Les résultats de l’enquête menée par l’association Dewran, section de Ouagadougou ont été présentés le 27 août 2020 lors d’une soirée culturelle. Cette enquête visait à identifier les enfants déplacés internes en besoin de scolarisation. La cible était les enfants de 5 à 12 ans. Les zones de l’enquête étaient les quartiers périphériques de la capitale dont entres autres, Saaba, Rimkiéta, Yagma, Nagrin, Kossodo, Nioko II.
Par Siébou Kansié
305 enfants dont 187 garçons et 118 filles, appartenant aux personnes déplacées internes à Ouagadougou, ont été recensés du 19 au 20 octobre 2020. Ces enfants sont en besoin urgent de scolarisation, selon les résultats de l’enquête présentés par le président national de l’association Dewran le 27 août 2020 à Ouagadougou.
Parmi ces enfants, l’on dénombre seulement 32% qui sont scolarisés. Les non-scolarisés sont essentiellement des filles avec un taux de 77%. En outre, plus de 80% de ces enfants n’ont pas d’extraits d’acte de naissance. Démunis, ils sont en quête de parrainage. Le parrainage consiste à la prise en charge de l’enfant en termes de fournitures scolaires et de scolarité du CP1 jusqu’au CM2, selon Safi Diallo, présidente de Dewran section Ouagadougou.
Les potentiels partenaires ciblés par Dewran sont les ONGs et les personnes ressources. Certains ont déjà marqué leur volonté d’aider à la scolarisation de ces enfants. Mais aucun acte concret n’a été enregistré. Amadou Diallo,président national de Dewran dit garder espoir que d’autres bienfaiteurs se manifesteront avant la rentrée qui s’annonce.
Selon M. Diallo,président national de l’association, les frais de scolarités dans les écoles des zones cibles varient entre 38000 et 70.000 FCFA. Si l’on ajoute les fournitures, Dewran estime le coût de la scolarisation entre 90.000 à 100.000f. L’association compte également sur les ONGs pour une prise en charge alimentaire de chaque enfant parrainé. Toutefois, Dewran dit laisser le choix à chaque ONG qui désire prendre en charges ces enfants, d’évaluer elle-même le coût de la scolarisation.
Au regard des besoins qui sont si énormes, Dewran lance un appel à toutes les personnes de bonne volonté et à l’État, d’agir afin que tous les enfants identifiés aient des parrains qui puissent les accompagner dans leur scolarisation. C’est le seul moyen de vaincre le terrorisme, selon le président national de l’association. Car si les enfants sont éduqués, s’ils ont une orientation de leur vie, ils tourneront le dos aux terroristes.
« Seul l’ignorant est méchant. Aujourd’hui, nous vivons l’insécurité parce que des gens peuvent recruter des ignorants pour en faire des personnes méchantes », dira Amadou Diallo.
La cérémonie marquée par une conférence, des prestations artistiques et des jeux concours était parrainée par Abdoulaye Diallo. Celui-ci a salué l’initiative de ses filleuls dont la plupart sont des étudiants, et leur a réaffirmé sa disponibilité à les accompagner dans le combat qu’ils mènent pour l’éducation des enfants.
Paraphrasant le président Thomas Sankara, il a déclaré que : « Je veux qu’on retienne de moi l’idée d’un homme qui a été utile à son pays, à son peuple ». Il les a aussi exhortés à étudier davantage car c’est un moyen d’ouverture d’esprit et d’ouverture sur le monde. « Etudiez, formez-vous, armez-vous de science jusqu’aux dents », a-t-il indiqué en citant Cheik Anta Diop.
Dewran signifie, l’entente, la cohésion sociale en fulfuldé. C’est une association créée par des étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo en 2006. Son objectif est entre autres, d’aider à la scolarisation des enfants et l’alphabétisation des adultes, à la promotion de la culture peule surtout, à la promotion de l’intégration entre toutes les communautés. Selon Amadou. Tall, coordonnateur de ce projet éducatif de Dewran « la majorité de la communauté peule n’ont pas la logique d’inscrire les enfants à l’école. Les enfants se retrouvent dans l’élevage à l’âge d’aller à l’école. C’est ce qui a poussé les étudiants peuls qui ont eu la chance d’aller à l’école de créer cette association afin de sensibiliser les parents à inscrire leurs enfants à l’école. »
La première promotion des enfants parrainés par Dewran ont réussi à leur Baccalauréat et feront bientôt la rentrée universitaire 2020-2021.
Encadré interview avec Amadou Diallo, président national de Dewran
Vous venez de boucler le 20 août 2020, une enquête sur l’identification des enfants en situation de vulnérabilité ceux des personnes déplacées internes, en vue de leur scolarisation. Présentez-nous l’essentiel de ces résultats.
Nous avons recensé au total 305 enfants, en majorité des garçons. 61% sont des garçons. Parmi les recensés, seulement 32% sont scolarisés. Parmi les non scolarisés, on a 77% qui sont des filles.
Il y a une urgence pour ces filles parce qu’il y a eu déjà des témoignages qui disent que les filles sont les plus vulnérables dans cette situation. L’enquête a révélé aussi qu’il y a plus de 80% de ces enfants déplacés internes qui n’ont même pas d’extrait d’acte de naissance, et qu’il faudrait travailler à doter d’extrait de naissance.
Comment vous comptez obtenir le parrainage pour tous ces enfants ?
Nous allons d’abord approcher dans un premier temps les personnes ressources qui vont nous aider à entrer en contact avec les ONGs. Très bientôt, nous comptons organiser un atelier de restitution pour les ONGs à Ouagadougou. Nous allons présenter les résultats de l’enquête aux ONGs pour les intéresser à accompagner ces enfants.
Donc toute notre stratégie actuellement tourne autour des ONGs et surtout tous ceux qui sont prêts à accompagner ces enfants.
Au cas échéant, nous allons voir des personnes ressources même si ce sera que la scolarité qu’elles paieront.
Y a-t-il des structures qui vous ont déjà manifesté leur intention de soutien ?
Nous avons déjà l’association Andal et Temal,nous avons approché l’ONG Terre des hommes qui nous appuie beaucoup dans ce travail. En dehors de ça, nous n’avons pas encore de contact direct une ONG prête à nous accompagner.
En quoi consiste ce parrainage ?
Le parrainage consiste à payer les scolarités des enfants et leurs fournitures scolaires. Nous le faisons depuis des années, c’est seulement la prise en charge humanitaires, c’est-à-dire, l’alimentation qu’on ne pourra pas satisfaire si toutefois on n’a pas l’accompagnement des ONGs.
Combien peut coûter le parrainage d’un enfant ?
Ce que nous avons pu évaluer à ce jour, c’est là la scolarisation, qui est autour de trente-huit mille (38 000) jusqu’à soixante-dix mille (70 000).
Si on ajoute la fourniture scolaire qui tourne autour de vingt- mille (20 000), on aura environ cent mille (100 000) FCFA.
Maintenant, nous sommes en train d’évaluer l’alimentation sur toute l’année scolaire de l’enfant pour voir combien ça peut coûter.
Nous appelons tous les Burkinabè à nous appuyer dans ce sens, parce que c’est un combat collectif et un combat de jeunes. Donc, on besoin non seulement d’accompagnement mais aussi des conseils.
Que compte faire l’association s’elle ne reçoit pas assez de parrainage ?
Nous mobiliserons les membres à cotiser pour assurer la scolarisation de ces enfants en attendant toujours les bonnes volontés.
Propos recueillis par Siébou Kansié