La coalition des OSC engagées pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Burkina Faso avec l’appui technique et financier de l’Organisation Néerlandaise pour le Développement –SNV dans le cadre du programme Voix pour le Changement ont organisé du 17 au 18 janvier 2019, un Forum national pour la transformation des Exploitations familiales (EF). Une rencontre qui a regroupé l’ensemble des acteurs du monde rural c’est-à-dire, l’Etat, les Partenaires techniques et financiers (PTF), les Organisations Non Gouvernementales (ONG), l’Organisation paysanne (OP) et les exploitants familiaux pour statuer sur les voies et moyens appropriés pour transformer les exploitations familiales. L’objectif est de susciter une meilleure prise en compte des préoccupations des exploitants familiaux dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques de développement promu par l’Etat. Ce qui devra permettre la vraie transformation des exploitations familiales pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Burkina Faso. L’ouverture des travaux a été faite par le Ministre de l’Agriculture et des Aménagements Hydrauliques, représentant SEM le Premier Ministre, patron de la cérémonie.
Comment peut-on accompagner les exploitants familiaux avec des moyens de production, des intrants et un encadrement de proximité pour une meilleure production qui garantira la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Burkina Faso ? Voilà une question qui a suscité la réflexion des acteurs autour des exploitations familiales afin de dégager des axes prioritaires sur lesquels le gouvernement et les PTF devront s’appuyer. Parce que 86% de la population vivent de métiers agricoles et il faut les accompagner pour qu’ils puissent produire en quantité et en qualité pour nourrir les 31 700 000 âmes que comptera le Burkina Faso d’ici à 2030 (INSD, 2015). Pour réussir ce pari, l’accent devra être mis sur la production agricole nationale, notamment les exploitations familiales. Or, ce type d’exploitation fait face au changement climatique, les difficultés d’accès aux crédits bancaires, le faible niveau de prise en compte des exploitations familiales dans les politiques agricoles et dans les interventions publiques et privées, entre autres. Le Ministre de l’agriculture, en reconnaissant la forte contribution des exploitations familiales dans le développement agricole du pays, a qualifié de ‘’pertinent’’ le plaidoyer auprès des autorités publiques. Il dira par la suite que « le gouvernement prend l’engagement d’augmenter l’accompagnement aux exploitations familiales pour espérer parvenir un jour à la sécurité alimentaire au Burkina Faso». La Directrice Pays de la SNV, l’Organisation néerlandaise de développement, Mme Jeanette de Regt, rassure que la SNV appuiera techniquement et financièrement les acteurs agricoles pour les aider à développer leurs stratégies.
A la fin des travaux, M. Bassiaka Dao, Président de la Confédération paysanne du Faso (CPF) se dit satisfait des échanges qui ont été très participatifs, intéressants, et ont abouti aux principales recommandations suivantes :
Pour l’accès des exploitants familiaux aux intrants agricoles (semences, fertilisants, pesticides, herbicides), il est recommandé que le gouvernement augmente le budget alloué à la subvention des semences améliorées diversifiées afin de couvrir l’ensemble des EF (pas seulement les ménages vulnérables) et impliquer le privé et les OSCs dans la fourniture et le suivi de la distribution des semences. Le Ministère de l’agriculture et celui des finances doivent anticiper le processus de passation de marché et la signature des conventions de sorte à respecter le calendrier cultural ; le Ministère de l’Agriculture devra responsabiliser les Conseils Régionaux d’Agriculture (CRA) pour la distribution des semences. Le même ministère et l’ensemble des acteurs doivent promouvoir la production et l’utilisation à grande échelle des engrais organiques et le gouvernement doit accélérer l’opérationnalisation du contrôle de qualité des engrais minéraux, des pesticides et des herbicides et accompagner les acteurs pour l’homologation des pesticides biologiques.
Pour l’accès des exploitants familiaux aux crédits agricoles, le gouvernement devra mettre en place un fonds de garantie spécifique à l’Agriculture ; inciter les banques à s’intéresser au secteur agricole. Les banques doivent offrir et développer/ des produits et services financiers adaptés aux besoins des Exploitations Familiales. Le ministère de l’agriculture et les faitières des organisations paysannes doivent promouvoir une meilleure organisation et un meilleur fonctionnement des Exploitations Familiales pour faciliter les financements suivant l’approche chaines de valeurs.
En ce qui concerne l’accès des exploitants familiaux aux équipements agricoles, le gouvernement doit exonérer le coût des matières d’œuvre servant à la fabrication des équipements agricoles. Le Ministère de l’Agriculture doit vulgariser le répertoire des équipementiers fabricants de matériels agricoles et promouvoir les innovations porteuses ; il devra aussi créer avec le ministère de la Recherche, un cadre permanent d’échange entre acteurs de la recherche, agents vulgarisateurs, producteurs et équipementiers pour la prise en compte des besoins spécifiques des exploitants familiaux dans les innovations technologiques et leur vulgarisation (plateformes, parcs d’innovation, etc.).
Pour l’accès au marché et commercialisation des produits des exploitations familiales, le Ministère de l’Agriculture doit renforcer les infrastructures et équipements de stockage des produits (chambres froides, magasins …). Le gouvernement doit fixer un prix plancher (prix d’achat minimum) pour les productions vivrières et imposer la fourniture des produits nationaux pour les commandes publiques (SONAGESS, CENOU, casernes, Maisons d’arrêt, cantines scolaires, brasseries) ; Il devra aussi améliorer les systèmes de conservation des produits locaux et développer l’industrie agro-alimentaire pour la transformation des produits locaux.
S’agissant de l’accès des exploitants familiaux aux foncier, le gouvernement doit vulgariser et mettre en œuvre les textes régissant le foncier notamment celle sur la loi 034 portant régime foncier rural. Le Ministère de l’Agriculture doit également améliorer la mise en œuvre de la politique de maitrise de l’eau à travers la maitrise des ressources et des aménagements hydroagricoles.
Pour la promotion de l’Agriculture durable et la transition agro écologique au Burkina Faso, le Ministère de l’Agriculture doit renforcer l’appui-conseil aux acteurs dans l’agro écologie (information/sensibilisation).
Ce sont là, entre autres, les principales recommandations issues de ces deux jours de réflexions sur les exploitations familiales au Burkina. C’est donc dire que si toutes les promesses se concrétisent avec la clémence de la dame nature, l’autosuffisance alimentaire dans les années à venir, serait une réalité au Burkina Faso, foi des acteurs. Au gouvernement de prendre donc ses responsabilités !!
Direction de la Communication de SNV