranger, le capitaine l’effectua au Mali ; un Mali dont on dira sans risque de se tromper qu’à l’heure actuelle, il est l’alter ego du Faso, tant les deux pays présentent des similarités : tous les deux sont régis par une transition dont le chef est militaire, venu au pouvoir par coup-d ’Etat, tous les deux, présentent une poussée nationaliste qui ébranle la mère colonisatrice ; tous les deux ont maille à partir avec des groupes terroristes qui menacent jusqu’à leurs fondements . Les deux ont bien compris l’intérêt d’unir leurs forces dans l’adversité, et entendent se tenir la main.
La Russie ; le rapprochement avec le pays de Vladimir Poutine ne fait plus aucun doute ; le voyage effectué par le premier ministre Kyélem de Tembèla, début décembre 2022, a fini par convaincre même les plus sceptiques.
S’étant détourné du sein de la mère colonisatrice qui n’a pas su apporter l’aide sécuritaire souhaitée, une coopération renforcée avec cette super puissance peut-être une alternative avantageuse, et le capitaine Ibrahim Traoré l’a compris ; peu importe que des voix diabolisent l’ours russe, s’il peut être d’un apport qui permette de bouter ces diables de terroristes hors du territoire, c’est bon à prendre.
La Guinée du colonel Doumbouya ; ce pays lui aussi présente quelques similitudes à l’heure actuelle avec le pays des Hommes intègres ; un coup-d ’Etat réalisé par des militaires, une transition en cours, un chef de junte en treillis.
A la différence du Mali et de la Russie, le rapprochement avec la Guinée a pour motif des raisons économiques ; le port de Conakry peut servir à l’approvisionnement du Burkina via le Mali.
Les ports traditionnels pouvant, pour des raisons politiques que l’on sait, causer du chichi, il est sage de prévoir une issue de secours. La récente crise du carburant, la dernière semaine de décembre a bien échaudé les autorités qui ont bien raison de jouer la carte de l’anticipation.
Les missi dominici que Traoré envoya à Conakry, la ministre des affaires étrangères et celui du commerce ne sont pas des moindres. Ont-ils mission réussie ? On devrait bientôt le savoir.
Le moins que l’on puisse dire est que le capitaine tient parole : il avait annoncé que le pays, sous sa direction, avait opté pour une diversification de ses partenaires.
Les trois futurs nouveaux partenaires stratégiques du Burkina Faso (Mali, Guinée et Russie) sont désormais connus. Qui viendra allonger la liste ? Wait and see !
En tout état de cause, l’initiative vaut son pesant d’or. Car l’inconvénient d’avoir un seul ami est que ce dernier peut vous faire rendre gorge lorsque l’envie lui vient.
Mais lorsqu’on en possède plusieurs, on tient plusieurs cartes entre les mains. Et tant pis si la mère colonisatrice pense avoir perdu un membre de son pré-carré en Afrique de l’Ouest : par moments, elle s’est révélée plus marâtre que mère !
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