Le ministre burkinabè de la Justice, Rodrigue Bayala a indiqué, ce jeudi 14 septembre 2023 dans un communiqué, que le refus d’extradition de Paul François Compaoré prononcé par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) ne fait pas obstacle à la poursuite de l’instruction judiciaire du dossier.
Par Daouda Kiekieta
La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a refusé le 7 septembre 2023 d’autoriser l’extradition de Paul François Compaoré, un citoyen burkinabè frappé par un mandat d’arrêt international.
François Compaoré, frère de l’ancien président Blaise Compaoré, est poursuivi par la justice du Burkina Faso pour des faits d’incitation à assassinat du journaliste d’investigation, Norbert Zongo et de ses 3 compagnons.
Pour le gouvernement burkinabè, le rendu de cette décision par la CEDH ne fait aucunement obstacle à ce que le juge saisi puisse conduire à terme son instruction dans le cadre de la procédure judiciaire suivie au Burkina Faso contre le mis en examen, Paul François Compaoré.
« Le dossier pourra être jugé, s’il est conclu, au terme de l’instruction, à des charges suffisantes contre Monsieur Paul François COMPAORE et ses co-mis en examen » explique le ministre burkinabè de la Justice Rodrigue Bayala dans un communiqué publié ce jeudi.
Contrairement à l’arrêt de la CEDH qui relève que les assurances formulées par François n’ont pas été confirmées par le second gouvernement de transition du Burkina, le ministre de la Justice réplique que les autorités burkinabè ont toujours apporté leur « assistance toutes les fois que la France, partie prenante dans l’affaire, a cru bon de la solliciter à l’Etat burkinabè ».
« Le gouvernement Burkinabé note avec regret qu’à ce jour, aucun élément ne permet d’attester que les observations du 19 octobre 2022 visées par la CEDH lui ont été transmises en vue de recueillir sa confirmation comme souhaitée par la CEDH », ajoute le ministre Bayala.
Toutefois, le gouvernement précise qu’il n’est pas partie à cette procédure et ne peut exercer directement aucun recours contre la décision de la CEDH.
Qu’à cela ne tienne, il rassure l’opinion publique nationale et internationale que tout sera mis en œuvre afin que le dossier judiciaire relatif à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons puisse connaître une issue dans le strict respect des règles de la procédure pénale en vigueur au Burkina Faso.
Le 11 septembre 2023 à Ouagadougou, Me Prosper Farama, avocat de la famille Norbert Zongo avait invité le gouvernement à réagir sur les raisons avancées par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour refuser l’extradition de François Compaoré, principal accusé dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998.
L’avocat avait estimé que les raisons que la Cour Européenne des droits de l’homme a avancées pour décider de suspendre son extradition sont suffisamment graves vis-à-vis du Burkina Faso.