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Je suis sûr que Zéphirin Diabré préfèrerait Roch au pouvoir que Eddie Komboïgo pour une raison simple

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Roch Kaboré, le candidat du MPP a remporté l’élection présidentielle du 22 novembre au premier tour(Coup KO).En attendant, la décision du Conseil Constitutionnel, plusieurs candidats qui étaient en course pour la présidentielle ont déjà félicité le Président élu. Libre info s’est entretenu avec le Premier vice président du parti MPP, Clément Sawadogo par ailleurs Directeur de cabinet et porte parole du candidat Roch Kaboré. Il parle de la stratégie de leur parti, le jeu des alliances, le prochain gouvernement etc.

 

Propos recueillis par Albert Nagreogo

Libreinfo.net :Votre candidat Roch Kaboré vient de gagner l’élection présidentielle au premier tour, qu’est ce qui a favorisé le coup KO? Le travail du terrain ou le bilan du candidat?

Clément Sawadogo :Non seulement vous avez la personnalité des candidats, leurs carrures politiques mais aussi vous avez les questions imputables au bilan lorsqu’il s’agit en particulier de quelqu’un qui a déjà exercé à la tête de l’Etat et qui cherche sa réélection. Le bilan est forcément un élément important. Mais il n’y a pas que les deux aspects. Il y a un troisième. C’est l’envergure des forces politiques qui soutiennent le candidat. Dans le cas d’espèce vous avez le MPP qui est le plus grand parti au Burkina Faso, implanté jusqu’au moindre hameau de culture, implanté pratiquement à l’intérieur de toutes les couches socioprofessionnelles de notre pays et qui est soutenu par 70 autres partis. C’est vrai que ce ne sont pas tous des grands partis mais tout de même un parti peut toujours apporter quelque chose. C’est une conjugaison de tous ces aspects qui ont déterminé la victoire du candidat Roch Marc Christian Kaboré dès le premier tour.

Libreinfo.net: Mais il y a des gens qui voient dans ces élections le moyen financier et qui pensent que c’est aussi un pilier très important que dites vous?

Mais à ceux qui disent cela je vais les rappeler que le président Roch Kaboré avait déjà gagné les élections de 2015 sans être au pouvoir. Naturellement, il y a des acquis de l’histoire en termes de connaissance et peut-être une personnalité connue de l’histoire. Je parlais de carrure, il avait cette carrure puisqu’il a dirigé l’assemblée nationale pendant dix ans, il a été premier ministre, présidant du CDP à l’époque pendant douze ans. Mais en dehors de ces acquis en termes de connaissance, de renommée, de carrure on ne peut pas dire qu’il avait caché un butin de guerre quelque part pour le sortir un jour, je ne pense pas. Au contraire vous pouvez être sûr qu’en 2015 c’était très difficile pour nous. De toute évidence, il y a des partis qui semblaient plus fortuné que nous.

Libreinfo.net: Donc pour vous, l’argent ne rime pas forcement avec la politique ?

Clément Sawadogo: Oui, mais je ne peux pas quand même ne pas préciser qu’un grand parti marche aussi avec de grands moyens. Ça c’est la vérité. La langue de bois ne m’intéresse pas. Cela veut dire autant vous mobilisez des masses, les citoyens lambda, la société, autant vous mobilisez aussi des personnes qui ont les moyens pour vous soutenir. Au moment des campagnes ces personnes contribuent également. On ne peut pas outrepasser cela. Vous allez constater qu’aucun parti au Burkina ne fonctionne avec les cotisations des militants de base. Cependant, dans tous les partis, il y a des soutiens importants. C’est comme si on parlait de grands électeurs ailleurs. Ici aussi, il y a de grandes personnalités, des personnes friquées qui soutiennent les partis parce qu’eux même ils sont militants, parce qu’ils soutiennent particulièrement le candidat ou pour une raison ou une autre soutiennent et apportent des appuis.

Libreinfo.net :On a entendu parlé des opérateurs économiques qui ont fait un soutien financier pendant cette campagne au MPP, est-ce que vous confirmez ?

