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Exhumation d’un corps à Loropéni : arrestation du Roi gan suivie du saccage de sept églises

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La Commune de Loropéni a été le théâtre d’une scène des plus inimaginable : l’exhumation suivie d’une seconde inhumation en un autre endroit. Cela s’est passé précisément à Obiré. La procédure judiciaire s’étant ensuite invitée dans cette affaire, le climat social dans la localité a été très dangereusement délétère au point de devoir interpeller au-delà de la Commune concernée.

Par Siébou Kansié

Les faits se sont déroulés le 9 avril 2020 dans la Commune de Loropéni relevant de la province du Poni, dans la région du Sud-Ouest. À cette date, une chrétienne protestante issue de la famille royale gan de Obiré, a tiré sa révérence.

Évidemment, la défunte a bénéficié des obsèques chrétiennes. Mais selon la tradition gan, tout prince et toute princesse, quel que soit sa religion, à son décès, doit être inhumé dans le caveau familial, aux risques d’attirer des malheurs dans la communauté.

Sur la base de cette croyance coutumière, le corps de la défunte enterrée selon le rite protestant, sera exhumé quelques temps plus tard par des jeunes gan, ayant agi sous les ordres de leur roi.  Ce qui provoqua la colère de la communauté protestante de la zone.

Suite à cette profanation de la tombe, le roi gan de Obiré et sept de ses proches, ont été arrêtés et mis à la disposition de la justice à Gaoua (chef-lieu de la région du Sud-ouest) le vendredi 17 avril 2020, par les forces de l’ordre pour profanation de tombe et violation de sépulture, selon notre confrère Bafujiinfo.com. S’en est aussitôt suivi, le saccage de deux églises protestantes par des populations très remontées contre ces arrestations. Ces actes de représailles se sont poursuivis les jours suivants. À ce jour, et selon les sources de Libreinfo.net, le nombre d’églises vandalisées est passé à sept.

Cet incident fait suite à un autre du genre, survenu en 2007. En découle, la nécessité de la relance du dialogue interreligieux dans la région du Sud-Ouest, et au Burkina Faso de façon générale.

Y a-t-il vraiment matière à polémiquer sur une dépouille ?

Le continent africain est connu pour son ancrage dans les coutumes. Chaque ethnie a sa façon particulière de faire les cérémonies funèbres. Ces différentes façons sont en général, inspirées valeurs et croyances coutumières. Du reste, chaque ethnie reste fortement attachée à des croyances souvent inexplicables, mais punitives lorsqu’on s’y dérobe.

Dans la société gan (une communauté vivant dans le Sud-ouest du Burkina Faso) par exemple, selon Koffi Farma, protocole du roi gan de Obiré, ‘’les princes ne doivent pas voir la sépulture d’un autre prince ou d’une autre princesse. La mort le frappe si jamais, il se trompe. C’est pourquoi, la dépouille de ces derniers est ramenée dans le caveau familial, pour y prendre soin afin d’éviter le désastre dans la communauté’’.

Il se trouve aussi que la pratique de la religion chrétienne, le rite funéraire diffère selon qu’on soit chrétien protestant ou catholique. Nous avons essayé de comprendre ce qui en est chez les chrétiens protestants et dans la société traditionnelle africaine.

Selon obseques-infos.com, la cérémonie funéraire protestante vise uniquement la consolation de la famille. Pour eux, il n’y a donc aucune sacralisation du corps et la cérémonie peut même se faire sans la présence de la dépouille. De leur croyance, la prière des hommes n’a pas d’impact sur le sort du défunt. À l’origine selon le site, les pasteurs ne célébraient pas les services funéraires pour éviter toute pratique superstitieuse, car la cérémonie funéraire ne s’adresse pas au défunt mais aux vivants.

Alors que dans d’autres croyances, notamment dans la société traditionnelle africaine, la cérémonie funèbre est celle qui accompagne le défunt chez les ancêtres. Que faut-il faire face à ces deux réalités ? Y a-t-il vraiment intérêt à polémiquer pour alourdir davantage la peine de la famille endeuillée ? Chacun doit mener la réflexion.

Nécessité d’aller vers une attente pour un enterrement unique

En cas d’un décès où le cadavre est réclamé par plusieurs confessions religieuses, n’est-il pas possible d’aller vers une entente, pour permettre à chacune de faire son rite funéraire, et in fine, convenir d’un enterrement unanime afin de garantir la sécurité du sépulcre ?

Nous ne pensons pas que des règles de l’église soient aussi figées au point d’être inflexibles à toute initiative tendant à créer la cohésion entre les religions. Dans tous les cas, entre l’exhumation d’un corps après un enterrement forcé et l’entente pour une inhumation unique, le choix peut-être vite fait.

Dans toute situation, si le dialogue est mis en avant, un compromis peut toujours être trouvé. Et le dialogue interreligieux doit être cultivé pour éviter ces situations inconfortables qui choquent et marquent négativement les esprits, surtout ceux des familles concernées. Car, personne ne souhaiterait voir le corps de son proche exhumé quelques heures après l’inhumation pour d’autres cérémonies suivies d’un second enterrement, comme ce fut le cas à Loropéni.

Le Ministère des droits humains et de la promotion civique (MDHPC) doit désormais, traiter avec attention ces questions afin d’éviter que des fils et filles d’une même communauté s’entredéchirent à cause de la religion. Et le cas de Loropéni doit pouvoir inspirer dans le sens de résoudre définitivement ce problème qui existe dans bien de localités du pays.

www.libreinfo.net

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