Le Conseil d’Etat français a validé, le vendredi 30 juillet 2021, l’extradition de François Compaoré, frère cadet de l’ancien président Burkinabè, Blaise Compaoré. L’intéressé est recherché par la justice Burkinabè pour son implication présumée dans l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo en 1998.
Par Frank Pougbila
Enfin ! la dernière étape de la procédure française pour éviter l’extradition de François Compaoré est franchie. Alors que le 12 juillet dernier, son avocat Me Pierre-Olivier Sur disait : « Si François Compaoré est extradé, il sera tué en cellule », la France vient de donner son feu vert pour l’extradition du frère cadet de l’ancien Président du Faso, Blaise Compaoré.
Le 30 juillet 2021, c’était le deadline pour le Conseil d’Etat français pour rendre sa décision sur l’annulation ou non du décret d’extradition de François Compaoré.
Les garanties étant données par le gouvernement du Burkina quant à la sécurité de l’inculpé et une justice équitable, les juges du Conseil d’Etat Français n’ont pas hésité de valider l’extradition.
Ses avocats menaçaient de saisir la Cour européenne des droits de l’homme si la justice française donnait son aval. Ainsi donc, la bataille judiciaire connaitra une autre tournure. Le blocage ne sera plus du côté de la France.
François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy en France en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités Burkinabè. Il est inculpé comme acteur majeur dans le dossier de l’assassinat du journaliste Burkinabè, Norbert Zongo, le 13 décembre 1998.
En visite à Ouagadougou en 2017, le Président Français Emmanuel Macron disait : « Je ne doute pas que la réponse à la demande d’extradition sera favorable ».
C’est ainsi que, le 5 décembre 2018, la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris autorise son extradition vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un « non-lieu » en faveur du seul inculpé.
Une bataille judiciaire s’engage. Sa défense fait un recours. En juin 2019, la Cour de Cassation rejette le pourvoi de Compaoré contre son extradition vers Ouagadougou.
Pour concrétiser la promesse de Macron, le 6 mars 2020, le Premier ministre français, Édouard Philippe, signe le décret d’extradition de François Compaoré.
Ce décret précise que l’extradition est accordée en raison des « assurances diplomatiques complémentaires fournies par le ministre de la Justice de la République du Burkina Faso le 16 décembre 2019 ».
La France reconnait que les accusations contre François Compaoré « n’ont pas un caractère politique et qu’il n’apparaît pas que la demande d’extradition motivée par une infraction de droit commun ait été présentée aux fins de poursuivre ou de punir l’intéressé pour des considérations de race, de religion, de nationalité ou d’opinions politiques ou que sa situation risque d’être aggravée pour l’une ou l’autre de ces raisons ».
Le frère de l’ancien Président Blaise Compaoré devra être jugé « publiquement,contradictoirement et dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et impartial ». Ce sont les conditions posées par le France.
La défense de l’accusé avait fait recours devant le Conseil d’Etat pour l’annulation de ce décret.