Non. Je ne confirme pas. Il y a des opérateurs économiques qui nous ont aidé en fonction de leur force contributive. Mais il y a aussi des opérateurs économiques qui ont soutenu les autres candidats.

Vous en connaissez ?

Non je ne les connais pas. Même ceux qui nous(Mpp) ont aidé je ne les connais pas tous. Je sais seulement que si vous êtes candidat que ce soit la présidentielle ou les législatives, vous avez forcément soient vos parents qui sont des opérateurs économiques ou vos amis, ceux qui soutiennent vos idéologies qui vont contribuer pour vous aider, parce que la campagne elle ne se fait pas les mains nues. Il faut vous déplacer. Il faut faire déplacer beaucoup de gens qui charrient vos slogans ; vos banderoles, vos affiches… Il faut pouvoir organiser des réunions et souvent de grandes réunions qui ont un coût. Coût de sonorisation, de mobilisation… Donc il y a une affaire de moyen qu’on ne peut pas négliger.

Libreinfo.net :Vous avez prôné le un coup KO. Il est arrivé. Est-ce que vous avez senti à un moment la peur de ne pas avoir le pouvoir dès le premier tour ?

Si on remonte plus loin dans le temps, oui!  Il y a des moments où les situations politiques tanguaient un peu surtout avec l’insécurité ambiante. Quand les terroristes arrivaient vraiment à faire beaucoup de victimes, dans une opération et que le moral de la société est à terre. Il est vraiment évident qu’à ces moments-là l’on se demande ce que va être la prochaine élection. Mais Dieu merci comme vous le constatez depuis environ un an, la prévalence de l’insécurité a un peu baissé dans le pays. L’essentiel du territoire est aujourd’hui sécurisé. Là où le problème continue à se poser avec acuité c’est dans les zones frontalières.

En moment vous avez peur que votre bilan ne soit affecté ?

Oui, en ce moment on ne peut pas ne pas avoir peur. Et cela est valable pour tous les dirigeants. Au moment où le moral de la société prend un coup. Il est évident que si des élections tombaient par exemple en ce moment ce n’était pas bon.

Libreinfo.net :Donc en pleine campagne vous n’avez pas eu peur de la mobilisation de vos adversaires ?

Clément Sawadogo :Juste quelques trois mois avant la campagne, c’est-à-dire à partir du congrès d’investiture de notre candidat, moi personnellement j’étais assez confiant. D’abord nous avons fait le bilan. Le bilan du quinquennat a été largement probant. Quand je regarde aussi que l’insécurité baissait et le fait qu’on ait pu maitriser la pandémie de la covid-19, le fait que le front social s’est un peu amenuisé. Et vu que nos troupes étaient en ordre de bataille pour aller au combat après ce congrès, moi je me suis dit qu’on va gagner et par coup KO. Je n’ai pas douté de cela pendant ce temps-là jusqu’au jour où ça s’est passé ainsi. La politique en matière de campagne, on ne peut pas dire que c’est une science exacte. La politique est difficilement qualifiable comme étant une science exacte mais quand même il y a des paramètres déterminants sur lesquels on peut se tendre. Même ceux qui aujourd’hui disent qu’on a gagné parce qu’on a fait de la fraude, parce qu’on a des moyens, ce n’est pas vrai. Ils savent très bien que les prérequis étaient réunis pour qu’on gagne. Je vais illustrer cela de manière simple. Quand l’opposition elle-même s’emboute pour dire qu’elle ne veut pas qu’on organise les législatives après les presidentielle, qu’est-ce qu’elle insinue ? Elle insinue que nous allons gagner très probablement les présidentielle. Donc on risquait après avoir gagné les présidentielle, de faire maintenant un raz de marée aux législatives. Vous voyez que quelque part dans leur propre subconscient ou dans leur conscience, le président Roch était bien parti pour être réélu.

