La situation sécuritaire dans la province du Soum a occasionné la fermeture de plus de 1400 écoles du préscolaire, du primaire et du secondaire. Cette situation a eu pour conséquence le départ de milliers d’enseignants des villages, laissant les élèves dans la nature. Pour résoudre le problème, des jeunes se sont engagés volontairement pour assurer les cours dans cette localité du Burkina Faso. Les promesses d’accompagner ces volontaires par le ministère en charge de l’Education sont restées vaines. Au regard de la situation, ils menacent de déposer la craie.
Par Inoussa Sankara, correspondance particulière
Les menaces répétées des terroristes sur le corps enseignant avaient amené des enseignants de Pobé-Mengao, dans la province du Soum, à quitter précipitamment la localité, abandonnant les élèves à leur triste sort.
Après plus de deux ans de fermeture des classes, les parents d’élèves et les responsables de l’éducation au niveau local se sont concertés pour rouvrir les classes afin de permettre aux enfants de reprendre le chemin de l’école.
Une dizaine de jeunes volontaires a accepté de résider dans le village afin de donner des cours à plus de 600 élèves. C’est ainsi qu’à la rentrée scolaire 2020-2021, les élèves ont eu la chance de redécouvrir à nouveau leurs classes.
Le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales a eu vent de l’initiative. Chose qu’il a encouragé tout en promettant de prendre en charge le salaire des volontaires.
Hélas, depuis octobre 2020 jusqu’en fin avril 2021, les enseignants n’ont reçu aucun « kopeck ». Obligés de vivre de la générosité des bonnes volontés, le Maire leurs était venu en aide par deux fois. Mais depuis, plus rien.
Lasser par la situation, avec une précarité menaçante, la dizaine de jeunes qui avait accepté de braver les risques et les dangers, clament de déposer la craie et de partir. « Nous sommes fatigués maintenant. Les promesses sont repoussées de mois en mois et jusque-là nous n’avons pas de rémunération » se plaignent-ils.
La solution viendra du Ministère
Et d’expliquer que quand ils arrivaient, c’était l’insécurité totale. De jour comme de nuit, ils n’osaient pas faire 200 m de chez vous. Ils vivaient chaque jour, la peur au ventre, les enlèvements et les menaces d’attaques. « C’est bientôt les vacances et nous ne savons pas quoi faire ? Les parents pensent que nous avons eu du travail, que nous avons un salaire. Personne ne vous vient en aide au niveau de la famille et on va jusqu’à insinuer que vous manger seul. C’est décourageant » raconte un enseignant volontaire qui a choisi de garder l’anonymat.
Au niveau de la mairie comme à la direction provinciale de l’éducation, la réponse est la même. La solution viendra du Ministère. « Si le départ des enseignants se concrétisait, ça va être un coup dur pour l’éducation dans la commune de Pobé-Mengao. Il faut que le gouvernement voie le cas de nos enfants, c’est vraiment dommage tout ça » se désole Konfé, un conseiller municipal.
C’est l’attente de la réaction du département de Stanislas Ouaro à la circonscription de base de Pobé-Mengao. A la direction provinciale de l’éducation du Soum, les responsables font savoir que la situation n’est pas dans la seule commune de Pobé-Mengao. Les enseignants volontaires de Arbinda vivent la même réalité.
Il faut souligner que dans plusieurs localités de la province, des écoles ont été saccagées et du matériel pédagogique détruit par des individus armés non identifiés. Au cours de ces dernières années, au moins quatre enseignants ont été tués, dissuadant ceux qui étaient restés sur place.