La plupart des déplacés internes, vivant à Fada N’Gourma, dans la région de l’Est du Burkina Faso sont des agriculteurs. Afin de joindre les deux bouts, ils se sont reconvertis dans le métier de maçon. Nous en avons rencontré sur un chantier de construction de salles de classe au Lycée professionnel régional Yendabli, le mercredi 9 août 2023.
Par Soanguipali Coulidiati, Correspondant à Fada N’Gourma
En cette période hivernale propice aux travaux champêtres, des déplacés internes vivant à Fada N’Gourma sont désœuvrés. Habitués à cultiver la terre qui les faisait vivre dignement, ils sont actuellement obligés de s’adonner à de petites activités de maçonnerie pour joindre les deux bouts.
C’est le cas de François T, ressortissant du village de Namoungou, dans la commune de Fada N’Gourma. Il est âgé de 28 ans. Il a quitté son village en août 2017 pour se rendre en aventure en Guinée.
A son retour et en raison de l’insécurité, il est devenu PDI à Fada N’Gourma. La situation étant devenue difficile, il a choisi de faire de la maçonnerie pour joindre les deux bouts. « J’ai décidé de faire la maçonnerie aux côtés de mon grand-frère (…) la rémunération est régulière même si elle ne suffit pas pour faire face aux dépenses vitales ». Il dit être payé à 2000 FCFA par jour.
Quant à Yemboido B, il est ouvrier sur le même chantier de construction de salles de classes au lycée professionnel régional de Yendabli. Marié et père de 5 enfants, il a opté de faire la maçonnerie: « Je fais cette activité par défaut », nous a-t-il fait comprendre.
Dans son village à Namoungou, Yemboido B dit qu’il cultivait la terre. « Je produisais sur une superficie de six hectares et pouvait gagner 5 sacs de sésame et 12 sacs de mil ». Ce qui lui permettait de mieux vivre que ce qu’il gagne actuellement de la maçonnerie.
Même sentiment chez Boama T. qui fait de la maçonnerie de circonstance. Il explique que l’activité agricole seule peut lui permettre de gagner sa vie.
Quand la situation était normale la production pouvait lui rapporter 22 sacs de céréales et de légumes. « Si la situation sécuritaire se normalise dès ce soir, je regagne le village et fait un champ de haricot », explique Boama qui affirme par ailleurs que l’argent que la maçonnerie lui rapporte suffit à peine à payer le loyer et à couvrir les autres besoins.
La maçonnerie, c’est aussi le choix que Yaldjoa O. a fait pour sa survie. Lui qui rêvait pourtant de faire de longues études. « Il y a des avantages dans ce métier au moment où il y a des travaux. Je gagne 2000 FCFA par jour et c’est avec cette rémunération que je fais face aux dépenses y compris le loyer qui s’élève à 4500 FCFA le mois ».
Au lieu de ne rien faire, ces déplacés internes ont trouvé une solution alternative: la maçonnerie.