Libreinfo.net : Comment vous avez accueilli la signature de l’accord politique entre les partis de l’opposition ? Est-ce que ça vous a donné un peu de frayeur ?

Non, pas du tout parce que personnellement à partir de l’analyse politique que j’en ai fait, j’avais compris que c’était un accord qui n’a pas de sens, qui n’a pas d’intérêt.

Pourquoi ?

Il concerne le second tour. Il faut donc aller d’abord au second tour. Or nous dans notre idée, il fallait tout faire pour passer au premier tour. Et on pensait vraiment qu’on allait passer au premier tour. Donc c’est un intérêt déjà minime. Même dans l’hypothèse d’un second tour, cet accord n’allait pas tenir. Je vous le dis franchement. On se connait tous. Je suis sûr que Zéphirin Diabré préfèrerait Roch au pouvoir que Eddie Komboïgo pour une raison simple. Roch joue son dernier mandat, il ne sera plus candidat. Mais s’il soutient Eddie, il est élu, il sera encore candidat. Donc ça veut dire que lui il signe sa sortie définitive parce qu’il devrait attendre dans dix ans. Eddie préférerait la même chose parce que si Zéphirin est élu à ce mandat, il va empiler pour un deuxième mandat. Et lui Eddie devrait attendre dix ans. Rien que pour cette raison, l’accord ils l’ont signé mais n’y croient pas eux même. Ça n’engage que moi. Ce n’est pas l’analyse de mon parti. Moi j’étais convaincu que c’est un accord qui n’a pas d’intérêt.

Libreinfo.net :Après cette réélection, c’est désormais la composition du gouvernement, l’assemblée nationale etc. comment vous voyez l’avenir à l’Assemblée nationale ? Déjà on peut dire que vous aurez la majorité avec le NTD qui a fait un bon score. Est-ce que ce score du NTD est une surprise pour vous ?

Oui c’est une surprise, même pour eux parce que passer de trois à treize députés c’est une avancée importante qu’on ne peut pas prévoir d’habitude. Ils se sont battus, ils ont gagné, on les félicite. Mais je pense qu’il n’y a pas de génération spontanée en politique. Ils ont gagné certainement c’est à la sueur de leur front. Ils ont gagné aussi parce qu’ils avaient beaucoup de soutien au sein de la société. Donc il n’y a rien à dire.

Libreinfo.net :Comment expliquez-vous que le MPP n’arrive pas à faire mieux que son score de 2015, de 55 en 2015 vous êtes passé à 56 en 2020 ?

Avec la méthode de calcul du nombre de siège par le plus fort reste, il est quasiment impossible pour un parti d’avoir plus que ce nombre-là parce que la plupart des provinces sont des provinces à deux députés. Or à deux députés comme vous l’avez constaté dans beaucoup d’endroit le MPP a vingt mille voix, il a un siège et le parti suivant qui a cinq mille voix à aussi un siège. Donc avec cette méthode de calcul, dans les provinces à deux députés vous ne pouvez pas avoir les deux quelque soit votre effort. Sauf exceptionnellement comme dans le Ganzourgou où on a 90% des voix. Là on peut avoir les deux sur deux. Mais ailleurs vous avez 60% des voix vous n’avez qu’un. Vous avez même 70% des voix vous n’avez qu’un.

Mais dans la province du Kadiogo vous avez fait l’exception avec 4 députés sur 9

Non, 4 sur 9 ce n’est pas l’exception. Cette fois-ci on a eu un peu de chance et la stratégie s’est mieux portée et on a eu 4. Si vous préférez même à l’époque dans l’ancien régime, le parti au pouvoir gagnait quatre dans le Kadiogo. Quatre c’est le maximum parce que cinq c’est quasiment impossible. Donc je pense qu’il faut comprendre qu’avec le plus fort reste, le score de 55 ou de 56 députés c’est vraiment un maximum.

Qui sera le futur président de l’assemblée nationale, comment va se passer les choses ? 

