Les femmes burkinabè sont nombreuses à travailler depuis longtemps dans certaines professions (infirmière, secrétaire, enseignantes etc.). Mais ces dernières années, elles commencent aussi à s’investir dans des métiers jusqu’ici exclusivement masculins. Libreinfo.net est allé à la rencontre de certaines femmes qui exercent avec passion des métiers qui n’attiraient que des hommes. Par André-Martin Bado
Elles sont mécaniciennes, électriciennes, maçonnes, conductrices de gros engins, ou encore militaires, ces femmes qui se battent pour exercer un travail dit ‘’masculin’’. Ces femmes sont souvent mères au foyer, elles doivent quotidiennement braver les préjugés de la société pour exercer leur métier. Au fil du temps, elles forcent l’admiration de tous par leur travail. Elles sont la preuve que la femme peut bien exercer le métier dit d’homme et réussir son insertion sociale.
Ceinture de sécurité à la taille et chaussures de protection au pied, Fausia Compaoré est la seule femme, parmi l’équipe d’électriciens que nous avons trouvée sur le terrain. Tout comme les hommes, la jeune électricienne de 28 ans est prêtre a gripper sur des poteaux pour des installations de câbles électriques. Elle nous dit, qu’elle n’est pas devenue électricienne par hasard, bien au contraire, elle a toujours rêvé d’exercer ce métier « je ne suis pas devenue électricienne par nécessité, mais par passion du métier. C’est pourquoi après l’obtention de mon BEPC, j’ai opté pour l’enseignement technique, plus précisément l’électricité. Après mon Bac F3, j’ai arrêté les études pour me lancer dans le domaine professionnel » nous confie-t-elle.
Fausia est aussi mère au foyer, pour elle son travail ne doit pas empêcher sa vie de famille. Elle reconnaît que le métier n’est pas facile avec son statut de femme au foyer. C’est un travail qui nécessite plus de temps, vu qu’elle voyage souvent pour des installations dans d’autres localités du pays. Pour elle, tout est une question d’organisation. « Il faut savoir privilégier ce qui est nécessaire. Les hommes s’organisent pour gérer le travail et la famille et les femmes peuvent le faire aussi» dit-elle.

Sous un soleil écrasant, habillée d’un gilet jaune et un casque à la tête, Franceline Kouraogo est au volant d’un engin lourd appelé compacteur. Elle est conductrice à la mairie de Ouagadougou. Elle explique, comment, elle est devenue conductrice de cet engin « Je suis la seule femme qui conduit le compacteur à la mairie. Au début, je n’avais jamais pensé que je pouvais exercer ce métier. Pour moi c’était un métier d’homme. J’étais dans une entreprise de Travaux publique. Je guidais les carmions sur le chantier. Je voyais les hommes conduire ces machines et je les admirais. Et un jour, un conducteur m’a proposé d’être son apprenti. Je n’ai pas trouvé d’inconvénient. Je me suis accrochée à la formation et ça s’est bien passé. Aujourd’hui j’arrive à m’imposer dans ce milieu. Ça fait 3 ans que je suis dans ce domaine ».
Concilier cependant son métier avec la vie de famille n’est pas une tâche simple pour Franceline. Elle est célibataire et vit seule avec ses deux enfants. « mes enfants sont en bas âge. Je descends souvent tard ou en voyage et je suis seule à m’occuper d’eux. Ce qui veut dire que je joue le rôle de mère et de père. Malgré le long et pénible chemin qui m’a permis d’apprendre le métier, j’éprouve une immense fierté à le pratiquer ».

Les mains plongées dans le moteur d’une voiture, le front perlé de sueur, habillée en tenu bleu de travail, Zalissa Roamba ,19 ans, est élève en mécanique auto dans un établissement de la place. Elle est aussi fille d’un garagiste. Zalissa explique : « Mon père avait refusé, que j’exerce ce métier. Pour lui c’est le travail d’homme. Avec l’aide de ma mère, je me suis inscrite en mécanique auto. J’ai prouvé que je mérite ma place dans ce métier dit d’homme. J’ai eu le BEP en mécanique et l’an prochain je dois faire le BAC pro. Je suis fière de faire ce métier et j’ai aussi une grande chance en plus de la théorie à l’école, je viens faire la pratique ici dans le garage de mon père. Aujourd’hui, il est fier de moi, il m’encourage à persévérer »
Pour cette jeune fille, de nombreuses femmes ont peur de se lancer dans des filières dominées par les hommes. Cela est dû à un ensemble de facteurs comme l’éducation, la culture et la société.