La lutte contre le terrorisme au Burkina Faso est activement conduite par les Forces de défense et de sécurité (FDS) depuis plus de quatre ans. Dans cette dynamique, les plus hautes institutions républicaines, notamment l’Exécutif et le Parlement, ont consenti des efforts de plusieurs ordres. Les populations civiles sont appelées à collaborer avec les FDS sur le terrain. Mais cette lutte est encore orpheline d’une opinion publique adéquate et agissante. Or, le bouillonnement d’une opinion publique favorable à l’action des combattants sur le terrain est aussi décisif dans l’avènement de la victoire. Il est donc nécessaire que pour la victoire contre le terrorisme au Burkina Faso, émerge une opinion publique conséquemment agissante. Mais comment ? Quel déclic pour l’avènement de cette opinion publique ?
Par la Rédaction
Depuis 2015, le président du Faso a donné le ton en ces termes : ‘’le Burkina Faso est en guerre contre le terrorisme’’. Dans la foulée, des facilitations normatives pour plus d’opérationnalité des FDS ont été opérées. De son côté, au-delà des interactions avec l’Exécutif sur les questions sécuritaires, l’Assemblée nationale (AN) a consenti une contribution financière de 127 millions de FCFA. Et, depuis quelques jours, elle est, avec son président en tête, en visite de soutien et de galvanisation des FDS sur le terrain, et des populations directement affectées par les attaques terroristes.
L’on se rappelle aussi que des partis politiques, notamment ceux réunis au sein du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) avaient mobilisé de l’argent pour soutenir les FDS. Des acteurs de la société civile dont la Coordination nationale des femmes du Burkina, les forces vives de Bobo et du Ganzourgou en ont fait autant. Le Patronat burkinabé a également offert un soutien financier. Le tout, pour contribuer à équiper et à galvaniser les FDS sur le front de la lutte antiterroriste.
Et jusque-là, la presse reste fortement mobilisée pour le traitement de l’information relative à la lutte contre le terrorisme, quoique des dispositions introduites dans le code pénal en 2019 réduisent drastiquement le champ d’intervention des journalistes sur la question sécuritaire. Elle rend compte des victoires, mais aussi des nombreuses pertes en vies humaines tant dans les rangs des FDS que du côté de la population civile. Le bilan concernant cette dernière (population civile) est parfois effroyable, comme celui faisant état de 31 femmes tuées à Arbinda lors d’une attaque le 24 décembre dernier.
Ces très nombreuses pertes en vies humaines auxquelles s’ajoute l’occupation de certaines parties du territoire national par des terroristes doivent normalement heurter – au tréfonds – la conscience individuelle et collective du peuple burkinabé. Au-delà d’heurter les consciences, cette situation devrait susciter le dévouement actif de chacun et de tous, à quelque niveau que l’on soit. Ce dévouement populaire n’a pas à se traduire seulement par des soutiens financiers, ni par des manifestations sporadiques de soutien. Il doit logiquement secréter une opinion publique très constamment engagée contre le terrorisme : une opinion publique de combat moral, psychologique, spirituel. Et cette opinion publique doit habiter en chacun de nous en dépit de diverses particularités que l’on peut admettre.
A tout le moins, cette opinion publique devrait s’afficher en source vivifiante de galvanisation des FDS déployées sur le terrain de la lutte armée contre les terroristes. Elle pourrait aussi susciter chez le politique (décideur) et chez le technicien (hiérarchie militaire et politicère) plus de clairvoyance dans leurs rapports avec les FDS en campagne.
Mais le peuple burkinabé n’est manifestement pas encore à l’effectivité d’une telle opinion publique. Et ce, peut-être parce qu’il n’a pas encore reçu le stimulus approprié. Autrement dit, il lui manquerait le déclic que les multiples interpellations, manifestations publiques de soutien aux FDS et bilans inacceptables n’ont jusque-là pas réussi à susciter. Que faut-il alors pour susciter ce déclic nécessaire ? La question mérite d’être posée. Les meilleures réponses doivent y être données, car le terrorisme est encore une réalité traumatisante dans notre pays. En vérité, personne n’en est à l’abri. Nous risquons, tous, d’en périr. Et ce risque, il est réel, pressant et gravissime.