Je ne peux pas en dire grande chose actuellement parce qu’il aura forcément des concertations entre les différents partis qui vont composer la majorité. Il y aura aussi forcément le mot du chef de l’Etat qui reste le capitaine dans le bateau MPP. Il aura aussi forcement le mot du parti MPP présidé par Simon Compaoré. Il y a donc plusieurs voix qui vont certainement s’exprimer pour qu’on aboutisse à une concertation qui va donner lieu à quelque chose à la désignation du président, du vice-président etc. A l’heure actuelle il serait trop tôt de dire comment va être la couleur. Ce qu’on peut dire c’est qu’on a la majorité.

Libreinfo.net :Seriez-vous prêt à accepter un parti comme l’UPC ou le CDP dans la majorité ?

Déjà je pense que le CDP ne sera pas intéressé étant déjà chef de file de l’opposition. Et historiquement parlant aussi avec les derniers tumultes de l’histoire, je ne pense pas que ça intéresserait le CDP de se mettre côte à côte avec le MPP. Si l’UPC qui perd désormais sa première place dans l’opposition propose ou souhaite être du côté du président du Faso, je pense qu’il reviendra au président du Faso d’en aviser. Mais d’emblée on ne peut pas dire que c’est une bonne ou une mauvaise chose parce qu’en politique tout est possible comme l’a dit notre président. Mais je ne sais pas trop si ça intéresserait l’UPC de se retrouver du côté de la majorité. C’est vrai que y a des rumeurs mais jusqu’au jour(dimanche 7 décembre) où je vous parle le débat n’est pas encore posé en ce qui nous concerne.

Au niveau du parti ou entre le parti et l’UPC ?

Non seulement au niveau du parti mais aussi entre le parti et l’UPC. D’abord entre le parti et l’UPC il faut un signal. Il n’y en a pas encore eu lieu. Et s’il y a un parti, ça viendra au niveau du parti pour discussion et décision. Or jusque-là il n’y a aucun indice. C’est juste sur la toile qu’on voit des commentaires, on ne peut pas considérer cela comme quelque chose de sérieux.

Mais il peut avoir une place à la majorité s’il veut bien ?

Clément Sawadogo :Il y a beaucoup de paramètre qui déterminent cela parce qu’ils ont leur idéologie, leur vision politique. Est-ce qu’elle s’accommode de celle du MPP qui est un parti social-démocrate et qui a aussi sa vision. L’UPC nous a beaucoup critiqué, vraiment des critiques très acerbes sur toute la durée du premier mandat et pendant la campagne électorale. Est-ce ça l’arrange de se retrouver en train de dire maintenant que ce qu’on fait est bon, c’est vraiment complexe. Et nous, est-ce que ça nous arrange que celui qui nous tapait fort se retrouve assis côte à côte avec nous. Est-ce que certains de nos militants ne verront pas en cela quelque chose de gênant, il y a beaucoup de paramètres. Mais comme je le dis en politique tout est possible. Je vais prendre l’exemple du CDP d’antan. Pour passer de l’ODT/MP en début 1996, des partis qui étaient fiévreusement anti-CDP, anti Blaise Compaoré comme le CNPP de l’époque s’est retrouvé assis avec l’ODT/ MP pour créer le CDP. C’est pour cela dans a politique il ne faut jamais dire que c’est impossible. Mais je dis jusqu’aujourd’hui on a aucune donnée tangible qui puisse nous dire que la question est sur la table.

Est-ce y a d’autres partis politiques de l’opposition qui frappent déjà la porte de la majorité ?

Je ne suis pas au courant de cela.

Libreinfo.net :Mais comment vous voyez l’opposition dans les cinq prochaines années avec Eddie Komboïgo ?

