Après deux années de formation à l’École des cadres supérieurs en travail social (ECSTS) à Ouagadougou, Issaka Nagreogo a soutenu publiquement ce vendredi 02 octobre 2020, son mémoire de fin de cycle. Son travail est jugé recevable avec la mention bien par le jury. Il obtient ainsi le Diplôme d’État du conseiller d’éducation féminine. Sa recherche a porté sur le thème : « Analyse des facteurs explicatifs du faible rendement scolaire des filles des établissements post-primaires et secondaires dans la commune rurale de Ouo, province de la Comoé. » L’étude s’est déroulée sur la période de juin à août 2020.
Par Etienne Doly,stagiaire
« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne », disait Victor Hugo. L’égal accès à l’éducation pour tous les enfants demeure aujourd’hui un combat pour tous les acteurs notamment les décideurs politiques, les travailleurs du social et les ONGs. C’est pour apporter sa pierre à l’éducation des filles qu’Issaka Nagareogo a mené cette recherche dans la commune de Ouo.
Les résultats de la recherche présentés au jury montrent deux principaux facteurs qui entravent le bon rendement scolaire des filles dans cette commune. L’impétrant retient d’une part les facteurs socio-économiques, et de l’autre, les facteurs institutionnels.
Concernant les facteurs socio-économiques, il relève le revenu modeste des parents qui ne permettent pas une prise en charge nécessaire de leurs enfants. Cela oblige ces filles à s’adonner à des activités commerciales pour compléter leurs besoins. Selon les résultats sur 47 filles enquêtées 32% soit 15 filles vivent sous tutorat, 13 soit 28% vivent en location. Donc 60% des enquêtés ne vivent pas avec leurs parents dans le cadre de leurs études. Cela, à cause du manque d’établissements dans leurs villages.
Elles sont donc forcées à mener des activités domestiques et commerciales entres autres. Selon cette étude, 34% des filles pratiquent des activités commerciales en plus des activités domestiques. Seulement 29,79% de ces filles arrivent à pratiquer des activités scolaires après celles domestiques. Aussi,34 filles passent plus de 2 heures dans les activités domestiques et 10 heures dans un intervalle de temps entre 1 heure et 3 heures.
L’étude révèle que les filles s’investissent moins dans les activités scolaires : « Les filles s’investissent plus en temps et en énergie dans les activités à l’équilibre sociaux-économiques des familles au détriment des activités scolaires », selon les conclusions de M. Nagréogo.
En termes d’infrastructures, en dépit de sa taille (28 villages) et de sa situation géographique (120 km de Banfora) la commune rurale de Ouo compte qautre établissements post-primaires tous publics dont collèges collèges d’enseignement général et un lycée.
Du fait de l’insuffisance d’infrastructures, certains élèves parcourent 25 à 55 Kilomètres pour rejoindre leurs établissements. A cela s’ajoute une insuffisance de ressources humaines notamment les enseignants et le personnel administratif. Il en veut pour preuve selon les résultats de la recherche, le CEG de K’poum qui ne dispose d’aucun enseignant permanent à l’exception de l’économe, le seul personnel administratif. Au CEG de Norkama, le directeur est le seul enseignant permanent et en même temps personnel administratif.
Pour contribuer à l’amélioration du rendement scolaires des filles, l’impétrant a fait des recommandations aux différents acteurs concernés. À l’endroit du ministère de l’éducation national et ses partenaires techniques, il recommande la construction des établissements afin de les rapprocher aux élèves des différents villages. Le ministère doit également faires des plaidoyers au niveau des décideurs politiques et du ministère de la femme pour la création d’un service social dans la commune rural de Ouo.
À l’endroit des parents et tuteurs d’élèves, Issiaka Nagreogo, recommande une communication régulière avec les filles pour identifier les difficultés qu’elles traversent au quotidien. Ils doivent également suivre de façon rigoureuses les études et les résultats de leurs enfants afin de déceler les défaillances auxquels on pourrait y remédier.
Pour les responsables de l’éducation de la commune de Ouo, le désormais conseiller d’éducation féminine, suggère des échanges avec les parents ou les tuteurs pour sur les attitudes et comportements qui influent sur le rendement de leurs enfants. Toutes ces actions permettront d’atteindre les résultats escomptés.
Pour le Président du jury, Boureima de Salam Ouédraogo, le thème est très pertinent dans la mesure où l’éducation des filles constitue aussi bien une préoccupation pour notre société de manière générale, mais à la fois des décideurs politiques et administratifs. Ce thème interpelle les ministères en charge de l’éducation et celui de la femme. « Nous reconnaissons ensemble que le document est plein d’informations utiles qui feront l’objet d’exploitation par d’autres institutions et structures. On ne peut que féliciter l’étudiant pour ces efforts de recherches », a déclaré M. Ouédraogo, président du jury. « Nous avons demandé à l’impétrant de revoir les suggestions pour les rendre beaucoup plus opérationnelles, réalistes et réalisables. Elles peuvent être mises en œuvre pour contribuer au meilleur rendement des filles. », conclut-il.
L’impétrant s’est dit satisfaits des critiques et suggestions du jury et s’engage à les prendre en compte dans le document final. « Je suis satisfaits des appréciations du jury parce que tout travail scientifique se doit une appréciation. J’ai promis au jury de prendre en compte les suggestions et amendements faits sur le document ». Il a par ailleurs adressé ses remerciements à son directeur de mémoire M. Belemkoabga Ibrahim et à tout le jury pour les efforts consentis pour son document.
Valentin Sedogo et Assèta Bougoum ayant assisté à la soutenance ont félicité l’impétrant et adressé leurs remerciements au jury pour l’accompagnement de leur camarade. Pour eux, le jury s’est basé sur des éléments scientifiques pour faire des observations. « J’ai suivi avec satisfaction la soutenance de mon frère et ami. Je tiens à le féliciter et à remercier le jury pour les criques parce qu’aucun travail n’est parfait. C’est un thème d’actualité » a déclaré M. Sedogo.