Clément Sawadogo :Je pense que c’est une opposition républicaine puisque Eddie Komboïgo était candidat à la présidentielle et son parti le CDP a participé aux législatives. C’est un parti qui s’inscrit dans une vision républicaine, dans la démocratie dans son jeu politique. Je pense que c’est déjà une bonne chose que tout se joue à l’intérieur du jeu démocratique. C’est une opposition radicale comme je la vois venir vis-à-vis du pouvoir pour la raison que le CDP qui a subi l’insurrection populaire en 2014 cherche par tous les moyens à prendre sa revanche comme cela se voit. C’est à l’œil nu que cela se voit à travers leurs interventions, leurs tendances. Ils sont prêts à tout, je ne dirais pas cela mais ce n’est pas loin de ça pour reprendre leur revanche. Cela peut les amener à jouer le jeu d’une opposition très radicale. Je ne sais pas aussi si ça va leur rapporter de la chance de jouer le jeu d’une opposition très radicale parce que quelque part toutes ces questions sont sur le tapis. Moi je pense qu’au Burkina nous gagnerons tous à travailler dans le sens d’un apaisement des conflits politiques. Du même du langage politique pour ce que tout le monde convient d’appeler la réconciliation nationale qui veut dire qu’on apaise tous les jeux et qu’on trouve un modus vivendi pour gérer la société sans un grand heurt. C’est ce que je souhaite. Je me dis comme tout le monde s’étant inscrit dans l’idée de cette réconciliation nationale même le CDP ne devrait pas jouer à créer trop de frictions au sein de la société.

Libreinfo.net :Le CDP espère que Blaise Compaoré revienne au Burkina Faso. Le président Roch Kaboré l’a affirmé lors d’un entretien à une semaine de la campagne que dès le premier semestre il mettra tout en place pour que la réconciliation soit une réalité. Est-ce que du côté du parti au pouvoir, vous pensez à un retour de Blaise Compaoré dans le cadre de cette réconciliation ?

Clément Sawadogo :Je pense que son retour aura bien lieu puisqu’il le souhaite. C’est son pays. Je rappelle d’ailleurs qu’on ne l’avait pas chassé. Mais ce sont les conditions dans lesquelles sa chute est intervenue qui semblaient l’obliger à quitter le Burkina. Sinon il n’y a pas eu un acte de l’Etat burkinabè qui le met hors du pays. Il faut donc récréer les conditions pacifiques de sont retour. Ce qui suppose qu’on inscrive la question dans un dialogue national. Ceux qui disent qu’il rentre à priori pour même participer à ce dialogue national ne semblent pas comprendre l’enjeu de la question. Ils pensent qu’ils peuvent venir comme ça debout. Il y a des problèmes de justices. Je ne pense pas que lui-même souhaite venir se retrouver à la maison d’arrêt. Cela veut dire qu’il faut créer des conditions. Il faut que le processus vérité justice réconciliation puisse être déroulé. Qu’il se mette en marche. Dès lors qu’il est en marche il peut comporter des ouvertures pour cela. C’est donc pour cette raison que le président Roch Kaboré ne cesse de rappeler qu’il n’est pas opposé à cela. Qu’il va ouvrir ce processus mais qu’on ne peut pas occulter non plus le processus vérité justice réconciliation.

Libreinfo.net :Clément Sawadogo a pu voir la gouvernance de Roch Kaboré ces cinq dernières années. Est-ce que vous pensez qu’il y aura une rupture fondamentale avec ce que les gens ont vu pendant les cinq années passées?

Qu’est ce que vous appelez rupture?

Les gens reprochent la corruption, un certain laxisme à des niveaux donnés de l’Etat, les gens parlent également de l’insécurité, du train de vie de l’Etat.

Clément Sawadogo :Pour ce qui concerne la corruption et les questions qui ont trait aux aspects de gestion notamment le train de vie de l’Etat, il y aura des actions plus fortes. Il(Roch Kaboré) dit cela dans le programme et j’espère qu’il le fera par des actions plus fortes. Mais je le dis aussi souvent, ne soyons pas hypocrites. Si ceux même qui passent le temps à dénoncer la corruption et en parler sont ceux aussi qui ont géré le pays. Donc la stratégie de lutte contre ces fléaux comporte à la fois un aspect collectif et un aspect individuel. Sur l’aspect individuel, il faut chercher des bonnes personnes, des gens qui ne sont pas corrompus, qui ne vont pas se livrer à cœur joie à la corruption. Ces personnes ne tomberont pas du ciel, c’est nous-mêmes. Donc il y a une prise de conscience individuel et collectif de la nécessité de surpasser ces tares. Quand vous prenez le cas du laxisme, c’est pareil. Il faut que les gens se mettent au travail. Là aussi je sais que ça va démarrer à 200 à l’heure. Ça j’en suis sûr. Vous constaterez que dès que le gouvernement va être mis en place, ça va démarrer fort. Tout le système va être tiré vers le haut parce que ça sera un gouvernement de combat. Je ne doute pas de cela. Je sais que le président y tient. Il veut que ce deuxième mandat soit un mandat de sa consécration, un mandat de résultat. Vous avez parlé de l’insécurité, là les prérequis sont déjà posés. On a adopté la politique de sécurité nationale avec désormais beaucoup de mesures, de plans d’actions qui vont permettre d’aller très fort sur ce terrain et d’éradiquer définitivement ce fléau qu’est le terrorisme de notre pays. Mais en tant que phénomène qui embrase toute la sous-région, il n’est pas sûr d’éradiquer totalement même dans les grands pays en France vous avez vu que le terrorisme tape depuis 25 ans mais on n’arrive pas à l’éradiquer entièrement. On peut le réduire à la portion incongrue et c’est ce qu’il faut faire. Si c’est cela vous appelez rupture, oui il y aura rupture, il y aura accélération des mesures économiques, sociales. Ce sera un quinquennat au bonheur de notre pays.

Libreinfo.net :Dr Emile Paré a toujours critiqué le gouvernement. Pour lui, il faut un gouvernement politique. Est-ce que le gouvernement à venir sera un gouvernement purement politique? Technocrate? ou un gouvernement mixte avec la société civile ?

Clément Sawadogo :Je suis de ceux qui ne sont pas d’accord avec cette thèse d’Emile Paré. Le gouvernement est aussi le lieu de convergence de toutes les forces qui peuvent construire le pays. Le gouvernement c’est l’organe qui travaille à créer des conditions économiques et sociales pour une vie meilleure de tous les Burkinabè. En principe là où il y a un burkinabè qui peut apporter un plus, il peut avoir ça place au gouvernement. C’est-à-dire même dans un parti d’opposition, on peut même trouver un individu qui peut résoudre un dossier. On va le rappeler. Rappelez-vous en France où les débats politiques font rage ça a obligé à faire appel à des ministres socialistes pour aider dans leur gouvernement. Pourtant les partis socialistes de l’époque n’étaient pas dans la mouvance de son action politique de Nicolas Sarkozy. C’est-à-dire qu’il faut une vision plus ouverte de la question du gouvernement. A un moment donné, le gouvernement peut être politique pour des raisons qui sont un peu explicables ou il peut être un peu plus ouvert à des acteurs de la société civile ou d’autres acteurs. Sous Blaise Compaoré si vous vous souvenez quand le premier ministre Paramanga Ernest Yonli a été nommé, il a mis en place un gouvernement de protocole. Il y a tellement de façons de gérer ces questions. Gouvernement protocolaire comme on l’appelait parce que à ce moment y avait la crise Norbert Zongo. Il fallait des ouvertures pour pouvoir un peu apaiser. Moi je suis de l’idée qu’on regarde en fonction de la période que nous traversons, quelle est la meilleure formule pour bien travailler. Mais ça ne doit pas être de façon dogmatique en dire par exemple que c’est vous qui avez gagné le pouvoir donc le gouvernement doit être constitué uniquement de vos militants.  Si on fait comme cela moi je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. Mais je sais aussi que le MPP et les partis alliés comportent à leur sein beaucoup de cadres de valeurs dont beaucoup sont impatients. Ce qui est normal. C’est un débat qui sera toujours là mais j’ose croire que le président Roch Kaboré et son premier ministre trouveront la meilleure solution pour que le pays avance.

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